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Pieter Hugo

technique
12/11/2009 | Benjamin Favier

Sa série intitulée The Hyena Men l’a fait connaître du grand public. Pieter Hugo est un photographe sud-africain profondément attaché à son pays… et à son continent. Son travail est actuellement exposé aux Rencontres de Bamako.

Ils s’appellent les Gadawan Kura. Des saltimbanques qui taillent la route à travers leur pays, le Nigeria, accompagnés d’animaux sauvages. Ils gagnent leur vie ainsi, à coup de numéros hyènes, singes et serpents. Pieter Hugo se rend à Lagos, la capitale, en 2005, après avoir lu un article dans un journal sud-africain. Avec l’aide d’un journaliste local, il prend contact avec les artistes de rue. De brousse, plus exactement. Il passe huit jours à leur côté. Résultat, des portraits forts, détonnants. On voit des hommes massifs, une hyène tout aussi imposante au bout d’une chaîne. Tantôt muselée, tantôt le museau au vent. Ou encore un python géant caressé par un gamin sous le regard bienveillant du charmeur. Les babouins viennent compléter la troupe, qui prend des allures de cirque, sans chapiteau. Pieter revient les voir deux ans plus tard pour une nouvelle série. Plus intime cette fois. « Les premières images ont engendré toutes sortes de réactions. Beaucoup de gens étaient fascinés. Mais des associations de défense des droits des animaux m’ont aussi contactées pour intervenir. » Le photographe précise toutefois que les artistes bénéficient d’une autorisation des autorités nigérianes. Et préfère retourner le problème. « Le monde occidental se préoccupe du traitement infligé aux animaux. Mais la question n’est pas là. Il faut plutôt se demander pourquoi ces artistes ont besoin d’animaux sauvages pour gagner leur vie. Ou pourquoi ils vivent en marge de la société. Ou pourquoi le Nigeria, sixième exportateur mondial de pétrole, est en proie à une telle misère. » Pieter Hugo n’est pas avare de mots. Ses images, en plus de leur force esthétique, témoignent d’un réel engagement.

L’Afrique au cœur

Dix ans après le génocide rwandais, Pieter revient sur les lieux du massacre : tombeaux, squelettes d’enfants : ces images terribles semblent avoir été prises sur un chantier de fouilles archéologiques, exhumant des objets vieux de quelques milliers d’années. Mais ces « vestiges » (le portfolio s’intitule Vestiges of a genocide) ont à peine dix ans lorsqu’il les fige, en 2004.
Le reste de son œuvre confirme une volonté de dénoncer les maux qui paralysent le continent noir. Le court portfolio The Beareaved, montre des victimes du Sida, dans leur cercueil. Un travail en cours. Sa longue série Looking aside se penche sur les laissés pour compte de la population sud-africaine. Des personnes de tous âges, atteintes de d’albinisme (maladie génétique de la peau qui entraîne des troubles de la vision) y figurent en bonne place. Au beau milieu de ce cortège coloré de portraits serrés, celui du jeune photographe de Cape Town, né en 1976, apparaît. Cette série dépasse désormais les limites de l’Afrique du Sud, puisqu’il s’étend à d’autres pays autour du globe.Toujours à l’affût de sujets originaux, Pieter s’est penché l’an dernier sur le phénomène Nollywood : une industrie filmographique qui s’évertue à perpétrer les traditions africaines, transmises oralement ou par écrit, à travers des images animées. Des œuvres en général surjouées, pas vraiment raffinées. Il a fait poser les acteurs, affublés de costumes dignes d’Halloween, hors champ, dans la nature. Des clichés qui frôlent le surréalisme, à la fois drôles et grotesques. Le travail de Pieter Hugo a déjà été salué à de nombreuses reprises, notamment aux Rencontres d’Arles en 2008 (Prix Découverte) et à l’occasion du fameux World Press en 2006 (premier prix dans la catégorie Portraits). Il est actuellement à l’honneur aux Rencontres de Bamako, la biennale africaine de la photographie, jusqu’au 7 décembre.

Crédits photos : Pieter Hugo

- Le site de Pieter Hugo

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