06/09/2008- Le débat continue de faire rage suite à la publication du reportage en Afghanistan dans le magazine Paris Match de cette semaine. On y voit les assassins des dix soldats français, tombés dans une embuscade le 18 août dernier.
Fallait-il publier ces images ? Les familles des victimes ont très mal vécu cette médiatisation. Quant au ministre de la Défense, Hervé Morin, il s’est montré sceptique quant à l’efficacité d’un tel reportage, dénonçant même une instrumentalisation de la part des Talibans, en pleine « guerre de communication ». Il fustige également la « surenchère permanente » d’information sur internet, au micro de France Inter, le 4 septembre dernier.
Pour leur part, le journaliste Eric de Lavarène et la photographe indépendante Véronique de Viguerie, auteurs de l’article, brandissent l’étendard de la liberté d’informer. Cette dernière, précisant à l’Agence France Presse :
« J’imaginais bien que pour les familles, ça serait vraiment difficile. Mais pour moi, c’est le travail de journaliste d’aller des deux côtés. »
Parmi les différents points de vue que l’on a pu lire ou entendre ces derniers jours, ceux de Alain Genestar et Edwy Plenel, au générique de l’émission Duel du week-end, sur France Info ce samedi, touchent juste. Le rédacteur en chef du magazine de photojournalisme Polka (ancien rédacteur en chef de Paris Match) et le rédacteur en chef du site d’information en ligne Mediapart.fr livrent leur opinion sur cette publication. Un échange instructif.
Au final, difficile de trancher. Les deux argumentaires finissent par se neutraliser. Car le travail du photojournaliste est comparable au métier de funambule. Esclave de la nécessité d’informer, il doit pourtant fixer des limites à sa production.
Alors que le festival de photojournalisme Visa pour l’image bat son plein, les débats n’ont pas fini d’animer les rues de Perpignan…