C’est en 1990 que la version 1 a pointé le bout de son nez, sans savoir que des années plus tard, le néologisme « photoshoper » consacrerait le plus médiatisé des logiciels de retouche, capable de bien d’autres prouesses en imagerie.
Avec sa version 1, Photoshop était un logiciel fluet, aux capacités bien faibles au regard de son champ fonctionnel actuel qui s’est ouvert à la conversion Raw, au photomontage, à la photo panoramique, au dessin, à l’imagerie scientifique, à la retouche vidéo et à la 3D. Pourtant, à cette époque, ce qu’il proposait émerveillait déjà, car la montée en puissance de l’informatique graphique n’a été qu’une longue succession de brillantes étapes accompagnant la montée en puissance des ordinateurs, pas prête de s’arrêter d’ailleurs. Une autre étape, financière celle-là, a été l’abandon de la version perpétuelle, pas vraiment donnée, pour une formule d’abonnement qui prête à débat. Elle a en tout cas réussi à Adobe qui année après année annonce des résultats financiers en hausse.
Pour ce trentième anniversaire, Adobe fait bouger les lignes de Photoshop CC et de Photoshop pour iPad, pas encore mature, mais au stade de la croissance comme un enfant qui va traverser l’adolescence avant de devenir adulte.
Photoshop, version ordinateur
La version pour ordinateur, qui sous Windows ne fonctionne plus, depuis quelque temps avec Windows 7 ou 8, bouge, mais il ne faut pas s’attendre aux fastes fonctionnels d’une édition du trentenaire. Photoshop CC évolue constamment et la nouvelle version est une étape comme l’était celle de décembre dernier, avec deux évolutions importantes : les améliorations du remplissage en fonction du contenu (content aware fill) et du Flou d’objectif. Des modifications utiles, mais rien de majeur.
Pour le remplissage intelligent, qui consiste à recréer des pixels en s’inspirant de ceux qui entourent l’objet à supprimer, Adobe propose de délimiter par un tracé la zone de pixels susceptibles de service de source, ce qui évite un phénomène que l’on connaît bien, voir apparaitre des points de remplacement issus de zones autres que l’arrière-plan de l’objet. Mieux, il est possible de définir, pour chaque objet à éliminer ce qui peut servir à son remplacement. Il n’y a bien sûr pas de miracle quand l’arrière-plan présente des structures complexes ou géométriques, mais pas tout à fait répétitives, des mentions écrites. L’association avec l’outil de clonage et de la copie avec grille de perspective s’avère alors très utile.
Quant au flou d’objectif, il bénéficie, précise Adobe, d’un plus grand naturel dans le traitement des zones spéculaires (réflexion de la lumière) et des contours. Pour cela, la nouvelle mouture de la fonction existante est confiée au processeur de la carte graphique plutôt qu’à celui de l’unité centrale.
Photoshop, version iPad
La version iPad gagne la sélection d’objets introduite l’an dernier dans la version de bureau, avec les mêmes aléas quant à la réussite à 100 % de la sélection. Bien souvent, il faut intervenir pour ajuster le contour et, hormis l’outil Plume pour tracer un contour de sélection, les commandes ne manquent pas (baguette magique, sélection polygonale, détection automatique et amélioration du contour, ajout/retrait à la sélection en cours…) de sorte qu’au final, le gain de temps est important, même s’il faut compléter l’automatisme par ses propres interventions.
L’extension des attributs typographiques du texte concerne l’espacement global des lignes et des caractères (le crénage, pour ajuster l’espace entre deux caractères, viendra plus tard), mais aussi le redimensionnement et le formatage. Manque encore le placage du texte contre un tracé, mais ce n’est que partie remise. D’autant qu’au vu de la liste des évolutions, les mises à jour vont défiler courant 2020.