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Nikon D4, la saga continue

Materiel
06/01/2012 | LAURENT KATZ

Des D400, D800 et D4 attendus avec impatience, c’est ce dernier qui arrive le premier, avant même l’EOS-1D X de Canon qu’il vient concurrencer sur le marché des reflex professionnels plein format.

Nikon D800NIKON DÉVOILE LE D800 AVEC UNE DEFINITION DE 36 MPXL
- On se languissait dans l’attente du successeur du D700 annoncé à l’été 2008. On en a deux, mais pas pour le prix d’un hélas, puisque selon la version, D800 ou D800E, le capteur de 36 Mpxl sera recouvert ou pas d’un filtre passe-bas. Lire l’article.

Le boîtier

Petit à petit, le Japon et la Thaïlande se remettent des catastrophes de l’an dernier. Nikon a été l’une des marques les plus touchées, ayant dû reporter au moins un lancement de reflex de 2 011 à 2 012. Le D4, qui remplace le vénérable D3s, a été développé avec certaines priorités. La vidéo d’abord, car la Full HD n’était pas encore l’apanage des modèles pros de la marque. C’est maintenant chose faite, et de belle manière. La connectique ensuite, qui s’avère des plus riches, incluant une prise casque. Nikon, dans sa déclaration d’intention concernant les axes ayant présidé au développement, met en avant un autofocus qualifié de « meilleur du marché ». On notera avec un brin de perfidie que le concurrent chez Canon n’est pas encore sorti ! Elle insiste aussi sur une technique de mesure de la lumière revendiquée comme étant la plus précise qui soit et la volonté d’assurer un flux de production le plus rapide et souple possible. Avec pour cible les agences de presse, les photographes de sport (et pas forcément sportifs !) et les prises de vue extrêmes.

Un descriptif express dévoile ligne après ligne :

JPEG - 35.1 ko
  • un capteur Cmos de 16 Mpxl,
  • un processeur Expeed 3,
  • la nouvelle mesure matricielle 3D III avec un capteur dédié de 91 kpts,
  • un capteur AF multi-CAM 3500 FX à 51 collimateurs,
  • une plage de sensibilités montant à 204 800 Iso,
  • la vidéo Full HD,
  • un LCD de 3,2 pouces
  • des rafales à 10 im/s (11 im/s sans suivi AF),
  • une fabrication tropicalisée et ergonomique
  • un obturateur de course donné pour 400 000 cycles,
  • une sortie HDMI délivrant un signal vidéo brut non compressé,
  • une prise casque,
  • des prises transmetteur Wi-fi et RJ45,
  • l’usage de la nouvelle carte XQD en complément de la CompactFlash.

Voilà qui ressemble à un menu de réveillon, à la fois festif et roboratif. Que l’on va détailler plat après plat. Si Nikon insiste sur un flux de production optimisé, ce n’est pas sans raison, elle s’adresse aux professionnels. Elle met en avant la faculté d’ajouter des données IPTC dès la prise de vue. Définies lors de la configuration de l’appareil ou mieux, sur l’ordinateur (IPTC Preset), puis injectées par carte mémoire interposée. Elle a doublé le port Ethernet RJ45 par une prise Wlan dédiée au nouvel adaptateur Wi-Fi WT-5 pour maximiser les options de transfert sur le terrain, exploiter en temps réel les images et les diffuser rapidement. Elle a survitaminé le boîtier, avec un obturateur de course, une mémoire tampon importante et l’usage de la nouvelle carte XQD, pour atteindre indique-t-elle des rafales d’une longueur de 200 Jpeg ou d’une centaine de Raw.

Boîtier pro oblige, la fabrication est réalisée en magnésium, chambre incluse. Le grip d’alimentation intégré offre un doublement des commandes – incluant le nouveau joystick de pilotage des collimateurs de l’autofocus -, pour que la tenue verticale soit aussi ergonomique que l’usage en mode Paysage. On retrouve la disposition des commandes chère à Nikon, avec le fameux trèfle (flash, bracketing et mesure d’exposition ) qui surmonte la couronne des cadences (vue par vue, rafale, mode silencieux, retardateur). Plus deux LCD de contrôle. Au dos, les touches sont rétroéclairées (une fonction qu’Olympus avait inaugurée avec le reflex E-620). L’afficheur LCD principal, non orientable, est marginalement plus grand qu’à l’accoutumée, avec 3,2 pouces. Son gamut s’est élargi et son immunité aux réflexions provient du remplacement de la lame d’air séparant le LCD du verre protecteur par de la résine.

La visée à 100% s’appuie sur un pentaprisme et un nouveau verre de visée, le BriteView Clear Matte Mark VIII, plus fin pour le contrôle de la mise au point. Elle offre des recadrages aux formats 1,2x (30 x 20 mm), DX (24 x 16 mm) et 5:4 (30 x 24 m). Curieusement, le format 1 :1 est absent. Le quadrillage est facultatif et l’horizon virtuel emploie les collimateurs AF pour l’axe horizontal, et l’échelle du correcteur pour l’axe vertical.

Les composants essentiels
Dans l’ordre d’apparition :
1. Le capteur nu.
2. Le capteur coiffé du filtre passe-bas et du système de dépoussiérage.
3. Le capteur RGB.
4. Le capteur AF Multi-CAM 3500FX.
5. La carte-mère avec le processeur Expeed 3.
6. L’obturateur.

Le capteur Cmos de plus de 16 Mpxl a été conçu par Nikon. Il est plus économe en énergie et c’est tant mieux, car la capacité de l’accu est passée à 2 000 mAh, comparés au 2 500 mAh du D3s. En raison d’une contrainte réglementaire édictée par le Cipa (Camera & Imaging Products Association) sur les batteries Li-Ion, fondée sur les (rares) risques d’explosion. Nikon, qui a pourtant fortement communiqué par le passé sur ses technologies, notamment à la sortie des D3 et D300, quand il fallait monter qu’il n’y avait pas que Canon qui savait innover, n’en dit pas beaucoup sur cet imageur. Et les rares schémas que l’on a pu avoir sur d’autres composants ne sont pas publiables. Un changement de stratégie de communication qui a été inauguré avec les hybrides Nikon 1, dont on ne sait pas grand-chose sur l’AF mêlant détection de contraste et de phase.

L’armature informatique du D4 s’appuie sur l’Expeed 3 qui désigne à la fois le processeur de traitement et l’électronique embarquée. Elle travaille sur 16 bits, dispose d’une imposante mémoire tampon interne et gère tout : le D-Lighting, la nouvelle fonction HDR fusionnant deux photos, la réduction du bruit, le système de reconnaissance de scène, l’autofocus, les traitements vidéos. La reconnaissance de scène n’a rien à voir avec le mode d’exposition automatique évolué des compacts. Elle concerne l’analyse de l’image, à partir du nouveau capteur RVB de 91 000 zones qui permet au D4 de localiser le sujet, avec plus de finesse que le D3s, et de le suivre dans ses mouvements. Elle évalue aussi l’exposition et la balance des blancs, cette dernière bénéficiant d’un nouveau mode évitant la neutralisation trop poussée des teintes chaudes. Ce capteur dédié permet, en raison de sa définition élevée (1 005 zones seulement sur le D3s), la détection de visage en visée optique (une première !) et fournit des données au système autofocus, pour l’aider à choisir le bon collimateur, modifier le point selon les mouvements.

L’autofocus utilise toujours le module Multi-CAM 3500 FX, qui a évolué en termes d’acquisition en basse lumière (-2 Il). Même si Nikon indique avoir optimisé les options de l’AF dans le menu, il en reste quand même beaucoup, l’une d’entre elles gérant (comme chez Canon), la bascule du collimateur choisi selon l’orientation de l’appareil (la zone d’AF restera par exemple toujours à gauche).

-> Les cinquante et un collimateurs proposés par le module AF Multi-CAM 3500 FX, dont quinze en croix dans la partie centrale pour une meilleure discrimination des lignes verticales et horizontales.
-> Les quinze collimateurs pouvant travailler sur la plage f/5,6 - f/8.
-> Les onze collimateurs compatibles avec une ouverture maximale de f/8, par exemple celle du puissant télé AF-S 600mm f/4 associé au doubleur TC-E20 III.

La vidéo a fait un bond fonctionnel spectaculaire, avec la Full HD à toutes les cadences attendues (24, 25 et 30 im/s), avec un autofocus permanent. Les prises micro et casque, l’affichage de vumètres pendant le filmage, la faculté d’ajuster l’ouverture en temps réel par 1/8 d’IL (mode Power Aperture), tout cela montre combien Nikon a dû été chagrinée d’entendre parler de l’EOS 5D Mark II chaque fois que l’on faisait état de l’usage d’un reflex en vidéo professionnelle ! Mieux, le D4 alimente la sortie HDMI par un signal vidéo direct, en 4:2:2 (deux fois plus d’échantillons numériques pour la luminance que pour la chrominance), facilement transformable en ProRes (standard vidéo 4:2:2 non compressé, développé par Apple). Cela sans limite de durée, permettant l’enregistrement sur un matériel externe. Si le stockage passe par la carte mémoire, la durée est alors limitée à 29’59’’ par séquence, pour éviter la taxe européenne d’importation appliquée aux matériels sans limitation de durée d’enregistrement.

Des options de recadrage sont proposées : FX, DX et 2,7x, cette dernière n’employant que 1 920 x 1 080 pixels centraux du capteur. Nikon indique avoir travaillé sur l’aspect qualitatif, notamment au niveau de l’indésirable rolling shutter. De plus, le logiciel Camera Control Pro, dans sa version deux, est compatible avec la capture vidéo.


Le nouveau contrôleur Wi-Fi. Le WT-5 montre, par sa petite taille, que dans une génération ou deux, cet appendice ne sera qu’un souvenir et pourra être intégré au reflex. On n’en est pas loin vu qu’une fois supprimé le connecteur, le bouton de blocage et la coque en plastique, le circuit et son antenne ne doivent pas occuper une place bien grande.

Aujourd’hui, il se branche sur une prise spéciale, qui laisse le port Ethernet libre. Alimenté par le reflex, adhérant à la norme 802.11n, il offre de nombreux modes de connexion. Par exemple vers un smartphone grâce au protocole HTTP, pour un pilotage distant de l’appareil, permettant même le choix de la zone de mise au point sur l’écran tactile. Le mode de configuration WPS (Wi-Fi Protected Setup) est disponible, pour une reconnaissance sécurisée par le routeur (enfin, presque puisque récemment, certains hackers ont pu en plusieurs heures déjouer cette sécurité).

Le transfert des photos passe par un serveur FTP, par un PC avec pilotage depuis Camera Control Pro 2 ou par le mode HTTP, pour un contrôle distant du D4. Le WT-5 offre aussi un fonctionnement de type maître/esclave pour commander dix boîtiers.

À l’issue de cette présentation, on ne peut que penser à la confrontation avec le prochain EOS-1D X. Les deux modèles sont le reflet des préoccupations des professionnels pour photographier vite et bien dans les conditions les plus diverses, et transmettre les photos au plus rapidement possible. Un point où ils sont attendus au tournant est celui de l’autofocus. Les deux approches sont bien différentes. Alors que Canon propose des profils d’autofocus paramétrables, selon les types de mouvements effectués par le sujet (vitesse, accélération/décélération, changement de direction, régularité…), pour que le photographe dise à son reflex comment travailler, Nikon propose une autre philosophie. Elle repose sur la confiance en sa technologie, qui saurait en toute circonstance identifier le sujet et opérer son suivi AF, avec bien sûr quelques ajustements sur le fonctionnement de l’AF dans le menu. L’épreuve du terrain, après des mois d’usage, permettra de valider le bien-fondé de ces évolutions. Et il y a aussi l’épreuve du prix, puisque le D4 sera vendu 5 799 € le 16 février.

- Présentation officielle du D4
- Le site de Nikon

PDF - 1.2 Mo



Cliquez sur l’icône ci-contre, pour télécharger la brochure officielle du Nikon D4 (PDF en français)

Fiche technique

Nikon D4 (5 799 €)

  • Capteur : Cmos 36 x 23,9 mm, 16,2 Mpxl
  • Format : 3/2
  • Protection du boîtier : Tropicalisé
  • Stabilisateur : -
  • Antipoussière : Oui
  • LiveView : Oui
  • Définitions maximales : [FX] 4 928 × 3 280 [DX] 3 200 × 2 128 [16/9] 4 928 × 2 768
  • Vidéo : 1080p (24, 25, 30 im/s, H.264)
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    Le double lecteur de cartes (XQD et CF) et, en haut à gauche, le nouveau joystick pour piloter les collimateurs AF.
  • Sensibilités : Auto, 100 - 12 800 Iso (extensions à 50, 25 600, 51 200, 102 400 et 204 800 Iso)
  • Bracketing sensibilité : Oui
  • Formats de fichiers : Jpeg, Raw, Raw + Jpeg, Tiff, Mov
  • Espace de couleurs : AdobeRVB, sRVB
  • Monture : Nikkor AF
  • Coefficient multiplicateur : 1x
  • Mise au point auto. : Détection de phase en visée reflex ; détection de contraste en visée LCD
  • Zones de mise au point : 51 (15 en croix) ; sélection auto sur 51 ou 11 points
  • Illuminateur AF : oui
  • Mise au point : Automatique au déclenchement ou continue, AF dynamique sur 9, 21 ou 51 zones, suivi 3D, détection de visage
  • Mode d’exposition : Programmé avec décalage, priorité vitesse, priorité diaphragme, manuel
  • Mesure de l’exposition : TTL
  • Plage d’exposition : -1 à + 20 IL (2-20 IL en ponctuel)
  • Type de mesure : Matricielle 3D III sur 91 k zones, pondérée centrale (75 % sur cercle de 12 mm), moyenne, ponctuelle (1,5 %), sur collimateur actif
  • Histogramme : Prise de vue et consultation (global et RVB)
  • Compensation d’exposition : +/-5 IL par 0,3 ou 0,5 ou 1 IL
  • Bracketing d’exposition : 2 à 9 vues (+/-3 IL par 0,3 ou 0,5 ou 0,66 ou 1 IL)
  • Vitesse : 1/8 000 à 30 s
  • Vitesse de synchro X : 1/250 s
  • Rafales : 10 im/s avec suivi AF (200 Jpeg ou 105 Raw sur carte XQD), 11 im/sans suivi
    JPEG - 26 ko
    Tous les connecteurs sont regroupés sur le côté gauche, protégés par des opercules caoutchoutés.
  • Retardateur : 2, 5, 10 ou 20 s
  • Balance des blancs : Auto, préréglée (12), mesurée (4), 2 500 à 10 000 K, ajustement fin
  • Bracketing balance des blancs  : 2 à 9 vues
  • Réglages divers : Picture Control : couleur, contraste, luminosité, accentuation, teinte
  • Prise flash : Griffe, prise synchro X
  • Contrôle du flash : iTTL
  • Flash intégré : -
  • Visée : Reflex optique par pentaprisme (100 %), grossissement 0,7x, dégagement oculaire 18 mm
  • Moniteur : LCD 3,2 pouces, 920 kpts
  • Écran LCD de contrôle : 2
  • Modes d’affichage : Zoom, index (4, 9 et 72 vues), indicateur surexposition, diaporama
  • Stockage : CompactFlash (jusqu’à UDMA 7) et XQD
  • Interfaces : Hi-speed USB, mini HDMI, micro stéréo, casque, port Wi-Fi, accessoire (télécommande, GPS...) flash, Ethernet RJ-45
  • Configurations utilisateur : NC
  • Touches personnalisables : NC
  • Divers : Bracketing au flash, surimpression
  • Télécommande : Opt.
  • Logiciels : Nikon ViewNX
  • Accessoires fournis : Accus et chargeur, bandoulière, 1 câble USB, 1 câble audio/vidéo, 1 protège moniteur
  • Alimentation : Un accu Li-Ion 11,1 V/2 000 mAh
  • Dimensions : 160 x 156,5 x 90,5 mm
  • Poids : 1 340 g (avec XQD et accu)

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