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Nikon D750 : le chaînon manquant

Materiel
12/09/2014 | Franck Mée

Près de la moitié des acheteurs de D700 ne sont jamais passés au D800/D810. C’est fort de ce constat que Nikon présente le D750, un appareil plus costaud que le D610 et moins contraignant que le D810, qui apporte en plus quelques fonctions attendues.

Présentation

En 2008 naissait le Nikon D700, le premier reflex 24 x 36 mm « abordable » (2 800 € au lancement) de la marque jaune, chargé de répondre au Canon EOS 5D et d’anticiper l’arrivée de l’EOS 5D Mk II. Extrêmement proche du reflex professionnel D3, il héritait notamment de ses qualités en basse lumière, inégalées à l’époque. L’arrivée du D800 et de ses 36 Mpxl a marqué une révolution culturelle, Nikon imposant sur ce segment une définition qui n’intéresse qu’une partie marginale de la population et renonçant à ce qui était l’argument-phare du D700 : son capteur ultra-sensible. Le résultat, c’est un taux de renouvellement inhabituellement faible : les acheteurs de D800 étaient surtout de nouveaux arrivants et, six ans après son lancement, un possesseur de D700 sur deux n’a toujours pas changé son boîtier.

Nikon compte donc répondre à cette attente en insérant un nouvel appareil dans le trou de souris qui sépare le D610 du D810. L’idée générale : garder l’essentiel du D810 dans un boîtier plus compact et conserver une définition raisonnable pour proposer un meilleur compromis en haute sensibilité – mais sans pour autant risquer d’attaquer le D4s. Un exercice d’équilibriste donc…

Construction : D810 compact

Ceux qui ont comparé le Canon EOS 6D et le Nikon D610 auront été frappés par une chose : la poignée moins creusée du boîtier jaune, qui oblige à maintenir une certaine tension dans les doigts pour bien le maintenir alors que son adversaire rouge tient naturellement sur les dernières phalanges. C’est donc la première excellente nouvelle du D750 : l’épaisseur du boîtier a été réduite, permettant de proposer une poignée beaucoup plus accrocheuse et améliorant spectaculairement la préhension.

Pour le reste, le D750 est étonnamment compact, dense et bien construit : le toucher est rassurant. Il faut cependant regarder les schémas de châssis pour prendre la mesure des nouveautés : intégralement jointoyé à l’instar du D810, il propose surtout une coque avant en fibre de carbone, nouveauté plutôt inattendue – il était évident que ce matériau arriverait un jour en photo mais, vu son prix, nous l’attendions plutôt sur un D5 !

Cela permet d’augmenter la rigidité de la face avant, qui supporte désormais l’ensemble de la cage reflex, du capteur et de son support : pour gagner en volume, la carte-mère est échancrée et placée autour du capteur, une conception similaire à celle du Panasonic GM1 qui réduit le lien entre face arrière et support du capteur.

Ergonomie : D610 et écran orientable

Petite surprise, la répartition des commandes est extrêmement proche de celle du D610 : les modes de prise de vue sont sur une molette (comportant une position Scène), les réglages de balance des blancs et de sensibilité sont en doublon sur les commandes à gauche de l’écran au lieu d’avoir leurs accès dédiés, bref, l’ajout de la touche i et le déplacement du bouton Info sont les principales différences. Les habitués du D700, avec sa touche Mode, ses accès dédiés supplémentaires ou même l’obturateur du viseur pour les poses longues, pourraient y voir un vrai frein à l’achat…

Cela n’empêche pas le D750 d’apporter quelques avantages notables face à son petit frère : d’abord, il adopte un écran orientable, vers le haut et vers le bas. S’il n’est pas tactile, il est tout de même bienvenu pour cadrer à hauteur de poitrine, en macro, par dessus un obstacle, ou tout simplement pour limiter les reflets lorsque le LiveView est obligatoire, comme en vidéo.

Ensuite, c’est le premier reflex Nikon équipé d’une connexion WiFi intégrée. Il aura donc fallu deux ans et quatre appareils pour répondre à cet avantage certain de l’EOS 6D (sans parler de la totalité des compacts à objectifs interchangeables), la connexion sans fil permettant bien sûr de transférer des images mais surtout d’utiliser un smartphone comme télécommande, avec prévisualisation de l’image et possibilités de réglages à distance.

Technique : le bon mélange

Les entrailles du D750 sont logiquement le domaine où il est attendu. Le D700 reprenait fidèlement la configuration du D3, ce qui lui avait valu son succès ; il n’était pas question de reprendre celle du D4s, au risque de mettre en question l’intérêt de celui-ci. Le D750 ne reçoit donc pas l’exclusif et ultra-sensible capteur de 16 Mpxl (ceux qui le veulent à tout prix peuvent acheter le Df, avec son autofocus, sa mesure d’exposition et son obturateur plus limités), mais un assez ordinaire Cmos de 24 Mpxl, utilisable de 100 à 12 800 Iso avec des extensions optionnelles jusqu’à 50 et 51 200 Iso – soit un niveau de moins que le Canon EOS 6D.

Pour le reste, il reprend, voire améliore, les systèmes du D810 : la cellule RGB à 91 000 points est bien là, de même que l’autofocus à 51collimateurs, dont 15 croisés. Celui-ci passe à la version 3500 II (rappelons que le 3500 datait de 2007), avec pour principale nouveauté une sensibilité accrue : il doit désormais accrocher jusqu’à -3 IL. On retrouve donc les spécificités du D810, comme la mesure pondérée hautes lumières, la sélection de groupes de points d’autofocus, etc.

Le mécanisme de l’obturateur est entièrement revu (le moteur a carrément changé de côté pour mieux occuper le volume réduit de l’appareil !). Il est plus rapide que sur le D810 : il atteint 6,5 im/s. Le D750 est ainsi l’appareil le plus rapide en rafale de la gamme actuelle, hormis le D4s ; il n’atteint cependant pas la cadence du D700 « boosté » par la batterie EN-EL4a et sa poignée optionnelle, qui pointait à 8 im/s. En outre, les amateurs de haute vitesse seront affligés de voir que la vitesse d’obturation maximale plafonne au 1/4 000 s, alors que le D700 pointait au 1/8 000 s…

Enfin, peu de surprises côté vidéo, avec un enregistrement en 1080p à 60 images par seconde au maximum. La prise de son intégrée en stéréo et le réglage des micros sur deux fréquences sont bienvenues, de même que la sortie HDMI 4:2:2 et l’enregistrement à 42 Mbps, mais l’absence de focus peaking reste frustrante. Bonne nouvelle tout de même, les réglages vidéo ont désormais leur propre onglet dans les menus, ce qui devrait simplifier la vie de ceux qui filment.

Lancé à 2 199 € dès le 23 septembre, le D750 devrait être une bonne affaire pour les photographes cherchant un 24 x 36 mm un peu sportif sans devoir s’offrir un D4s.

Détails

Le capteur n’est pas le 16 Mpxl des D4 et Df, mais un 24 Mpxl étroitement dérivé du D610. C’est peut-être le principal élément vaguement décevant, alors que le D700 reprenait l’électronique du D3.
Nouveauté intéressante : la face avant n’est plus en magnésium, comme le reste du châssis, mais en fibre de carbone. Plus coûteux, ce matériau offre une meilleure rigidité à poids égal, le rôle structurel de la face avant étant accru.
Surprise ! Il y a une molette des modes, comme sur le D610. Les habitués à la touche unique des D700, D800 et supérieurs pourront le regretter.
Les deux ports de cartes mémoire sont enfin au même format. Plus besoin de se promener avec deux types de cartes différents (CF et SD pour les D800, CF et XQD pour les D4) : ici, seules les SD vous seront utiles.
La connectique est classique : si nous apprécions la prise casque pour contrôler l’enregistrement, l’USB reste en version 2 et il manque une prise synchro-X pour les éclairages de studio.
La compacité de l’appareil n’a heureusement pas poussé Nikon à supprimer le flash (au contraire du Df par exemple) : il est toujours là, bien pratique pour déboucher un contre-jour ou commander des flashs distants.
La nouvelle poignée optionnelle comporte un joystick de sélection du point d’autofocus. En revanche, elle n’accueille que des piles ou une deuxième batterie EN-EL15 : contrairement aux D300, D700 et série D800, il n’est pas possible d’utiliser les batteries des appareils professionnels pour améliorer les performances.
L’application WiFi pour smartphone reste moins complète que celle accompagnant certains compacts à objectifs interchangeables (elle est assez chiche en réglages), mais ne boudons pas notre plaisir : le D750 est le premier reflex Nikon que l’on peut commander à distance sans acheter d’accessoire supplémentaire.

Premier avis

Sur le papier, le D750 est un bon compromis : plus sportif, moins exigeant et nettement moins cher que le D810, plus homogène que le Df, mieux construit et techniquement supérieur au D610, plus compact que tous, il ne manque pas de qualités et s’offre deux grandes premières avec l’écran orientable et le WiFi intégré.

Ce n’est peut-être pas l’héritier du D700 que certains attendaient : l’ergonomie est héritée des produits grand public, l’obturateur reste au 1/4 000 s, il ne peut pas recevoir la batterie des produits professionnels… Mais c’est un beau grand frère du D610, une réponse aux critiques concernant la définition excessive des D800 et une belle configuration pour les amateurs de sport qui n’ont pas 6 000 € à mettre dans un D4s. Dans la désormais très large gamme 24x36 mm de la marque jaune, c’est peut-être le compromis le plus tentant du moment.

Fiche technique

  • Capteur : Cmos 24 x 36 mm, 24 Mpxl
  • Protection du boîtier : Tropicalisé
  • Stabilisateur : -
  • Vidéo : 1080p (24, 25, 30, 50 ou 60 im/s, H.264)
  • Son : Micro stéréo intégré ou entrée stéréo
  • Sensibilité : Auto, 10 - 12 800 Iso (extension de 50 à 51 200 Iso)
  • Formats de fichiers : Jpeg, Raw (NEF), Raw S (9 Mpxl), Raw + Jpeg, Mov
  • Monture : Nikkor F avec moteur et couplage AI
  • Autofocus : Détection de phase sur 51 points (15 en croix, 11 f/8) ; suivi 3D, zone dynamique 9, 21 ou 51 points, zone groupée
  • Modes d’exposition : Auto, sans flash, PASM, scènes
  • Type de mesure : Matricielle sur 91 000 points RVB, matricielle avec préservation des hautes lumières, pondérée centrale ou spot
  • Vitesse : 1/4 000 à 30 s, pose B, synchro X 1/200 s
  • Rafales : 6,5 im/s, 3 im/s en mode discret
  • Flash intégré : NG 12 à 100 Iso, contrôleur iTTL de flashs distants
  • Flash externe : Griffe Iso avec pilotage TTL Nikon
  • Viseur : Reflex 100 %, 0,7x
  • Moniteur : LCD 3,2 pouces, 1 229 kpts
  • Modes d’affichage : Zoom, index (4, 9 et 72 vues), indicateur surexposition
  • Wi-Fi : Transfert de fichiers, contrôle à distance
  • GPS : -
  • Stockage : 2 SD-SDXC
  • Interfaces : USB 2, HDMI, entrée audio, casque, télécommande
  • Alimentation : Li-Ion EN-EL15, 7 V, 1 900 mAh
  • Dimensions/poids : 140,5 x 113 x 78 mm / 840 g (avec SD et accu)

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