Stephen Shore, un combat ordinairelundi 11 août 2008, par Benjamin Favier
11/08/2008- Armé d’un Rollei 35 mm, Stephen Shore sillonne les Surfaces américaines, au début des années 70. Pas forcément celles que l’on croit.
Ne pas confondre surface avec espace. La démarche artistique de Stephen Shore n’a pas pour but de rivaliser avec les maîtres de la photographie de paysage. Ici, point de Grand Canyon, de Rocheuses, Grandes Plaines ou autres gratte-ciel new yorkais. Il s’agit pourtant bien d’un road trip. Mais la mise en scène, la composition sont des plus ordinaires. À la limite de l’amateurisme. Il suffit d’observer le cadrage de certaines photos ou la gestion de la lumière, surtout avec l’utilisation du flash : les photographes les plus pointilleux crieront au scandale. Que dire, dans ces conditions, des sujets photographiés ? Vitrines de magasins, cuvettes de toilettes de toutes sortes, pompes à essence, aliments… Miroir instantanéStephen Shore s’intéresse au mode de vie, à la manière dont les Américains s’approprient et occupent leur espace. Tandis que les paysages, dont l’immensité et la diversité est connue de tous, ne retiennent guère son attention. Réalisés entre mars 1972 et décembre 1973, lors d’un périple qui mène Shore de New York à la côte Ouest, ces clichés, une fois rassemblés, constituent une sorte de miroir de la société américaine à cette époque. On pense aux travaux de Robert Franck ou Martin Parr, eux aussi fascinés par les choses "ordinaires", ou à l’œuvre si personnelle, non moins artistique, d’une Nan Goldin. L’intéressé ne s’embarrasse pas de mots pour décrire son travail. Dans un entretien accordé en 2004, il répond simplement : « J’enregistrais ma vie. » Quoi de plus ordinaire ?
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