Clin d’œil au modèle argentique des années 60, ce modèle devient le premier de la gamme Pen à intégrer un viseur. Du coup, il hérite du petit flash externe de ses aînés dans la série OM-D, faute de place. Sa fiche technique reprend d’ailleurs l’essentiel des caractéristiques vues sur les E-M1 et E-M5 Mark II, à l’exception du capteur, dont la définition passe à 20 Mpxl, et de la protection contre les poussières et intempéries.
En 2009, le premier Pen, également pionnier de l’ère des compacts à optiques interchangeables dénués de miroirs, célèbre les cinquante ans d’existence de la gamme de compacts argentiques du même nom. Cette année, Olympus fête les 80 ans de son premier appareil photo, le Semi-Olympus I construit en 1936, avec un nouveau Pen-F, descendant direct du Pen-F argentique, sorti en 1963. Il devient le premier Pen numérique avec un viseur et reprend l’essentiel des caractéristiques des OM-D haut de gamme.
La principale nouveauté vient du capteur. Le traditionnel Live Mos de 16 Mpxl cède sa place à un nouveau Live Mos de 20 Mpxl. Le Pen-F devient ainsi le second boîtier Micro 4/3 à proposer cette définition, après le Panasonic GX8. Les prochains modèles de la gamme OM-D devraient logiquement leur emboîter le pas. La plage de sensibilité s’étend de 80 à 25 600 Iso. Comme toujours chez Olympus, on peut compter sur la stabilisation du capteur, sur cinq axes, en photo et en vidéo. Il est important de noter que le Pen-F sera le seul boîtier Olympus, avec les E-M5 Mark II et E-M1, à être compatible avec la stabilisation optique du 300 mm f/4 IS récemment annoncé dans la gamme M.Zuiko Pro.
Sur les précédents Pen, notamment le Pen E-P5, dernier modèle expert de la série, viser à hauteur d’œil passait forcément par l’acquisition d’un accessoire externe, onéreux et encombrant. Le Pen-F hérite pour sa part d’un viseur Oled de 2,36 Mpts, dont le grossissement se situe, d’après Olympus, entre ceux des E-M10 Mark II et E-M5 Mark II. Son arrivée fait une victime, puisque le flash extractible, présent sur l’E-P5, disparaît. Cependant, tout n’est pas perdu : le Pen-F a droit au même petit flash externe FL-LM3 que l’E-M5 Mark II. Doté d’une tête pivotant sur les axes verticaux et horizontaux, c’est plus qu’un simple appendice, car il pilote des flashs externes sans fil et bénéficie de joints d’étanchéité…
Hélas, ce n’est pas le cas du boîtier. Le label tropicalisation reste la chasse gardée des OM-D experts. Dommage, car la construction made in Vietnam s’avère par ailleurs très soignée. Le châssis, qui repose sur du métal et du magnésium, dégage une sensation de robustesse lors de la prise en main. Une molette dédiée à la correction d’exposition trône sur le dessus, aux côtés du barillet de prise de vue, verrouillable. Les deux molettes de réglages rappellent celles des OM-D. En revanche, celle de la face avant matérialise une nouvelle fonction intéressante.
Il sera possible de créer ses propres profils couleurs et monochromes, en mettant l’accent sur une tonalité ou en jouant sur le grain, par exemple. Par défaut, quelques simulations de films argentiques sont proposées, proche d’un Kodachrome ou d’un Velvia notamment.
Le réglage s’avère assez intuitif en jouant des molettes et du poussoir situé sous le barillet principal. Il sera possible d’enregistrer des Raw en complément des Jpeg auxquels ces profils sont affectés. Cela vient en complément des nombreux filtres et effets disponibles. Parmi la pléthore de fonctions du Pen-F, on retrouve toutes celles figurant au menu de l’E-M5 Mark II. À l’instar de ce dernier, il est possible de générer des images de grande taille en combinant huit images prises à la suite, via le mode HS, pour atteindre 50 Mpxl. Et de solliciter l’intervallomètre 4 K. Par contre, toujours pas de panorama par balayage au programme. Et l’enregistrement vidéo demeure en 1080p…
On pouvait pourtant espérer que le Pen-F franchisse le pas en matière de définition dans ce domaine. D’autant que le GX8, doté du même capteur, filme en Ultra HD. Néanmoins, Olympus pointe les limites du processeur TruePic VII, qui reprend du service. C’est bien dommage, car avec son superbe écran (3 pouces et 1,037 Mpts), tactile et orientable dans toutes les directions, le Pen-F sera à n’en pas douter aussi redoutable que les OM-D en matière de tournage. Il est toujours possible de configurer le mode vidéo (exposition, AF notamment) indépendamment du mode photo et d’accéder à des fonctions précieuses comme le time code, le focus peaking, le zébra et des vumètres. Mais il faudra se contenter d’un enregistrement en 1080p à 50 im/s (compression ALL-I à 77 Mbps, IPB à 52 Mbps). On pourra confier la captation du son au micro stéréo interne, en revanche, pas de prise pour brancher un accessoire externe.
Le reste des caractéristiques nous amène en terrain connu. Il convient toutefois de souligner l’obturateur mécanique à 1/8 000s, dont l’E-M1 avait jusque-là le monopole, avec la possibilité qu’il atteigne 1/16 000s en mode électronique. La cadence est de 10 im/s (5 im/s avec suivi de l’AF) et permettrait, selon Olympus, une fois la stabilisation désactivée, de prendre 39 Raw ou 45 Jpeg en qualité maximale.
Le système AF à 81 collimateurs de l’E-M5 Mark II officie, et il sera toujours possible de choisir les points directement sur l’écran en gardant l’œil au viseur en l’activant via une double pression sur le LCD. La fonction WiFi permet de prendre le contrôle du boîtier à distance en photo et en vidéo. Enfin, bonne nouvelle pour les possesseurs d’OM-D désireux de s’offrir le Pen-F : l’accu BLN-1 est identique.
Le boîtier devrait être commercialisé la première semaine de mars. Les tarifs seront de 1 199 € (nu), 1399 € en kit avec le zoom 14-42 mm f/3,5-5,6 EZ Pancake et 1 499 € avec le 17 mm f/1,8 (livré sans pare-soleil).
Des accessoires seront proposés en option, notamment un grip compatible Arca (129 €), qui améliore sensiblement la prise en main, déjà satisfaisante.
Le dernier Pen en date se situait relativement loin du petit nouveau dans l’esprit : avec le Pen E-PL7, Olympus visait un public plutôt féminin (on se pose encore la question à l’issue de nos tests) et amateur de selfies. Et on pouvait se demander si cette gamme avait de l’avenir, du moins sur le segment expert, largement fourni avec les OM-D. C’est pourtant un boîtier haut de gamme qui voit le jour, surfant sur la tendance à l’expertise et au vintage, qu’Olympus a initié en 2009 avec le premier Pen. Avec le Pen-F, réminiscence de l’appareil éponyme de l’ère argentique, elle en offre plus que l’E-P5, déjà fort bien loti en matière de richesse fonctionnelle. Symbole le plus évident, le viseur Oled intégré, jusque-là manquant sur les Pen.
Quant au reste, on se rend compte que le Pen-F n’a plus grand-chose à envier aux E-M1 et E-M5 Mark II… mis à part une construction jointoyée, qui aurait été la bienvenue, le tarif de 1 199 € le situant dans les mêmes eaux qu’un Fujifilm X-T1. Mais avec la stabilisation intégrée, une réactivité qui devrait être du niveau des OM-D, un écran orientable dans toutes les directions et tactile, un mode vidéo très complet (malgré la limitation à la HD en 1080p et l’absence de prises micro et casque), un petit flash externe très costaud et une gamme optique diablement séduisante, le Pen-F ne manque pas d’atouts. Reste la qualité d’image. Le capteur de 20 Mpxl nous a convaincus sur le GX8. Gageons qu’il en sera de même sur le Pen-F. Mais le choix du Micro 4/3 demeure une affaire de compromis dans ce domaine. Dès lors que l’on souhaite jouer sur la profondeur de champ, sauf à investir dans des optiques lumineuses, l’APS-C et le plein format gardent une longueur d’avance.