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Sony A7S III : sensible et sans surenchère

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28/07/2020 | Benjamin Favier

Cinq ans après l’annonce de l’A7S II, l’A7S III apporte des évolutions importantes, en interne et au niveau de l’ergonomie et se pare d’un viseur exceptionnel, sur le papier. Il conserve toutefois la définition de ses aînés, mais avec un capteur BSI, et se montre prudent au niveau de la définition, par rapport à la concurrence.

Présentation

Le voici enfin, le successeur de l’A7S II. Sorti en septembre 2015, l’A7S II a connu une longévité inhabituelle chez Sony, en tant sur porte-étendard des A7S. Entre-temps, d’autres acteurs sur le front de l’hybride 24 x 36 sont venus se positionner sur le créneau vidéo. Notamment Sigma avec le singulier et compact FP, puis dans la foulée Panasonic, depuis un peu moins d’un an, avec le Lumix S1H et son mode 6K (et l’annonce du format Raw depuis ce matin, en 6K, 4K et 3,5K anamorphique, à chaque fois via la sortie HDMI). Plus récemment Canon a dévoilé les EOS R6 et R5, ce dernier offrant la possibilité de tourner en 8K, au format Raw, en interne… même si les limitations de durée liées à la surchauffe du capteur, communiquées par Canon, suscitent de nombreuses interrogations, en attendant les tests.

C’est dans ce contexte que Sony lance son A7S III. L’identité du nouveau avait était annoncée, en amont des lancements des EOS R6 et R5. Lors d’un entretien accordé à nos confrères de DPReview, un représentant de la marque assurait que « tout serait nouveau », dans le successeur de l’A7S II. Pas de révolution pour autant. Sony a plutôt cherché à consolider des acquis, et corriger des défauts de l’A7S II. En se payant le luxe, au passage, de l’affubler du viseur le plus défini du marché…

Sage continuité

L’augmenter, ou pas. Telle était la question, légitime, quand il s’agissait de deviner la définition du capteur, située à 12 Mpxl, sur les deux premiers A7S. Sony s’est finalement résolue à la conserver sur l’A7S III. Avec une différence importante par rapport aux deux précédents modèles, puisque le capteur est désormais rétro-éclairé (BSI). La plage de sensibilité native s’étend de 80-102 400 Iso. Elle croît de 40 à 409 600 par extension. Sony revendique une dynamique de 14 IL. En vidéo, avec les profils S-Log, elle atteindrait 15 IL. Par défaut, dans ces conditions, la sensibilité native est de 640 Iso, et il sera possible, par extension, d’opter pour 160 Iso, ce qui sera intéressant par exemple pour s’affranchir de filtres ND, en cas de forte luminosité.

À la manœuvre, une nouvelle génération de processeur : le BionZ XR, annoncé comme étant huit fois plus rapide que l’actuel BionZ X, logé dans les récents hybrides 24 x 36 en monture E, comme l’A7R IV. La stabilisation sur cinq axes est toujours là, et peut être complétée, en vidéo, par un système numérique, comme sur les ZV-1 ou RX0, moyennant un très léger recadrage.

4K à la folie

L’A7S III ne pourra pas aller au-delà de la définition 4K. Sur toute la largeur du capteur, À
à 50 im/s, sur 500 Mbps, en 4:2:2 10 bits, en mode ALL-I (All Intra, chaque image est encodée de manière indépendante), avec un nouveau codec à la clé : XAVC S-I (H.265). En Long Gop (les images sont regroupées lors de l’enregistrement contrairement au mode All Intra, ce qui allège les fichiers), on filme en 4:2:2 10 bits à 50 im/s avec un débit de 280 Mbps et là aussi, un codec inédit est à l’œuvre : XAVC HS (H.265). Tout cela est accessible en interne. Pour le mode All Intra, Sony garantit une durée de tournage d’au moins une heure en continu, en se basant sur une température de 25°, sans risque de surchauffe, une fois la fonction Temps hors tension auto réglée sur Élevé (comme sur le ZV-1, sorti récemment, en test dans notre numéro 128). La marque précise au passage que la dissipation de la chaleur serait cinq fois plus efficace, par rapport aux A7/A9 actuels. Elle n’indique pour l’instant aucune donnée concernant les temps de refroidissement nécessaires avant de relancer un tournage ; et ne donne pas de précision sur la nature et le fonctionnement, annoncé comme silencieux, du système de refroidissement.

Raw en HDMI

Pour accéder au format Raw (16 bits), à 50 im/s, il faut passer par la sortie HDMI, et confier l’enregistrement à un appareil comme l’Atomos Ninja V. En interne, on pourra aussi filmer en 4K à 100 im/s (mode PAL, ou 120 im/s en NTSC, il faut définir la région dans les menus), avec un débit de 250 Mbps, en 4:2:2 10 bits (en HDMI), avec autofocus, mais sans captation du son, et avec un léger recadrage (1,1x). En 1080p, on atteint 200 im/s (240 im/s NTSC), comme sur le Fujifilm X-T4. Quel que soit le mode vidéo utilisé, pas de possibilité de prendre une photo pendant le tournage. Le rendu des couleurs avec les courbes gamma S-Log (S-Log 3 et S-Log 2) serait amélioré par rapport à l’A7S II, via le profil S-Gammut3 Cine. La plage dynamique serait de 15 IL. On trouve aussi le profil d’image HLG (Hybrid Log-Gamma) sur 10 bits, également accessible sur l’A7R IV, pour les flux de travail HDR instantanés.

L’A7S III est bien entendu compatible avec le micro externe numérique ECM-B1M, lancé en même temps que l’A7R IV. Dix profils de couleur seront accessibles en modes photo/vidéo, dont quatre nouveaux : FL (Film like tone) ; IN (Instant camera tone) ; VV2 (Vivid tone with bright color) ; SH (Soft & Highkey). Au passage, le format Heif (10 bits), notamment vu sur les Canon EOS-1D X Mark III, R6 et R5, fait son arrivée dans les menus de l’A7S III.

Stockage inédit

Pour enregistrer ces données, Sony mise sur deux compartiments pour cartes SD, tous deux compatibles avec la norme UHS-II. Mais aussi sur des CFexpress Type A, qui peuvent être logées dans les mêmes compartiments. Un format inédit, plus fin et moins rapide que les CFexpress Type B, à l’œuvre dans les EOS R5, 1D X Mark III ou Lumix S1/S1R, par exemple. Sony sera dans un premier temps la seule marque à proposer ce type de carte, à partir du mois de septembre. Il faudra compter 230 € pour 80 Go et 440 € pour 160 Go. Un lecteur (standard USB 3.2) pour SD et CFexpress Type A sera disponible au prix de 140 €.

AF revu et cadence en hausse

Le système autofocus Fast Hybrid AF, effectif dans tous les modes vidéo, incluant les modes slow motion, repose sur 759 points à détection de phase et 425 points à détection de contraste. Il couvre 92% de la surface du capteur. En basse lumière, le collimateur central serait efficace jusqu’à - 6 IL, en photo. En vidéo, plusieurs paramétrages fin, notamment pour gérer les transitions flou/net, seront proposés. D’après Sony, la fonction de détection des yeux (Eye AF) serait 30% plus efficace, par rapport aux A7/A9 équipés du processeur BionZ X.

De quoi exploiter la cadence de 10 im/s (doublée par rapport à l’A7S II), une donnée égale à celle proposée par l’A7 III, même si ce dernier est pourvu d’un capteur de 24 Mpxl. D’après Sony, avec une carte CFexpress Type A, il sera possible d’engranger un millier de Raw sans compression en rafale avec l’A7S III. Les menus ont fait l’objet d’une refonte complète. L’interface est désormais organisée à partir d’onglets verticaux et les modes photo et vidéo pourront être enregistrés distinctement. Pour l’instant, pas de mise à jour de firmware prévue pour que les précédents A7/A9 accède à cette réorganisation.

Visée record et LCD multi-orientable

S’il est d’abord conçu pour un usage vidéo, l’A7S III se pare d’un viseur à hauteur d’œil d’une impressionnante définition : alors que le seuil était jusqu’à présent situé à 5,76 Mpts, la dalle QXGA Oled de l’A7S III comporte 9,44 Mpts, avec un rafraîchissement à 120 im/s, un grossissement 0,9x et un dégagement oculaire de 25 mm – qu’il sera possible d’ajuster.
L’écran LCD est le premier de la série A7/A9 à être articulé sur une rotule. Mesurant 3 pouces, il offre une définition correcte, à 1,44 Mpts. Par ailleurs, le champ d’action de la fonction tactile devrait enfin être élargi, notamment en mode Lecture.

Pour finir, un point qui a beaucoup frustré les utilisateurs d’A7S II : l’A7S III sera alimenté par l’accu NP-FZ100, que l’on trouve sur les A7 de troisième et quatrième génération et dont les performances font oublier celles de la NP-FW50.

L’A7S III sortira en septembre au prix de 4200 € nu.

- Le site de Sony

Premier avis

L’A7S III est peut-être le modèle ayant le plus fait l’objet de rumeurs, à l’ère de la photo numérique, avec le 7D Mark II. Cinq ans ont également séparé les deux générations de 7D chez Canon. Longue fut l’attente pour les possesseurs d’A7S II. Le tournage en 4K à 50 im/s se faisait attendre, d’autant que la concurrence le propose depuis quelques temps – le Lumix S1H en tête – et l’autonomie laissait vraiment à désirer. Si tout est nouveau, par rapport à l’A7S II, le nouveau venu ne révolutionne pas la formule. Sony ne gonfle pas les muscles comme Canon l’a fait en vantant le mode 8K de l’EOS R5 et n’égale même pas le mode 6K du Lumix S1H. Cependant, elle consolide ses acquis, en procédant à des ajustements qui paraissent pertinents, sur le papier.

Le capteur BSI en premier lieu, devrait encore améliorer le rendement, déjà excellent sur les deux précédents A7S, en basses lumières. Le changement d’accu s’imposait aussi, tandis que les évolutions de l’autofocus, des modes de visée qu’il s’agisse de l’EVF (et quel viseur, a priori, il nous tarde de l’essayer…) ou de l’écran LCD, orientable comme celui du ZV-1 sont les bienvenues. Les différentes cadences annoncées sont intéressantes, notamment le mode à 100 im/s en 4K. Il faudra voir dans quelles mesures l’A7S III résistera mieux à la hausse de température inhérente à la ultra haute définition à 50 et 100 im/s, face à l’EOS R5, et au S1H (limité à 50 im/s en 4K). Ce dernier possède un ventilateur, et nous voyons les polémiques dont fait l’objet le R5, dépourvu de tout système de refroidissement. Sony semble confiant dans sa communication, évoquant une fonction silencieuse. Nous tâcherons d’élucider cela lors de nos tests.

La formule est en tout cas prometteuse. Même si certains points comme l’absence de Raw en interne, en vidéo, et la stabilisation (en retrait par rapport à la double stabilisation des Lumix et probablement des EOS R6 et R5) demeurent en retrait par rapport à des modèles concurrents, le savoir-faire de Sony en vidéo est incontestable, et cet A7S III semble parfaitement taillé pour des productions professionnelles.

Fiche technique

  • Capteur : Cmos Exmor R (BSI) 23,8 x 35,6 mm de 12,1 Mpxl effectifs
  • Définition maximale : 4 240 x 2 832 pixels (format 3/2)
  • Monture/Coefficient : Sony FE (1x)
  • Sensibilités : 80-102 400 Iso (40-409 600 par extension)
  • Vidéo : XAVC-S (H.264) standard 4K 100/50/25p ; S&Q : 4K 100/50/25/12/6/3/2/1p XAVC- HS (H.265) standard 4k 100/50p ; S&Q : 4K 100/50/25/12/6/3/2/1p XAVC S-I (H.264) standard 4k 50/25p ; S&Q : 100/50/25/12/6/3/2/1p Tournage en 4K Raw 16 bits à 50 im/s via sortie HDMI
  • Formats de fichiers : Jpeg, Heif, Raw, XAVC S, AVCHS, XAVC S-I, MP4
  • Protection du boîtier : oui
  • Stabilisateur : oui (cinq axes)
  • Visée : Oled 9,44 Mpts, grossissement 0,64x, dégagement oculaire de 25 mm, taux de rafraîchissement 100 im/s
  • Moniteur : 3 pouces, 1,44 Mpts, tactile et orientable dans toutes les directions
  • Flash intégré : -
  • WiFi/Bluetooth/GPS : Oui/Oui/-
  • Autofocus : 759 points (détection de phase), 425 points (détection de contraste) couverture de 92% ; sensibilité à - 6 IL sur le collimateur central
  • Vitesses : 1/8 000s à 30s (obturateur mécanique ou électronique)
  • Rafales : 10 im/s
  • Stockage : 2x SD (UHS-I/II) ou 2x CFexpress Type A
  • Interfaces : USB (Type-C), micro 3,5 mm, casque 3,5 mm, micro HDMI (type A)
  • Alimentation : NP-FZ100
  • Accessoires : Cordon d’alimentation, adaptateur secteur, accu NP-FZ100, protecteur de câble, œilleton de visée, câble micro USB, cache griffe porte-accessoire, bandoulière, capuchon de protection
  • Dimensions/Poids : 129 x 97 x 70 mm / 699 g (avec accu et cartes mémoire)

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