C’est désormais une tradition chez Adobe : diffuser publiquement la bêta version du prochain Lightroom, en finalisation de développement. Pour recueillir les avis des photographes du monde entier et huiler le logiciel avant sa commercialisation effective.
Lightroom 4 offre son lot de nouvelles fonctions. On retiendra comme points forts la prise en charge de la géolocalisation et la représentation cartographique associée, le support des fichiers vidéo, l’épreuvage logiciel, une nouvelle version du moteur de conversion Raw et l’édition de livre photo. Qu’il soit donc bien clair, l’objectif de cette mise à nu devant le public, avant l’habillage final, n’a pas pour principal objet d’engranger de nouvelles demandes en matière de fonctions. Même si cela va bien sûr enrichir « un carnet de désidératas » où les développeurs iront piocher des pistes pour une version intermédiaire ou une version cinq. L’idée est plutôt d’obtenir un banc d’essai planétaire, pour débusquer les bogues et peaufiner des détails ergonomiques ou fonctionnels.
Lightroom marque une rupture avec des systèmes d’exploitation qui datent, puisque ni Windows XP ni Mac OS 32 bits ne peuvent faire tourner l’application. Et il n’est pas dit qu’une version 32 bits subsiste au final sous Windows. Lightroom partage avec Illustrator et Photoshop le même moteur typographique de gestion du texte et il s’appuie sur le moteur de rendu vidéo de Premiere et After Effects.
L’interface, épurée et affinée au fil des évolutions, n’a pas bougé, tout au plus note-t-on une liste des modules plus étoffée, avec Cartes et Livre en deuxième et troisième position.
Cette prise en mains initiale, établie à partir d’une version préliminaire, ne montre pas forcement tout ce qu’il y aura dans la version commercialisée. Il ne faut pas s’attendre à l’ajout de fonctions majeures, mais à des améliorations ici et là, portant sur l’ergonomie ou sur des commandes complémentaires. Il m’arrivera sans doute, ici et là, d’émettre quelques commentaires sur une orientation qui n’a pas été prise… Et qui ne le sera vraisemblablement pas d’ici le lancement, mais en aucun cas vous ne trouverez de réserves sur la qualité des résultats ou sur de petites bourdes ergonomiques qui seront sans doute corrigées au final. Pour cela, il faut attendre que la version soit gravée dans le marbre du téléchargement ou du DVD-Rom officiel.
Pour l’instant, vous pouvez télécharger la version bêta de Lightroom sur le site Adobe Labs
L’onglet Cartes fait passer dans le module éponyme, fondé sur l’usage de Google Maps. Les photos intégrant des données de géolocalisation y sont représentées par de petites étiquettes, cliquables pour visualiser les images associées. Plusieurs modes d’affichages sont proposés (carte routière, relief, satellitaire, hybrides) et des outils facilitent la navigation. Comme la recherche d’un lieu ou la mémorisation d’un emplacement, pratique pour voir sur la carte une région où l’on a pris des photos en plusieurs endroits. Lightroom gère aussi les itinéraires GTX.
Inversement, après vous être positionné sur un lieu, par navigation manuelle dans la carte ou par recherche d’un lieu-dit ou d’un site, un ou plusieurs cliquer/glisser du film vers la carte affectent aux photos les coordonnées géographiques absentes. Plus besoin de s’embêter avec une unité GPS dans son appareil photo !
Les vidéos sont maintenant reconnus en natif. À l’heure où les reflex ont tous viré leur cuti vidéo, l’ignorance par Lightroom des fichiers AVI et autre Mov faisait désordre. L’importation d’un dossier contenant des vidéos émanant de l’ensemble des fabricants, en différents formats (AVI, MP4, MTS, Mov), tant en VGA, en HD qu’en Full HD montre que tout a été reconnu. Et lu avec le son et une fluidité de bon aloi.
Le panneau Développement rapide permet aussi d’apporter quelques retouches. Sur la balance des blancs, la teinte, l’exposition, la clarté (inactive dans la bêta prise en mains) et la vibrance. Ce faisceau de réglages est l’une des choses qui pourraient évoluer dans la version finale.
Les points d’entrée et de sortie de chaque clip sont ajustables et la vignette qui apparaît dans la Grille est personnalisable avec n’importe quelle image de la vidéo. Enfin, une fonction se charge d’extraire une image sous la forme d’un fichier Jpeg et de la stocker dans le même dossier que la vidéo, dans une pile. Par ailleurs, déplacer le pointeur dans la vignette de la grille offre une visualisation accélérée du clip.
Le moteur de dématriçage évolue vers la version 2012, lui qui a connu un changement en 2010. Le but est de parfaire le contrôle de la tonalité afin d’obtenir une meilleure gestion du contraste dans les cas difficiles, de récupérer plus d’informations dans les zones de hautes et basses lumières. Et de s’assurer que la prise en mains des nouveaux réglages sera plus intuitive aux néophytes. Avec le « Processus 2010 », « Exposition », « Luminosité » et « Lumière d’appoint » agissaient sur la luminosité globale de l’image, donc sur les tons moyens. Avec le « Processus 2012 », seul le premier réglage subsiste pour l’ajustement global. D’un point de vue ergonomique, les contrôles de tonalité fonctionnent de sorte que déplacer le curseur d’une réglette vers la droite éclaircit l’image, et l’assombrit lorsqu’il est poussé vers la gauche. Comme un correcteur d’exposition sur un APN. Bien sûr « Contraste » sort de ce cadre.
Les contrôles que l’on trouve dans Camera Raw aujourd’hui et dans Lightroom 3, à savoir « Récupération », « Remplissage », « Lumière d’appoint » et « Luminosité » disparaissent. « Contraste » et « Noirs » restent. Apparaissent :
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Les réglages par défaut du Raw et du Jpeg sont les mêmes (ce n’était pas le cas dans Lightroom 3), leur comportement étant identique que l’on procède à un ajustement global ou local. Par ailleurs, les réglettes ont un réglage par défaut de 0, et une amplitude de +/- 100.
Les ajustements locaux diffèrent et leur organisation est revue. Ils accueillent les réductions du bruit de luminance et du moiré, l’ajustement de la balance des blancs, des tons clairs et foncés. De nouvelles habitudes seront à prendre.
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La commande « Fichier>Exportation », déjà bien complète, l’est encore plus. Elle offre le choix des métadonnées devant accompagner l’image. En effet, le photographe ne souhaite pas forcément que l’on puisse analyser le pourquoi du comment technique de ses images. En revanche, savoir que certaines informations personnelles sont incluses est un atout. Ainsi, l’exportation des images s’accompagne-t-elle du copyright, avec ou sans les données de contact, de toutes les données sauf celles liées au fichier Raw et à la prise de vue, ou alors de l’ensemble des métadonnées.
Les fichiers vidéos appartenant désormais au club Lightroom, il est normal de trouver une nouvelle section dans la fenêtre « Exporter un fichier ». Elle permet de sauvegarder le fichier en tenant compte des points d’entrée et de sortie, définis le cas échéant lors du visionnage du clip. Mieux, un transcodage en MP4/H.264 est possible (avec quatre niveaux de qualité), et même en DPX (Digital Picture Exchange), un format universel standardisé par l’ANSI/SMPTE pour les images et les vidéos, avec les cadences 24p, 25p et 30p.
Adobe introduit une exportation en DNG compressé… avec perte. Ce qui va choquer ceux qui estiment que le Raw est un sanctuaire devant protéger les pixels d’origine de la moindre dégradation. L’éditeur justifie cette option en s’adressant à ceux qui veulent plus de qualité que le Jpeg, mais souhaitent économiser de l’espace disque.
La commande « Fichier>Envoyer » une photo par courrier électronique », que l’on retrouve aussi dans le menu contextuel attaché à une vignette ou à la prévisualisation d’une photo, n’est en soi pas nouvelle. Elle évite juste le passage par les commandes plus généralistes d’exportation.
Adobe répond à une attente qui n’avait pas été comblée à la sortie de la version 3. Ce module de mise en page a pour objet la sortie d’un fichier PDF ou l’envoi vers le site d’impression Blurb d’un livre photo. Comme Aperture d’Apple qui, à l’issue de la mise en page, propose d’imprimer le livre via son prestataire, sans trop mettre en avant que l’enregistrement en PDF est aussi permis. La section gauche propose quelques formats de livre… on en espère plus dans la mouture finale. Pour l’instant, le rigorisme de l’interface colle bien au terme « industriel » qu’est flux de travail, la mise en œuvre est moins avenante que celle de son homologue Aperture. Ceux qui pensaient trouver un mini InDesign (le logiciel de mise en page d’Adobe) vont déchanter, même si la qualité du rendu typographique des titres et légendes devrait être la même en raison de l’incorporation du moteur de traitement du metteur en pages. La conséquence est que la notion de bloc, image et texte, si elle existe, n’a pas la souplesse de celle d’un vrai metteur en pages… ni celle d’Aperture.
L’inclusion des photos dans le livre se base sur une Collection, selon un mode manuel ou automatique qui ne fournit pas forcément le même agencement si l’on efface les images et recommence l’opération. Une boîte de dialogue permet de personnaliser cet automatisme qui va puiser dans une liste des formats favoris de pages, qu’il faut, dans cette bêta version, élaborer soi-même. Le placement manuel est bien sûr possible. Ensuite, la suppression d’une photo ne décale pas les photos dans le livre, heureusement ! On peut même en ajouter, à puiser dans la Collection active.
Les déplacements, ajouts, changements de maquette et suppression de pages sont possibles pour parfaire l’harmonie qui doit de dégager en feuilletant le livre. Seule la mobilité des blocs dans la feuille est contrainte, mais pas leur taille. Le panneau des attributs typographiques est classique. Les polices sont affichées par leur nom, mais pas par leur aspect réel. L’interlignage, la ligne de base, l’approche globale ou par paire sont gérés. Au final, le livre est sauvegardé dans la liste des collections.