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Nikon D800 : premiers tests du mode vidéo sur le terrain

Materiel
02/04/2012 | Benjamin Favier

La semaine passée, Nikon organisait un événement autour du mode vidéo du D800 à New York, pendant deux jours. MDLP y était ! L’occasion d’en savoir un peu plus sur le potentiel du reflex plein format de 36 Mpxl dans ce domaine…

Prise en main

« La vidéo s’inscrit au cœur du développement des futurs produits de la marque », déclare le président de Nikon Europe, en préambule de la conférence de presse donnée à New York, devant une cinquantaine de journalistes et vidéastes venus des quatre coins du globe. Nikon affiche ses ambitions avec les D4 et D800. Plus question de laisser la voie libre à Canon sur le front de la vidéo professionnelle. Devant le succès du 5D Mark II, la marque a doté ses deux reflex plein format d’un mode vidéo séduisant sur le papier. Quand le D700 en était privé. Et que celui intégré au D3s n’était guère attrayant. À l’occasion d’un événement organisé par la marque pendant deux jours dans la Grande Pomme, nous avons pu en savoir un peu plus sur les capacités du D800 en matière de tournage.

Clip

On se souvient du clip Reverie, signé Vincent Laforet, pour promouvoir le mode vidéo du Canon EOS 5D Mark II. Tout le monde s’est alors extasié des capacités du boîtier en basse lumière, avec de superbes flous à la clé. Pour accompagner la sortie du D800, Nikon a fait appel au réalisateur américain Sandro Miller. Ce dernier était présent pour répondre à nos questions sur Joy Ride, court-métrage tourné à Chicago en deux jours.

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Cherchez le D800… Le boîtier est intégré dans un impressionnant rig conçu par Redrock Micro pour le cinéma. On voit également un écran externe Marshall et une impressionnante mattebox à l’avant, qui fait office de pare-soleil et de porte-filtres. Sur la droite, Sandro Miller, réalisateur du clip Joy of ride.

Essentiellement filmé de nuit, le clip impressionne par sa fluidité, Miller ne s’étant pas contenté de tourner une succession de plans fixes. Il avoue ne pas avoir dépassé 1600 Iso : le fait d’avoir des séquences à 3200 Iso ou au-delà aurait selon lui rendu le résultat final moins homogène. La majorité du court-métrage a été filmée en Full HD à 24 im/s… sans enregistreur externe, donc en H264. Quelques passages ont été tournés en HD à 60 im/s (notamment le ralenti où l’on voit la moto dans une chicane). C’est d’ailleurs un regret exprimé par Anthony Arendt, directeur de la photographie sur ce projet : ne pas avoir accès à cette cadence en Full HD. Le making-of livre un aperçu de l’impressionnant arsenal d’accessoires utilisés.

Visée et mise au point

Une fois le D800 en main, il faut faire abstraction de projets tels que Joy of ride ou Reverie, qui bénéficient de moyens de production exceptionnels. Mais on se rend vite compte que certains accessoires s’avèrent indispensables. L’absence d’écran orientable incite à opter pour un système externe, permettant de filmer en contre-plongée. Nous disposions d’un enregistreur Atomos Ninja, branché sur la prise HDMI, ce qui permet de choisir son propre codec (ici Apple ProRes 4:2:2). Les séquences sont alors enregistrées sur un disque SSD. Dès lors, il est impossible d’enregistrer simultanément sur les cartes mémoire de l’appareil : qu’il faut même ôter précise Atomos sur son site. Qui propose une mise à jour de firmware depuis le 23 mars, pour les D800 et D4.

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L’Atomos Ninja est un enregistreur externe que l’on raccorde au D800 via un câble HDMI. Il offre la possibilité d’enregistrer en Apple ProRes 4:2:2, mais aussi d’avoir un meilleur contrôle de la mise au point sur l’écran externe. En outre, on bénéficie du time code. Les séquences sont enregistrée sur un disque SSD. Le tout est alimenté par deux accus à l’arrière.

L’affichage en HDMI est par défaut réglé à 95 %, afin que les informations n’apparaissent pas sur l’image. On peut la mettre sur 100 %. Avec un enregistreur externe en sortie HDMI comme l’Atomos Ninja, on bénéficie d’une option intéressante : les touches options Fn et Aperçu, situées à droite de l’optique, sont personnalisables, pour gérer le diaphragme. Un moyen beaucoup plus silencieux que les molettes, dont le cliquetis est systématiquement capté par le micro interne… ou externe ME-1. De manière incompréhensible, on ne peut procéder ainsi une fois l’enregistreur Atomos retiré. Gageons qu’une mise à jour de firmware corrigera cela…

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Cette configuration de reportage comprend le micro externe ME-1 signé Nikon, que l’on branche sur la prise mini Jack. Ainsi que l’enregistreur externe Atomos Ninja, connecté en HDMI. Le tout sur un monopode et une rotule vidéo Manfrotto.

Ce genre d’accessoire est aussi très précieux pour faire le point. Quelques essais effectués à main levée, « boîtier nu », confirment que l’autofocus est loin d’offrir les mêmes prestations en vidéo qu’en photo. Ce qui incite à passer en mode manuel, comme pour les réglages. L’absence de peaking (proposé sur les Sony NEX par exemple, pour matérialiser par des pixels colorés les zones de microcontraste maximal, représentant la netteté optimale) est regrettable, tant cet outil est efficace pour vérifier la mise au point sans zoomer dans l’image. Comme le zébra sur un caméscope. Une fois calé à une vitesse de 1/50s, on agit sur la sensibilité ou le diaphragme pour obtenir une exposition correcte. À noter, deux câbles HDMI ont rendu l’âme durant ces deux jours, alors que les conditions de tests étaient loin d’être dantesques…

Gestion du son

L’arrivée de la prise casque constitue l’une des nouveautés marquantes de 2012, sur les Nikon D800 et D4, mais aussi sur le Canon EOS 5D Mark III. À se demander pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps, tant cet élément est incontournable en vidéo… et simple à intégrer au rayon connectique. L’affichage des vumètres pendant le tournage, via la touche Information, est pratique (on peut aussi accéder à l’histogramme et à l’indicateur de niveau dans ce mode). En revanche, une fois le bouton d’enregistrement pressé, le réglage du volume est impossible. Le micro ME-1 se fixe sur la griffe porte-accessoire. Il est raccordé à la prise mini Jack-jack. Il enregistre un son de meilleure qualité (stéréo) que le micro interne (mono). Mais le moindre bruit de fond est capté. Sandro Miller nous a d’ailleurs confirmé qu’un passage du making-of, dont la qualité sonore contraste avec le reste, a été tourné avec ce micro. Il s’agit de sa propre interview en noir et blanc (2’10s) : le bruit de la circulation est particulièrement audible. Ainsi, le moindre agissement sur les molettes ou l’autofocus est perceptible. Ce micro peut néanmoins convenir pour réaliser une interview sur pied, en ayant réglé l’appareil au préalable, dans un espace peu bruyant.

Première impression

La qualité d’image constitue bien sûr le principal point fort du D800. Jusqu’à 3 200 Iso, le bruit est très bien géré. Mais ce boîtier demeure avant tout un appareil photo. Ce qui est confirmé lorsqu’on navigue dans les menus. Comment se fait-il que Nikon n’ait pas créé un onglet dédié à la vidéo ? Surtout, quand on voit le niveau de paramétrage du D800 pour la prise de vue fixe, on se dit que la marque aurait pu aller un peu plus loin dans le domaine des séquences animées. En permettant, par exemple, d’enregistrer simultanément sur deux cartes, comme on le ferait en Raw + Jpeg, pour plus de sécurité. On peut néanmoins espérer qu’une mise à jour de firmware améliore certains points (peaking, accès aux touches Fn et Aperçu pendant le tournage sans sortie HDMI). Il faut souligner la bonne tenue des accus. En vue d’un tournage intense, deux batteries sont nécessaires pour une journée, par sécurité. Nous n’avons jamais été alertés d’une éventuelle surchauffe du capteur.

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Un rig comme celui-ci, également signé Redrock Micro, constitue une solution alternative plus compacte et moins onéreuse pour les photojournalistes, par exemple. La roue située sur la gauche actionne le Follow-Focus pour faire le point. Il s’agit ici d’un modèle en édition limitée intitulé Nikon Gold, vendu 1482 $. Mais on trouve d’autres rigs de ce type autour de 500 $ chez le même fabricant. Pour l’instant, Redrock Micro n’a pas de distributeur officiel en France.

De nombreux cameramen désireux de filmer avec un plein format seront séduits par les performances du D4 et D800. D’autant que la gamme d’optiques Nikkor n’a pas grand-chose à envier à celle de Canon. Mais cette dernière a pris beaucoup d’avance avec le 5D Mark II dans le domaine de la vidéo professionnelle. Une aura renforcée par le fait que contrairement à Nikon, Canon fabrique depuis longtemps des caméscopes.
Quant aux photojournalistes ou photographes freelance désireux de fournir des séquences animées en plus de leurs images, ils devront investir dans quelques accessoires indispensables pour réaliser des tournages de qualité (Follow-Focus, rotule vidéo, viseur externe, rig). Nous l’avons déjà souligné ici. C’est toujours le prix à payer, à l’heure actuelle, lorsqu’il s’agit de filmer avec un reflex.

- Le site de Nikon
- Présentation du Nikon D800

Extraits vidéos

Les plans suivants ont tous été tournés à main levée, dans une configuration minimale : seuls le micro ME-1 et des écouteurs accompagnent le D800. Cette démarche n’a pas pour but de piéger le D800. Mais de montrer ce que l’on peut faire et ne pas faire en vidéo, si on ne dispose pas des accessoires adéquats. Ainsi, on voit qu’on peut difficilement envisager de tourner des séquences propres improvisées, sans pied ou système de mise au point adapté. On note tout de même une très bonne qualité d’image en haute sensibilité ainsi qu’une amélioration considérable de la gestion du son, notamment grâce à la présence d’une prise casque. Reste que si l’on souhaite concilier photo et vidéo avec un reflex, il faut se préparer en conséquence.

Rolling Shutter

Ce balayage horizontal montre que le Rolling Shutter est présent, mais plutôt bien maîtrisé : on constate de légères déformations sur les barrières au premier plan. Les progrès sont certains par rapport aux précédentes générations d’appareil dans ce domaine, Canon EOS 5D Mark II en tête. Gageons que les ingénieurs de Canon ont également limité le phénomène sur le 5D Mark III.

Diaphragme

Ce plan effectué au bas du Rockefeller Center met en exergue deux problématiques à gérer. En manuel, il faut modifier les réglages d’exposition lorsque l’on part du haut de la tour, en plein soleil, et que l’on arrive au pied, à l’ombre. Mais on note que le fait d’ouvrir le diaphragme via la molette principale du boîtier pollue la bande-son (captée par le micro interne ; mais le cliquetis serait aussi audible avec le micro externe ME-1). On peut toutefois s’en accommoder si on ne souhaite exploiter que les images. Espérons toutefois que Nikon mette prochainement une mise à jour de firmware à disposition des utilisateurs, afin de pouvoir exploiter les touches Fn et Aperçu sans passer par la sortie HDMI, afin de gérer le diaphragme en silence. L’autre obstacle rencontré ici concerne la mise au point. En arrivant sur la plaque à la gloire du monument, on remarque que l’autofocus, enclenché via la touche AF-On, peine à faire le point. Il affiche des progrès certains par rapport aux autres reflex. Mais il est loin d’égaler les hybrides (Panasonic GH2, Sony NEX-5N, Nikon 1 V1…) ou les Sony SLT dans ce domaine. Le fonctionnement de l’AF en photo est en revanche toujours au top. On conseillera ainsi de recourir à un Follow-Focus, où à une mise au point manuelle, à l’aide de repères sur l’objectif pour déterminer la course de la bague. En outre, l’absence d’écran orientable complique le cadrage à main levée lorsqu’on ramène le boîtier au niveau de la taille sur la fin.

Hauts Iso

Sur cette séquence, on note que le son est saturé. Comme nous l’avons décrit précédemment, il est impossible de modifier le réglage du volume pendant le tournage. Mais cet extrait montre surtout une qualité d’image très propre, alors que nous sommes à 3200 Iso. Cet extrait de la performance du Blue Man Group, très populaire outre-Atlantique, a été filmé en manuel. Les gros écarts de luminosité ne sont pas simples à gérer. D’autant que si l’on agit sur les molettes (pas d’enregistreur externe ici, donc pas d’accès aux raccourcis Fn et Aperçu permettant de changer le diaphragme de manière silencieuse), le moindre cliquetis est capté par le micro ME-1. L’envie de prendre des photos revient ainsi au galop, lorsque la configuration matérielle n’est pas optimale dans des conditions aussi difficiles. À noter, la prise d’images fixes interrompt le tournage.

Micro externe ME-1

Nikon propose un micro externe que l’on branche sur la prise mini jack. Il enregistre le son en stéréo (le micro interne en mono). À de nombreuses reprises, nous avons constaté qu’il est très sensible : le moindre bruit de fond est capté. Ainsi que les réglages effectués sur les bagues de zooms ou les molettes de l’appareil. Pour enregistrer cette improvisation de ce groupe de hip-hop new-yorkais dirigé par Rabbi Darkside, le volume de l’appareil a été baissé à 7. Le retour via le casque s’avère précieux dans ces conditions. Même si, malheureusement, on ne peut intervenir sur le vumètre pendant le tournage. Sur ce court extrait, l’un des protagonistes pousse un cri aigu. Le fait d’avoir opté pour un faible volume d’enregistrement a évité une saturation. On peut ensuite le rehausser au montage. Le micro ME-1 ne conviendra pas dans un flux de travail professionnel. Il dépanne cependant, et offre un enregistrement de meilleure qualité que le micro interne. Il est abordable financièrement (149 €) et prend peu de place dans le fourre-tout. Utile pour réaliser des interviews dans des environnement sonores peu bruyants.

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