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Pierre de Vallombreuse : chroniques d’un aventurier engagé

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14/08/2014 | Benjamin Favier

À la manière d’un ethnologue, Pierre de Vallombreuse mène un travail de fond sur les peuples autochtones à travers le monde depuis plus de vingt-cinq ans. Auteur de plusieurs beaux-livres (Hommes racines, Peuples, Itinérances…), il signe cette fois un récit autobiographique, où il revient sur ses reportages et expériences les plus marquantes.

Yis, Papous, Hadzabés, Palawans… Pierre de Vallombreuse passe des semaines, voire des mois en immersion auprès de ces peuples évoluant dans les contrées les plus reculées de la planète. Mais n’allez surtout pas lui parler de Rendez-vous en terre inconnue : dans le chapitre « Primitif business », il qualifie l’émission de Frédéric Lopez, diffusée sur France Télévisions, d’« affligeante » et l’accuse de «  prédation et de commercialisation » envers les peuples rencontrés. L’animateur n’est pas le seul à essuyer des critiques en matière de déontologie. Pour ne citer qu’eux, un ethnologue américain croisé dans les Philippines ou une journaliste avec qui le photographe a collaboré pour Geo en prennent pour leur grade… Lors d’un séjour en Tanzanie, il se désole du comportement de touristes face à « l’agonie » des Hadzabés. Là encore, il emploie des termes à la mesure de sa colère : « C’est un tourisme bien monstrueux, celui qui se repaît de chair exotique putride. ». Lui-même ne s’épargne pas : « Je shoote en pilote automatique, perdu dans l’acte photographique ». L’homme est engagé, révolté même. Il dit avoir choisi le noir et blanc, symbole de combat pour lui, par opposition à la couleur.

Ligne rouge

S’il dit avoir perdu nombre de ses illusions en route, le récit n’est pas amer pour autant. Il est aussi beaucoup question de bonheur et de rêve. Il parle avec amour de sa femme indienne Rukmini : suite à sa connaissance, il a mis fin à sa courte expérience en tant que reporter de guerre. Les multiples belles rencontres qu’il relate, comme celle avec Vossan, jeune Chaman Yi dans le Yunnan, constituent autant de passages émouvants. Quant à ses tranches de vie parmi les Palawans (près de deux ans en tout), il les assimile à une seconde naissance, « infiniment plus belle que la première ». La manière dont il décrit le mode de vie de cette tribu fait écho aux séquences oniriques de La ligne rouge, film de Terrence Malick cité en préambule. C’est dans un décor idyllique semblable, au beau milieu de la jungle philippine, qu’un ami proche, Ukir, récemment décédé, lui pose cette merveilleuse question, qui figure en couverture du livre. « C’est la plus belle qu’on m’ait jamais posée », avoue Pierre de Vallombreuse. Plus proche de Tristes tropiques que des récits de voyage d’Éric Valli ou du couple Föllmi, Y a-t-il la lune chez toi ?, est un témoignage à la fois généreux, douloureux et d’une grande humanité, à l’image des personnalités qui ont influencé l’auteur : Joseph Kessel, qu’il a côtoyé dans son enfance, mais aussi le photographe tchèque Koudelka et surtout Paul Nizan (Aden Arabie est cité plusieurs fois). Un autre homme révolté.

- Y a-t-il la lune chez toi ?
- Pierre de Vallombreuse
- Le Passeur Éditeur
- 14 x 20,5 cm
- 240 pages
- 19,90 €

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