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Regard passionné sur la photo documentaire

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19/06/2013 | Benjamin Favier

Ce livre relève plus de l’essai que du guide pratique. L’auteur a volontairement relégué la technique et le matériel au second plan, faisant la part belle à l’approche et au ressenti. Un exercice de style convaincant.

Le choix du terme « documentaire » permet à l’auteur de dépasser la notion de reportage. Et de toucher un public plus large. Car il s’agit avant tout de définir un sujet, quel qu’il soit, et de le définir en images. Aussi bien avec un reflex professionnel qu’un smartphone. Que l’on se trouve dans un lieu exotique ou tout près de chez soi. Stephanie Calabrese Roberts met ainsi l’accent sur l’importance de la narration. Elle énonce d’emblée que la technique et le matériel ne s’inscrivent pas au cœur de sa démarche éditoriale.

Dès le premier chapitre, elle donne la parole à des photographes de tous horizons. Six à dix pages sont consacrées à chacun d’eux. L’auteur prend le temps de nous faire découvrir l’univers des différents protagonistes : parcours, inspiration, approche et vision sont des mots-clés récurrents. La mise en page, très réussie, met bien les images en valeur. Un court verbatim à la première personne revient sur le contexte de chaque prise de vue.

C’est peut-être là que l’absence de commentaire technique se fait le plus sentir (il y en a parfois, mais trop rarement). On aurait aimé lire les données Exif, mais aussi des conseils sur la gestion de la lumière ou le choix de telle ou telle focale. Les problématiques liées au matériel et au traitement sont abordées en conclusion, de façon assez légère.

Simplicité et persévérance

Des quatre chapitres (Dans l’esprit du photographe documentaire, Développez votre créativité et découvrez votre style, Trouvez un sujet et planifiez votre projet, Faites tomber les barrières et laissez-vous guider par votre sujet), le premier demeure le plus envoûtant et le plus complet.

On se régale en lisant les expériences d’Ed Kashi, Beth Rooney ou Eliott Erwitt, immense photographe de l’agence Magnum. L’un de ses propos reflète parfaitement le credo de cet ouvrage : « La photographie consiste juste à remarquer des choses et à les replacer dans leur contexte. C’est tout. Plutôt simple. » À découvrir aussi, l’extraordinaire épopée de Rick Smolan, qui a suivi l’écrivaine et dresseuse de chameaux Robyn Davidson dans un périple de près de 3 000 km à travers l’Australie. L’histoire de la femme et de son mammifère a fait la Une du National Geographic en mai 1978. Le photographe parle aussi bien de ses moments de gloire que de ses frustrations. Il passe beaucoup de temps à documenter la vie de sa famille, avec son téléphone…

Il ne faut pas s’étonner des fréquentes allusions à ces nouveaux outils numériques, Stephanie Calabrese Roberts ayant signé un livre sur « l’iphonographie » chez le même éditeur (Eyrolles). On peut s’interroger sur la pertinence de proposer des fiches à remplir, façon cahier de vacances, sur un livre aussi bien conçu (maquette, impression). Ou sur l’ordre des chapitres, le troisième semblant plus important que le second, par exemple. Reste que l’auteur réussit brillamment à partager sa passion. Ce livre sonne comme une formidable ode à la pratique de la photographie et à la persévérance.

- La photo documentaire
- Par Stephanie Calabrese Roberts
- Éditions Eyrolles
- 192 pages
- 24 €

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