Stanley Greene est décédé ce vendredi à Paris. Le photojournaliste est entre autres connu pour son travail sur la Tchétchénie réalisé à partir de 1994.
Triste nouvelle pour le monde de la photographie. Stanley Greene est mort vendredi 19 mai. Le décès du photojournaliste dont le travail était en partie axé sur les territoires de l’ex-URSS a été annoncé ce matin par Jean François Leroy. « Stanley vient de mourir. Je l’avais rencontré en 1994, et depuis, nous étions très proches… Face à la maladie, il a toujours été très optimiste, et a tenté de lutter, jusqu’au bout… », a écrit le fondateur du festival Visa sur sa page FB officielle. Le photographe de guerre originaire de Brooklyn avait 68 ans.
Des Dead Kennedys…
C’est à partir des années soixante-dix que Stanley Greene commence la photographie, nous rappelle la biographie éditée par son agence Noor. Jusqu’en 1985, le photographe documente la scène punk de San Francisco dont il fait partie avec The Western Front. « J’étais entouré de ces groupes de rock, à la fois punks et artistes. Tout à coup ces groupes ont voulu des images (…) le mouvement punk venait de naître, alors parfois je les prenais en photo. Et sans m’en rendre compte, je suis devenu photographe professionnel alors que j’étais toujours étudiant en art… », avait expliqué le photographe à propos de ses débuts lors de la sortie d’un livre regroupant ces clichés.
Quelques années plus tard, changement de décor. L’ancien assistant de W. Eugène Smith s’intéresse à la chute du mur de Berlin et aux bouleversements politiques des territoires de l’ex-URSS ce qui donnera naissance à Kisses to all, sa photographie la plus connue. Cette carrière de photographe de guerre humaniste sera récompensée par cinq World Press, le W. Eugene Smith Award (2004) ; le Prix International Planète Albert Kahn (2011) ; le Aftermath Project Grant (2013) et plus récemment par le Lifetime Achievement Visa d’Or Award (2016).
… aux conflits majeurs
Darfour, Irak, Afghanistan… En plus de quarante ans de carrière, le photographe ex-membre de l’Agence VU aura documenté des conflits majeurs du XXe siècle. Mais c’est son travail sur la Tchétchénie qui lui collera surtout à la peau :
« Mon nom est toujours rattaché à la Tchétchénie, comme si je n’avais couvert que ce conflit. Mais j’étais au Rwanda, au Soudan, dans le Caucase où je me suis rendu régulièrement de 1993 à 2007, en Irak. Et puis peu de gens savaient que j’ai commencé dans la mode. J’avais besoin de rappeler tout ça »,nous avait d’ailleurs confié l’ex-membre du Black Panther Party lors de la sortie de livre Black Passport.
Parmi ses autres reportages, on retrouve aussi Katrina, sur les destructions de l’ouragan et ses conséquences sur les populations (pillages, ségrégation insidieuse, famine…) et Nightmare Republic une série réalisée en Haïti après le tremblement de terre.
Stanley Greene laisse derrière lui une œuvre riche et de nombreux ouvrages tels que Plaies à vif, Tchétchénie 1994-2003 (2003), son témoignage sur la Tchétchénie compilant dix années de travail, Katrina : An Unnatural Disaster (2006) et plus récemment Black Passport (2009).
Crédit image d’accueil : Benjamin Favier