Six ans après la sortie du D750, Nikon dévoile son successeur… qui reprend plusieurs caractéristiques du Z6, dans le corps d’un reflex.
Alors que le développement du D6 a été annoncé il y a quelques mois, nous attendions son officialisation, à l’occasion de l’ouverture du CES (Consumer Electronics Show). De la même manière que le D5 il y a quatre ans. Surprise, c’est le successeur du D750 qui s’invite à Las Vegas. Un reflex dont la sortie remonte à la Photokina 2014. Le D780 reprend de nombreux composants du Z6, tout en conservant une ergonomie proche par rapport à son aîné.
La définition n’évolue pas. Le capteur Cmos plein format de 24 Mpxl est de type rétroéclairé : il s’agit de celui embarqué dans le Z6. La plage de sensibilité Iso s’étend par défaut de 100 à 51 200 Iso. Elle peut être agrandie vers 50 et 204 800 Iso.
Pas de stabilisation interne, contrairement aux Z6 et Z7. Il faudra s’appuyer sur les optiques Nikkor VR en monture Nikon F pour en bénéficier. La mesure de la lumière repose sur un capteur RVB de 180 000 pixels (définition doublée par rapport au D750).
En visée reflex, le système autofocus n’évolue pas. On retrouve les 51 points à l’œuvre dans le D750, alors que nous aurions pu penser que les 153 collimateurs du D850 seraient repris. Et qu’un joystick, absent sur le D750, figurerait au dos. Ce n’est hélas pas le cas. Il bénéficie toutefois des algorithmes de l’AF du D5. Et un menu dédié permettra de paramétrer finement l’autofocus. Le collimateur central est sensible à -3 IL en visée reflex ; et -5 IL, voire -7 IL via un mode dédié, en LiveView.
Toujours en LiveView, le système à détection de phase sur le capteur du Z6, reposant sur 273 collimateurs, est disponible, avec à la clé la fonction Eye AF, active en photo comme en vidéo.
Le fossé est logique, par rapport au D750, dans le domaine de la vidéo. Avec l’adoption du processeur Expeed 6, il sera désormais possible de filmer en 4K UHD sans recadrage, à 25 im/s, avec un enregistrement en 4:2:2 10 bits via un enregistreur externe raccordé en HDMI. Comme sur le Z6.
Par contre, pas de format Raw vidéo, en tout cas pour l’instant. Un profil Log figure dans les menus, tout comme un mode HDR et le time-lapse dédié. Des prises micro et casque sont toujours au programme.
Le D780 ne rivalisera pas avec le Z6 autour des terrains de sport… en visée reflex. Alors que le modèle sans miroir atteint 12 im/s, le D780 plafonne à 7 im/s, selon Nikon, ce qui est un peu plus que le D750 (6,5 im/s). Il sera possible de photographier à 12 im/s en visant par l’écran arrière. Pas de XQD. Le stockage des données passe par deux cartes SD (compatibles UHS-II). Sur le dessus, malgré une touche à l’effigie du flash, on note la disparition du flash interne, pourtant bien utile sur le D750 pour déboucher un contre-jour ou piloter un modèle externe sans fil.
La construction du D780 repose sur de nombreux joints d’étanchéité. L’obturateur atteint 1/8000s (il était limité à 1/4000s sur le D750). Il est donné pour 150 000 cycles. Le viseur optique demeure inchangé. Il couvre 100 % du champ, avec un grossissement 0,7x.
Pas d’œilleton circulaire, que l’on trouve sur les D500/D850. La définition de l’écran LCD de 3,2 pouces, toujours inclinable et désormais tactile, atteint 2,36 millions de pixels.
On retrouve l’accu EN-EL15, qui alimente les Z6/Z7 ainsi que les D750, D500 et D850, entre autres, pour faire fonctionner le D780. C’est même la plus récente version EN-EL15b, qui figure dans la boîte : elle peut être rechargée en USB. L’autonomie annoncée par Nikon est de 2260 vues. Il sera en outre possible d’échanger ses fichiers via Snapbridge en WiFi ou en Bluetooth.
Le tarif annoncé est de 2 499 €, pour une disponibilité prévue le 23 janvier. À sa sortie, le D750 était proposé à 2 199 €.
Nous pensions que Nikon concentrerait principalement ses efforts sur la monture Z, en ce qui concerne le segment expert. L’arrivée du D780 constitue ainsi une surprise, mais découle d’une certaine logique. Alors que la gamme optique en monture Z poursuit son expansion, il existe encore une clientèle pour les reflex et la monture F. Le D750 est un excellent reflex, dont nous avions loué la polyvalence, lors de nos tests. En même temps que nous pointions une construction et des performances en retrait par rapport au D700.
Ce D780 conserve une ergonomie très proche par rapport à son aîné. Trop proche, car nous aurions préféré un œilleton circulaire, plus fiable, ainsi qu’un joystick, pour piloter les collimateurs AF. Le poids n’augmente pas (840 g avec accu et SD) ce qui est un bon point. Et l’accu demeure inchangé. Ce sera donc l’occasion, pour les possesseurs du D750 qui ne peuvent s’offrir un D850, mais qui souhaitent accéder à des performances améliorées, notamment en LiveView et en vidéo, qui devraient être similaires à ce qu’offre le Z6. Pour ceux qui ne jurent que par la visée reflex, le D750, qui demeure au catalogue, offre encore de belles garanties.
Dans un contexte morose, ce D780 pourrait permettre à Nikon de glaner quelques parts de marché sur le plein format d’entrée de gamme, remplaçant aussi la série D600. Il faudrait toutefois que la marque revoie le tarif à la baisse, comme elle l’a fait pour le Z6. Car à 2 500 €, la concurrence est très rude, face aux Lumix S1, Sony A7 III, Canon EOS 6D Mark II… et Nikon Z6 ! Sur le créneau supérieur, on attend désormais l’avènement du D6, en cours de développement. Avec l’arrivée de ce reflex, on peut aussi espérer voir arriver un successeur au D850 un jour…