Premiers accrocs aux arènes

©Bruno Calendini / www.calendini.com

Le lendemain matin, aux guichets de l’arène, nous achetons nos tickets pour la corrida qui commencera à 17 heures ce soir. Nos premiers sésames en poche, nous flânons un peu dans les rues de Séville avant de filer à Las piletas, le lieu de notre rendez-vous avec Martine, une française installée en Espagne et spécialiste de la tauromachie. Las piletas est un bar taurin old style, dans la plus pure tradition. Ses murs sont couverts de cartels (affiches) officielles, de photographies et de trophées (des têtes de taureaux tués aux arènes) tandis que de magnifiques et goûteux jambons pendent au dessus d’un immense bar ébène. L’endroit est impressionnant et chargé d’histoire. Nous attendons Martine et nous sommes un peu tendus. Ici, les journalistes sont accueillis avec méfiance et de notre réussite à la convaincre sur la sincérité de nos intentions dépend le succès de notre reportage.

Un énergique petit brin de femme habillé d’une robe traditionnelle entre dans le bar, salut tout le monde et se présente à nous. Nous nous installons et à la joie de faire connaissance succède l’exposé de nos objectifs : nous aimerions pénétrer un peu le monde de la corrida et essayer de mieux comprendre cet univers très codé. Martine nous met en garde : rien d’irréalisable en soi mais il faudra montrer patte blanche et revenir, car actuellement, le monde du taureau vit au rythme de la féria et rien d’autre ne compte. En déjeunant, Martine nous livre ses premières infos et nous apprenons au passage que les toreros rentrent dans les arènes via une ruelle, où ils sont attendus par la foule comme de véritable rock stars. Nous apprenons également que le petit-fils d’Antonio Ordonez, Rivera Ordonez doit combattre samedi dans une des corridas les plus attendues de la féria. Antonio Ordonez est l’un des célèbres protagonistes de Un été dangereux et fut l’ami personnel d’Ernest Hemingway. Il est considéré par nombre d’initiés comme l’un des plus grands toreros que l’Espagne ai connu. L’occasion est trop belle de photographier son descendant dans les arènes. Nous quittons Martine et filons acheter de nouveaux billets pour la corrida de samedi. Stupeur, tout est complet. Un homme nous interpelle, nonchalamment. Dans un espagnol inaudible et entre deux graines de tournesol grignotées, il nous propose d’acheter les précieux tickets au marché noir : 100 € pour des emplacements qui coûtent normalement 3 fois moins. Nous tentons une négociation qui n’en a que le nom ; l’homme est sûr de vendre. Nous cédons en espérant que les places que nous venons d’acheter nous permettront de faire quelques images intéressantes.