Les éditions Prestel sortent un ouvrage rassemblant les travaux les plus marquants du photographe sud-africain. À regarder et lire sans modération (en anglais).
Vous vous souvenez peut-être de ses portraits d’hommes noirs puissants, accompagnés de hyènes muselées, en pleine rue, au Nigéria. Avec la série Hyena & Other men, Pieter Hugo a marqué les esprits, il y a dix ans. Comment ne pas faire d’analogie avec August Sander (lire la rubrique « Influences » consacrée au photographe dans MDLP 97), quand on découvre l’œuvre du photographe sud-africain, et son approche du portrait. D’ailleurs, pour illustrer l’essai introductif de Ralf Beil, figure une célèbre photo de Sander : un troubadour portant un chapeau, tenant un ours noir au bout d’une chaîne. On pense aussi à Diane Arbus. Comme la photographe américaine, Pieter Hugo montre des individus mis au ban de la société. Parfois, il apparaît lui-même dans ses séries : « Je suis à la fois le concepteur et un protagoniste marginal, en quelque sorte, de mes séries sur des gens eux-mêmes marginaux. »
Cette monographie, remarquablement imprimée, rassemble les principaux travaux de Pieter Hugo. Il nous fait découvrir le quotidien de chasseurs de miel au Ghana, qui prennent d’énormes risques pour le récolter ; le phénomène Nollywood au Nigéria ; un travail plus scientifique revient sur les traces du génocide au Rwanda, dix ans plus tard ; s’échappe en Californie et à Pékin, s’intéressant respectivement aux sans-abris et aux familles. Mais son œuvre la plus personnelle, et certainement la plus aboutie, reste Kin. Il s’interroge sur sa place, en tant que citoyen d’une société toujours fracturée par des années d’Apartheid. Et il est loin d’avoir trouvé des réponses…
Between the devil and the deep blue sea
Par Pieter Hugo
Éditions Prestel
304 pages
25,1 x 30 cm, 60 $