L’identité des deux premiers hybrides 24 x 36 Lumix était connue depuis la Photokina, ainsi qu’une poignée de caractéristiques. Le voile est entièrement levé sur les S1/S1R, et notamment le viseur Oled, dont la définition impressionne. Première prise en main, agrémentée de quelques images.
Le dénouement, enfin. L’arrivée de Panasonic sur le marché du 24 x 36, conjuguée à une triple alliance autour de la monture L, avec Leica et Sigma, a marqué les esprits, lors de la dernière édition de la Photokina. Deux hybrides plein format, les S1 et S1R, respectivement dotés de 24 et 47 Mpxl, d’un viseur « hors norme » – aux dires de la marque –, d’une construction inspirée du G9, forcément plus massive, de la technologie de double stabilisation Dual IS 2, d’un système AF à détection de contraste, d’un double lecteur de cartes SD/XQD, d’un écran inclinable et de la 4K UHD à 50 im/s.
Un trio d’optiques, dont deux zooms 24-105 mm et 70-200 mm ainsi qu’un 50 mm f/1,4, en monture L. À l’occasion du CES, en début d’année, Panasonic a levé le voile sur deux modes, embarqués dans les Lumix S : HLG (Hybrid Log Gamma) et Haute résolution.Voici ce que nous savions déjà, dans les grandes lignes.
Nous allons les compléter, à l’aune des caractéristiques complètes, divulguées par Panasonic. Celle qui va sans aucun doute susciter le plus de commentaires, concerne le viseur. À l’expression « hors norme », employée par Panasonic, nous préfèrerons l’adjectif inédit. Alors que les Oled actuels culminent à 3,68 Mpts (la dalle de 4,4 Mpts du Leica SL est de type LCD), Panasonic place la barre à 5,76 Mpts. Une définition proche de la vision humaine. Le viseur Oled offre un grossissement 0,78x, un dégagement oculaire de 21 mm et un taux de rafraîchissement de 120 im/s. La touche V.Mode, sur le côté droit du viseur, offre le choix entre trois niveaux de grossissement : 0,7x ; 0,74x ; 0,78x.
L’écran LCD de 3,2 pouces sera bien sûr tactile, et inclinable, sur trois axes : pour viser en contre-plongée ou en plongée, mais aussi en position verticale, à la manière de ce que propose Fujifilm, sur ses X-T2 et X-T3, par exemple. La définition de la dalle atteint 2,10 Mpts, autant que celle des Nikon Z. Aux côtés de l’écran, nous nous réjouissons de la possibilité d’activer le rétroéclairage des touches, dans l’obscurité (nous l’avions salué sur le D850), en plus du mode nuit, apprécié sur le G9 et reconduit sur les Lumix S.
Les définitions des deux modèles étaient connues, soit respectivement 24 et 47 Mpxl, pour les S1 et S1R. Aucun des deux capteurs n’est rétroéclairé, comme les Z7 ou A7R III, ou doté d’une mémoire vive, comme l’A9. Chacun est dénué de filtre passe-bas. Sur le S1, la plage de sensibilités Iso est comprise entre 100 et 51 200 Iso, avec une extension à 50-204 800 Iso ; sur le S1R, on accède par défaut à une plage s’étalant de 100 à 25 600 Iso, pouvant être étendue à 50-51 200 Iso.
Alors que les Lumix G Micro 4/3 ne délivrent que des Raw 12 bits (le GH5S fait figure d’exception avec son capteur de 10 Mpxl et des Raw 14 bits), les Lumix S produisent des fichiers RW2 sur 14 bits. Il n’est cependant pas possible d’opter pour une compression sans perte, afin d’obtenir des fichiers moins lourds. Ni de choisir une définition de Raw inférieure, ce qui peut pourtant être bien utile, sur un boîtier comme le S1R, quand on n’a pas besoin d’exploiter 47 Mpxl.
À l’instar de la majorité des hybrides 24 x 36 à l’heure actuelle (les Canon EOS R et Leica SL font bande à part), les S1/S1R sont équipés d’un système de stabilisation, sur cinq axes. Cerise sur le gâteau, il est compatible avec la technologie Dual IS 2 de la marque : ce qui signifie, comme on l’a déjà vu sur les récents hybrides Micro 4/3 comme le G9, qu’il est possible de combiner stabilisation optique, avec un objectif OIS, et mécanique. Ainsi, avec les Lumix S 24-105 mm f/4 OIS et 70-200 mm f/4 OIS, Panasonic revendique un gain de six vitesses. Pour ce qui est du processeur, nous savons juste qu’il s’agit d’un nouveau Venus Engine.
Comme évoqué en début d’année, lors d’un teasing en marge du CES, les deux Lumix S embarquent un mode Haute resolution. Rien de nouveau sous le soleil d’Osaka, puisque le G9 en intègre un. Le principe sera le même sur les S1/S1R, avec en outre, une fonction de réduction de l’aberration de mouvement (nous tâcherons de vous en dire plus lors de nos essais) : on obtiendra un fichier, fruit de huit vues consécutives (en Raw), d’une définition respective de 96 et 187 Mpxl. Il faudra impérativement être muni d’un trépied. Contrairement à ce que proposent Olympus ou Ricoh sur les OM-D E-M1X et Pentax K-1 Mark II, pas de mode Haute résolution à main levée dans les menus.
Au niveau des formats, outre le natif 3/2 (les aficionados des hybrides de la marque, habitués au 4/3, devront s’y habituer), il sera possible d’opter pour cinq autres ratios. Les classiques 4/3, 1/1, 16/9. Et aussi deux formats destinés aux amoureux d’images panoramiques, soit 24/65 (comme sur l’Hasselblad XPan) et 2/1.
Spécialiste de la vidéo, Panasonic se devait de ne pas décevoir dans ce domaine, sur ses Lumix S. Comme la marque l’avait annoncé il y a quelques mois, les S1 et S1R tournent en 4K UHD (3840 x 2160 pixels) à 50 im/s en interne (8 bits, 150 Mbps). Une première, sur le marché de l’hybride plein format. Cela s’accompagne sur le S1R, d’un léger recadrage (1,09x), tandis qu’il faudra composer avec un facteur 1,5x sur le S1. Cela reste toutefois en deçà des 1,74x d’un 5D Mark IV. Et à 25 im/s, sur le S1, toute la surface du capteur est exploitée, en 4K UHD (toujours 1,09x sur le S1R). En revanche, on s’étonne de l’absence de 4K cinéma (DCI). De quoi laisser la place aux Lumix GH, en attendant l’arrivée éventuelle d’un Lumix S dédié à la vidéo ou d’une mise à jour de firmware ? Silence radio sur le sujet du côté de Panasonic, évidemment.
En attendant, on se consolera avec un mode ralenti à 180 im/s (comme sur le G9), et la possibilité de brancher micro et casque. Les possesseurs de la mixette DMW-XLR1E, sortie avec le GH5, seront heureux d’apprendre qu’elle peut être utilisée sur les Lumix S. Les vidéastes avertis apprécieront le mode HLG (Hybrid Log Gamma), même s’il faut préciser que l’écran LCD n’est pas de type HDR, il faudra donc juger du rendu sur un écran compatible. Il sera possible de réaliser des prises de vues par intervalles en 4K sur les deux boîtiers, voire en 8K sur le S1R, à condition qu’il soit connecté à un ordinateur portable, via le logiciel Lumix Tether. En vidéo, en revanche, le S1 conserve quelques avantages par rapport à son frère, dont l’enregistrement en interne au format MP4 HEVC en 4K UHD à 25 im/s. En outre, une mise à jour payante sera proposée aux possesseurs du S1, pour un tournage en 4K UHD à 25 im/s ou en 1080p à 50 im/s, en 4:2:2, en interne. Cela ne concerne que le S1.
Les obturateurs des Lumix S sont donnés pour 400 000 cycles, par Panasonic. Celui du S1 culmine à 1/8 000s, à la fois en modes mécanique et électronique (jusqu’à 60 secondes pour les longs temps de pose, hors mode pose B). Alors que sur le S1R, il est possible d’atteindre 1/16 000s en mode électronique. Il nous paraît étonnant d’avoir bridé le S1 sur ce point.
Aucun des deux boîtiers ne dispose d’un flash intégré, et aucun appendice externe ne figure dans la boîte. Il sera néanmoins possible d’utiliser les flashs au catalogue pour les modèles Micro 4/3, tels que les DMW-FL360L ou FL580L. Et de travailler avec des flashs de studio, grâce à une prise dédiée (vitesse synchro X à 1/320s).
Les S1/S1R sont conçus en alliage de magnésium et parés de nombreux joints d’étanchéité. Le savoir-faire de Panasonic en matière de robustesse a largement été éprouvé (nous avions notamment laissé le G9 pendant plusieurs heures dans de la neige, à l’avant d’un bateau, en pleine tempête) et cela devrait constituer un argument de poids, auprès des photographes pros.
D’ailleurs, en termes de poids, les deux boîtiers ne font pas dans la légèreté, en dépit de l’absence de miroir. Sans cartes ni accus, ils accusent quelque 900 g sur la balance ; et 1,02 kg avec. Ils se rapprochent ainsi plus du gabarit de reflex (Canon EOS 5D Mark IV ou Nikon D850), les Sony A7 (657 g) et Nikon Z (675 g) étant plus légers.
À l’automne dernier, Panasonic n’avait pas fait mystère de la nature de d’AF intégré dans les Lumix S. Comme sur les Lumix G de dernière génération, il s’agit d’un système autofocus DFD (Depth From Defocus) à détection de contraste, sur 225 points. Avec une sensibilité impressionnante en basse lumière, estimée à -6 IL par Panasonic, de nuit, sans lampe d’assistance à l’autofocus (-3 IL si la scène manque de contraste, par temps de brouillard). Nous ne savons pas encore si cela concerne le seul collimateur central ou l’ensemble. Nous sommes aussi en attente du taux de couverture des collimateurs sur le capteur.
Un mode de détection des yeux (avec possibilité de donner la priorité à l’œil gauche ou droit) apparaît dans les menus. L’intégration de l’intelligence artificielle faciliterait la reconnaissance du sujet, la mise au point s’adaptant alors en fonction de la nature de ce dernier. Parmi les autres fonctions disponibles, on retrouve le Post Focus ou la Photo 6K, notamment vues sur les GH5 et G9.
S’il y a un aspect sur lequel les Lumix S déçoivent, sur le papier en tout cas, c’est dans le domaine des rafales. À 6 im/s en mode AFC, et 9 im/s en AFS, les S1 et S1R ne sont pas des foudres de guerre. Même le Leica SL fait mieux, à 7 im/s. Dommage que Panasonic n’ait pas au moins accentué le trait sur le S1, qui se retrouve du coup à la traîne, face aux A7 III et Z6, situés dans la même catégorie (l’EOS R est en dessous, à 5 im/s en Ai Servo). La marque aurait également pu proposer un mode Boost, avec le renfort du grip optionnel DMW-BGS1 et sa batterie supplémentaire, comme le fait Nikon avec son D850, qui passe ainsi de 7 à 9 im/s. D’aucuns diront que 6 im/s suffiront dans bien des cas pour capturer un instantané durant une action.
Cependant, au vu des autres caractéristiques des deux boîtiers, plutôt à la pointe, et de la concurrence, on se dit qu’un effort n’aurait pas été malvenu dans ce domaine, à un an des JO de Tokyo. À moins que, là aussi, un Lumix S pro soit sur les rails ?
En attendant, les capacités de la mémoire-tampon, données par Panasonic, avec une carte XQD, sont prometteuses. Sur le S1, en mode AFC, à 6 im/s, on engrangera au moins 90 Raw, 70 Raw + Jpeg ou 999 Jpeg ; sur le S1R, dans les mêmes conditions, on enregistrera au moins 40 Raw, 35 Raw + Jpeg ou 50 Jpeg.
Les S1/S1R s’annoncent robustes et endurants, avec un nouvel accu, d’une capacité de 3 050 mAh. Il sera possible de le charger en USB, en plus du chargeur secteur, fourni. Dans les menus, on aura une indication précise du taux de charge, ainsi que de l’état de la batterie. Un mode Éco est accessible, comme sur la plupart des Lumix G (notamment pour le viseur). Au niveau de la connectique, on note des prises USB 3 Type C, HDMI Type A (avec une protection du câble pour la sortie vidéo pendant un tournage), micro 3,5 mm, casque 3,5 mm et accessoire, pour brancher une télécommande, ainsi qu’une prise synchro flash.
Le stockage passera au choix par une carte XQD (emplacement compatible CFexpress) ou SD UHS-II. Avec plusieurs paramétrages pour répartir les différents types de fichiers (photo, vidéo, Photo 6K…) sur l’un ou l’autre emplacement. Une alarme de verrouillage, lumineuse et sonore, peut être activée, pour signaler l’ouverture de la trappe.
Dans le même temps, trois optiques Lumix S sont annoncées. Lire nos articles en détail sur les 24-105 mm f/4 Macro OIS ; 70-200 mm f/4 Pro OIS et 50 m f/1,4 Pro. Tous les produits seront disponibles courant mars et éligibles au service Lumix Pro, en place depuis fin 2018.
Une feuille de route optique a été dévoilée lors de la conférence de presse, à Barcelone. Dès 2019, deux convertisseurs (1,4x et 2x) trois zooms Lumix supplémentaires verront le jour : 16-35 mm f/4 ; 24-70 mm f/2,8 et 70-200 mm f/2,8. Puis, en 2020, sont attendus un téléobjectif, deux focales fixes ainsi qu’une optique macro. Cela s’ajoute aux onze focales fixes Sigma Art qui seront déclinées en monture L dans le courant de l’année.
S1 nu : 2 499 € ; 3 399 € avec 24-105 mm
S1R nu : 3 699 € ; 4 599 € avec 24-105 mm
Grip DMW-BGS1 : 349 €
Panasonic met en place une offre de lancement à l’occasion de la commercialisation de ses Lumix S. Du 1er février jusqu’au 30 avril, il est possible de bénéficier jusqu’à 900 € de reprise matériel (voir modalités de l’offre auprès des revendeurs), pour l’achat d’un boîtier et/ou d’une optique Lumix S.
En outre, du 1er février au 31 mars, on peut précommander les boîtiers ou optiques, ce qui permet de bénéficier d’une garantie étendue à trois ans (soit un an de plus), ainsi qu’une d’un an d’adhésion aux services Lumix Pro (le niveau de service dépend de la quantité de matériel Lumix acquis, Micro 4/3 et plein format compris).
Nous avons pu prendre en main un Lumix S1 pendant quelques heures, en marge de la présentation mondiale, à Barcelone. Les photos reproduites ici (Jpeg directement issus du boîtier) ont été faites avec un firmware 0.7, qui n’est pas encore définitif. Nous ne nous prononcerons donc pas encore sur les performances, notamment le rendement en hautes sensibilités, ou le suivi de l’AF. Cette prise de contact nous a toutefois permis de jauger certains points. À commencer par le viseur, remarquable. Il nous a d’abord, paru très contrasté, mais en passant par les menus et en optant pour le mode Boost 1, nous avons pu apprécié la finesse de cet Oled de 5,76 Mpts. Avec à la clé plusieurs réglages de grossissement. La première impression est vraiment excellente, même si nous avons sollicité la fonction anti scintillement, sous une lumière artificielle qui engendrait un affichage irrégulier.
La stabilisation, intégrée au boîtier, est prometteuse (voir cliché ci-dessous prix à 1/6s à main levée avec un 50 mm) et le fait de bénéficier de la technologie Dual IS 2 avec des optiques OIS procure aux Lumix S un avantage non négligeable sur la concurrence. Le mode HLG semble intéressant pour récupérer un peu de matière dans les zones sombres, en cas de fort contraste. Quant au mode Haute Résolution produisant uniquement des fichiers Raw, nous reviendrons dessus plus tard, lorsqu’il sera possible de développer les fichiers RW2 du S1.
« Nous avons commencé à parler de cette possibilité il y a huit ans », nous avais confié Yosuke Yamane, à la tête de la division Image de la firme d’Osaka, au niveau mondial, lors de l’annonce des S1/S1R, lors de la Photokina 2018. Au vu des caractéristiques des deux appareils, et de l’adoption de la monture L, avec la complicité de Leica et Sigma, on constate que la firme d’Osaka a pris le temps de bien faire les choses. Point d’orgue de cette arrivée en fanfare sur le marché de l’hybride 24 x 36, un superbe viseur Oled à 5,76 Mpts, qui a de quoi faire rougir la concurrence. Ainsi que la possibilité de tourner en 4K UHD à 50 im/s, en interne.
Avec ces deux boîtiers, Panasonic s’attaque bien sûr aux Sony A et Nikon Z, mais surtout aux reflex Canon EOS 5D et Nikon D800. Le positionnement tarifaire du S1 paraît ainsi particulièrement judicieux, d’autant que ce dernier bénéficie du même viseur que le S1R. La double stabilisation est un atout important, tout comme la construction, qui s’annonce de haute volée. La mise en place du service Lumix Pro est également importante, dans l’optique d’attirer des photographes pros.
Cette première incursion sur le segment de l’hybride 24 x 36 a donc de l’allure. Reste à voir comment les S1 et S1R se comportent sur le terrain. Certains points posent question, comme l’absence de rétro-éclairage au niveau du capteur, l’impossibilité d’opter pour des formats Raw intermédiaires, l’absence de 4K DCI et un mode rafale « modeste », au regard de la concurrence. Il faudra également donner un maximum de visibilité sur le développement de la gamme optique, ce qui semble en bonne voie. Sigma a d’ores et déjà annoncé la disponibilité de l’intégralité des focales fixes Art en monture L pour le courant de l’année. Et Panasonic compte sortir plusieurs modèles d’ici 2020, dont trois zooms cette année : 16-35 mm f/4, 24-70 mm f/2,8 et 70-200 mm f/2,8.
Il sera aussi intéressant d’observer la stratégie de Panasonic dans le domaine de la vidéo, avec un probable Lumix S bientôt lancé face aux Sony A7S ? Quant à l’implication de la marque dans le Micro 4/3, elle insiste sur le fait qu’elle ne compte pas déserter le segment expert. Si les GH conservent une belle aura auprès des vidéastes, il sera plus délicat de lancer un successeur du G9 autour des 2 000 €, avec des hybrides 24 x 36 en face…