En marge de la présentation, nous avons pu réaliser quelques images avec le dernier-né de la famille 24 x 36 hybride Sony. Premières impressions.
Vous pouvez lire ici notre brève présentation de l’A7R IV, dévoilé le 16 juillet par Sony. Pendant un peu moins de deux heures, nous avons eu l’occasion de prendre en main le boîtier 24 x 36 de la marque, le premier à offrir une définition de 61 Mpxl sur ce segment.
En passant de l’A7R III à l’A7R IV, on constate d’emblée que le design de la poignée a été revu. Affinée, mieux « creusée », elle améliore la prise en main. Pourtant, les dimensions, bien qu’elles soient en hausse par rapport au précédent modèle, demeurent contenues : 128,9 x 96,4 x 77,5 mm pour le Mark IV contre 126,9 x 95,6 x 73,7 mm pour le Mark III. Idem pour le poids. Pesant 665 g nu avec carte et accu (657 g pour l’A7R III), il est loin des 1,02 kg du Lumix S1R et demeure plus léger que le Nikon Z7 (675 g), deux boîtiers stabilisés, également dotés de stabilisateurs et d’une définition respective de 47 et 45 Mpxl.
L’ergonomie évolue de manière subtile. L’agencement des touches demeure identique au dos ; toutefois, le joystick, absent sur les deux premières générations d’A7, a été légèrement agrandi et le revêtement ressemble à ceux des Nikon Z ou D5.
Sur le dessus, la molette dédiée à la correction d’exposition, bien que le crantage soit bien marqué, est désormais verrouillable, au choix (il faut pour cela presser le bouton au centre). Et la roue arrière apparaît entièrement sur le dessus, et s’avère particulièrement douce à actionner.
Sur le côté droit, la trappe d’accès aux deux compartiments pour cartes SD s’ouvre simplement en la faisant glisser vers l’arrière, alors qu’elle était verrouillée sur l’A7R III. Le logement I est désormais situé en haut, pour éviter toute confusion. Et les deux emplacements sont compatibles UHS-II, alors que seul le premier l’était sur l’A7R III.
En deux heures – dont une passée dans un studio – nous n’avons pas eu le temps de tester sur la durée la résistance de l’A7R IV aux intempéries. Nous l’avons en revanche sollicité une bonne vingtaine de minutes sous une pluie abondante, avec le zoom 16-35 mm f/2,8 G Master, Sony arguant avoir nettement renforcé le degré de protection, par rapport aux précédents A7.
Status quo pour l’écran LCD. Il mesure toujours 3 pouces et offre une définition de 1,44 Mpts, tandis que les principaux concurrents, les Lumix S1R et Nikon Z7, possèdent une dalle de 3,2 pouces et 2,10 Mpts. Il sera néanmoins possible, sur le Mark IV, de faire la mise au point tactilement pendant un tournage.
En revanche, il est dommage, à notre avis, que Sony n’ait pas fait évoluer le mécanisme de basculement de l’écran LCD, seulement inclinable vers le haut (107°) et le bas (41°) ; ainsi, nous aurions aimé qu’il soit possible de déporter l’écran en tenant l’appareil à la verticale, en hauteur ou au ras du sol, pour faciliter le cadrage. À l’image de ce que proposent Les Lumix S ou Fujifilm, sur ses X-T2, X-T3, X-T30 ou GFX100.
Le mode de prise de vue multiple à décalage de pixels, offre deux options : sur quatre (comme sur l’A7R III) ou seize vues (trépied obligatoire), pour obtenir un fichier de 240 Mpxl. Dans ce mode, c’est l’obturateur électronique qui est sollicité. Nous avons pu faire plusieurs essais. Seuls les Raw sont enregistrés, et l’assemblage final ne peut être vu sur l’appareil. Il faut passer par les logiciels « maison », Viewer et Edit, pour le visionner.
Si vous n’avez pas besoin d’exploiter la totalité de la définition du capteur (61 Mpxl), il est possible d’opter pour une définition de 26 Mpxl – l’A7 III offre 24 Mpxl – ou pour le mode Super 35 mm – en Raw ou en Jpeg – ce qui permet de photographier à 26 Mpxl, une définition supérieure à celle de l’A6500.
La cadence reste quoiqu’il en soit à 10im/s, mais avec un suivi de l’AF et de l’exposition sur toutes les images, ainsi qu’un suivi en temps réel sur les yeux ou visages d’une personne ou d’un animal en mouvement (en photo et en vidéo), dans la lignée de la mise à jour 5.00 opérée sur l’A9. Nous n’avons pas eu l’occasion de tester cela sur des scènes d’action.
En portrait, en mode AFC, la détection des yeux, initiée par Sony, fonctionne très bien. Il est possible de déplacer le collimateur pour faire le point sur un autre œil, mais par défaut, en mode Auto, l’autofocus privilégie celui qui se trouve le plus près de l’appareil. Nikon a récemment fait évoluer ses Z6 et Z7 sur ce point, via une mise à jour de firmware 2.00.
Le viseur Oled progresse par rapport à l’A7R Mark III, la définition passant de 3,68 Mpts à 5,76 Mpts. Une définition équivalente à celle des Lumix S. Néanmoins, les premiers déclenchements ont révélé un affichage moins contrasté par défaut, alors que nous avions passé un certain temps à paramétrer l’EVF dalle des Lumix S1 et S1R ; surtout, nous n’avons pas constaté de « retard à l’allumage » avec l’EVF de l’A7R Mark IV, en sortant du mode veille, alors que les Lumix S1 et S1R nous avaient joué quelques mauvais tours dans des conditions similaires (lire ici). Par ailleurs, en photographiant à 10 im/s, nous n’avons constaté aucun « lag » au niveau de l’affichage. À noter, pour ceux qui en auraient l’habitude en utilisant des boîtiers d’autres marques, il est possible d’utiliser le LCD comme un « trackpad », en ayant l’œil au viseur.
Pas question ici, de tirer des conclusions, à l’issue de deux heures de prise en main. Toutefois, cette sessions livre quelques enseignements sur cet A7R Mark IV. Au-delà de l’argument marketing, qui fait de ce modèle le premier appareil 24 x 36 à offrir une définition de 61 Mpxl, le successeur de l’A7R III séduit sur de nombreux points. Le viseur est vraiment superbe ; l’ergonomie évolue par petites touches, mais s’avère pertinente, notamment pour ce qui est de la mise au point (sur l’écran pendant un tournage, ou via le joystick, redessiner) et de la prise en main, grâce à un grip dont le design a été revu ; quant au mode de prise de vue multiple, il sera intéressant de scruter les fichiers Raw (dès que nous pourrons ouvrir les ARW de 125 Mo issus de l’A7R IV) résultant d’un assemblage de seize vue, pour une définition de 240 Mpxl . Si les résultats sont probants, ce serait une pierre envoyée dans le jardin de Fujifilm et son moyen-format de 100 Mpxl, le GFX100 : il y a toutes les raisons de le penser, en espérant que le traitement de l’image soit à la hauteur, car le capteur offre le même pouvoir séparateur que celui du GFX100 ; la cadence de 10 im/s impressionne également, étant donné la définition de 61 Mpxl, et positionne l’A7R Mark IV devant ses principaux rivaux, les Lumix S1R et Nikon Z7 ; enfin, le soin apporté à la construction, avec une robustesse accrue, va dans le bon sens, d’autant que la compacité de la série A7 est préservée.
Les déceptions se situent principalement dans le domaine de la vidéo. Sony laisse pour l’instant le champ libre aux Lumix S, en ne proposant ni de mode 50 im/s en 4K UHD, ni la possibilité de tourner en 10 bits (avec ou sans enregistreur externe). Malgré la présence des profils S-Log3 et S-Log2, ainsi que la pléthore de réglages nichés dans les menus, les puristes attendront le renouvellement de l’A7S II, sorti en septembre 2015… En revanche, l’A7R Mark IV devient le premier appareil de la série à être entièrement compatible avec le nouveau micro numérique ECM-B1M (nous allons revenir sur cet accessoire, exempt de câble et qui combine micros omnidirectionnel, cardioïde et canon en un seul modèle, dans un autre article), via une nouvelle griffe porte-accessoire multi-interface.
L’ergonomie évolue dans le bon sens, mais l’écran LCD gagnerait à être articulé en position verticale. En outre, il serait bienvenu que Sony procède à une refonte des menus internes, loin d’offrir la clarté des Canon EOS, qui demeurent, selon nous, la référence en la matière à l’heure actuelle.
L’A7R IV, outre sa très haute définition, n’apporte pas de réelle innovation, là où l’A7R II embarquait un capteur Cmos 24 x 36, et l’A9 un Cmos de structure « empilée ». Alors que nous attendions plutôt un successeur de l’A9 ou de l’A7S II, Sony détrône les EOS 5DS et 5DSR, qui détenait jusqu’ici le record de la définition en 24 x 36 (50 Mpxl), en précisant que le processeur BionZ, à l’œuvre dans les A9 et A7R III, avait déjà été conçu pour une définition de 61 Mpxl. Rien de révolutionnaire donc avec cet A7R IV, mais une démonstration de force, qui atteste de la maturité acquise et de l’avance sur la concurrence par la marque, presque six ans après le lancement des deux premiers A7. La gamme optique en monture E, récemment enrichie de deux longues focales, les 200-600 mm (lire notre prise en main aux 24h du Mans) et 600 mm f/4 FE, ainsi que du 35 mm f/1,8 le confirme.
Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous en septembre, avec, nous l’espérons, un test complet de l’A7R IV (et du 35 mm f/1,8), dans notre numéro 119.