De temps à autre d’ambitieux projets surgissent du néant. Fruit du travail d’un développeur indépendant, Photopea, qui entre dans la catégorie des logiciels en ligne, copie l’interface de Photoshop, utilise le PSD comme format natif… mais ignore la plupart des formats Raw, DNG excepté.
Il faut remonter en septembre 2012 pour que Ivan Kutskir, étudiant praguois en informatique se mette à travailler sur un éditeur photo accessible via un navigateur Web. Un an plus tard, sortait la première version. Aujourd’hui, la mouture 3.8 est d’actualité avec 64 545 lignes de programme. Un nombre qui explique que l’auteur y a consacré des milliers et des milliers d’heures, vivant de la publicité émaillant l’application qui est gratuite. Mais avec la formule d’abonnement (l’auteur n’a pas que copié l’interface de Photoshop !), pour 9 $ par mois ou 20 $ par trimestre, celles-ci disparaissent. À vrai dire, les quelques heures passées à sillonner les menus, les panneaux et traiter quelques images n’ont pas été perturbées… mais peut-être qu’une campagne publicitaire n’était pas en cours ou que les mesures installées dans mon navigateur ont été efficaces. Agissant seul, Ivan indique dans son blog « vouloir créer une équipe de développeurs », mais c’était il y a un an et la situation ne semble pas avoir évolué.
Photopea se présente comme un éditeur d’image employant le format PSD (Photoshop), XCF (Gimp), lisant aussi le PDF (Acrobat). L’interface a été calquée sur celle de Photoshop, mais pour autant ce n’est pas totalement un concurrent, surtout pour le photographe qui sait ce qu’apporte Camera Raw. Ici, seul le DNG est reconnu et la conversion manque cruellement d’options. La gestion des calques est un point fort. Pour beaucoup, par exemple ceux qui utilisent un logiciel qui en est dénué ou qui en présente un usage limité, ce logiciel gratuit est une aubaine pour pratiquer du photomontage, après avoir converti ses images ailleurs.
On y trouve des outils de sélection, les ajustements comme dans le menu Image de Photoshop, des filtres à foison, la Plume pour le dessin vectoriel et un outil Texte. Des ajustements locaux et des correcteurs de défauts sont présents. Mais l’absence d’une prise en charge complète des formats Raw et des corrections optiques, des scripts, des traitements par lots, d’automatismes fondés sur l’intelligence artificielle, de la fusion panoramique ou HDR et la non-reconnaissance de plug-ins montrent qu’il y a encore une autoroute à parcourir.
Un guide d’utilisation est en ligne ici, en anglais, comme les quelques didacticiels accessibles à cette adresse. Le logiciel, lui, est proposé en plusieurs langues, dont le français. Et surtout, il évolue vite, déjà huit mises à jour en 2018.