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Wildlife Photographer of the Year 2021 : Laurent Ballesta lauréat !

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02/11/2021 | Sandrine Dippa

Le lauréat de la cinquante-septième édition du Wildlife Photographer of the Year vient d’être dévoilé : Laurent Ballesta remporte le prix organisé par le Natural History Museum de Londres.

Il s’agit d’une première ! En remportant le « Wildlife Photographer of the Year 2021 », Laurent Ballesta devient le premier Français à rafler le célèbre prix consacrant la photographie animalière. Depuis 1964, le concours porté par le Musée d’histoire naturelle de Londres (Natural History Museum) récompense les travaux de photographes amateurs et professionnels avec différentes catégories (faune urbaine, portraits d’animaux, plantes et champignons, sous l’eau...). Pour l’occasion, Laurent Ballesta s’est distingué avec un cliché intitulé Création. L’image prise avec un Nikon D5 et une optique 17-35 mm f/2,8 montre une reproduction de mérous au large de Fakarava en Polynésie française. En marge, le photographe classe cinq de ses clichés dans le top 100 des plus belles images. Cette année, 50 000 images ont été reçues par les organisateurs du concours.

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Photo : Laurent Ballesta.
Création. Une femelle mérou camouflage entourée de mâles sort du nuage laiteux d’œufs et de sperme qui brise fugitivement l’obscurité. Elle se reposait encore sur le fond marin quelques instants auparavant, les mâles observant et attendant. Elle s’élança soudainement, laissant une profusion d’œufs, et les mâles se précipitèrent à sa suite. Le mâle dominant - son statut établi au fil de semaines de combats - resta au plus proche. En un instant, les œufs furent fécondés. Cela ne se produit qu’aux alentours de la pleine lune en juillet, jusqu’à 20 000 poissons se rassemblent alors dans l’étroit chenal sud reliant le lagon à l’océan. Ailleurs, la pêche incontrôlée à l’occasion de ces grands rassemblements menace cette espèce vulnérable, mais ici les poissons bénéficient de la protection d’une réserve de biosphère de l’UNESCO. Chaque année, depuis cinq ans, Laurent et son équipe reviennent, plongeant jour et nuit pour ne pas rater la ponte. Ils ont été rejoints, après la tombée de la nuit, par des centaines de requins gris de récif, chassant en meute, réduisant les grands mérous - qui atteignent 70 centimètres de long - en lambeaux. "Parfois, les requins nous heurtaient si fort que nous avions des bleus", raconte Laurent, "mais ils nous considéraient comme des obstacles, pas comme des proies."
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Photo : Stefano Unterthiner. Souvenirs de grizzly. C’est la dernière image enregistrée avant que le grizzly ne s’en prenne à l’appareil photo, " réarrangeant " la mise en scène soigneusement composée par Zack et bavant sur son objectif. Zack était tombé sur les restes d’un wapiti en hiver, lors d’une randonnée à skis dans les montagnes du Montana, aux États-Unis. C’était l’endroit idéal pour installer un piège photographique, afin de voir ce qui pourrait venir se nourrir des restes. Choisissant une position basse et un grand-angle, il cadra la carcasse entourée par la forêt. Les grizzlys (une sous-espèce de l’ours brun) hibernent jusqu’à sept mois, dans des tanières généralement creusées à flanc de colline. À leur sortie au printemps, ils sont affamés et consomment une grande variété de nourriture, notamment des charognes, des racines, des herbes et des baies, ainsi que des poissons et des mammifères. Pour Zack, le retour sur les lieux deux mois après s’est avéré plus difficile. Une semaine de températures anormalement chaudes pour la saison avait fait fondre la neige dans les montagnes plus tôt que d’habitude, transformant ce qui avait été un ruisseau gelé facile à traverser en un torrent déchaîné. Pour le franchir, il a passé plusieurs heures à fabriquer un pont à l’aide d’arbres morts, avant de découvrir son installation détruite, son appareil photo presque sous l’eau et la carcasse du wapiti parfaitement nettoyée. Les traces d’un très gros ours aux alentours étaient de mauvais augure. Sa peur, cependant, a été compensée par sa joie de découvrir la carte mémoire intacte et, sur celle-ci, une image du grizzly, révélant ses formidables griffes et son expression inoubliable.

En plus de la parution dans le catalogue édité par les éditions Biotope, le photographe remporte 10 000 £. À ses côtés Shane Kalyn (Canada) remporte le prix de la catégorie Comportement : oiseaux, Stefano Unterthiner (Italie) celui de la catégorie Comportement : mammifères, Zack Clothier (États-Unis) celui de la catégorie Animaux dans leur environnement et Javier Lafuente (Espagne) celui de la catégorie Zones humides : voir plus loin. La liste complète des lauréats est disponible sur le site du concours.

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Photo : Shane Kalyn. La touche intime. Un corbeau se penche doucement sur le bec ouvert de son compagnon dans un acte de parade nuptiale, renforçant le lien durable qui unit les partenaires. "Ils semblaient inséparables", explique Shane, qui n’avait jamais vu ce comportement singulier auparavant. Les partenaires ont également échangé des cadeaux - de la mousse, des brindilles et de petites pierres - se sont lissé mutuellement le plumage et, pendant ce temps, ont joué une sérénade de doux gazouillis. C’était au milieu de l’hiver, le début de la saison de reproduction du grand corbeau en Colombie-Britannique, au Canada, et ce couple paradait dans une station de ski au sommet d’une montagne près de Vancouver. Bien qu’ils ne soient pas aussi urbains que certains autres corvidés, les grands corbeaux sont les plus répandus, occupant une grande variété d’habitats. Ils construisent de volumineux nids de branches, avec une garniture intérieure de matériaux plus fins - dans les arbres, sur les falaises et sur des structures artificielles. Réputés pour leur intelligence, leur allure sombre et leur stature imposante - leur envergure pouvant atteindre 1,5 mètre - les corbeaux font depuis toujours partie du folklore des cultures du monde entier. Pour cette photo, Shane s’est allongé sur le sol gelé et a cadré les formes graphiques des oiseaux, désireux de partager leur côté plus délicat. Il a utilisé la lumière tamisée d’un jour couvert pour capturer les détails de leur plumage brillant contrastant avec la neige et révéler ce moment intime, lorsque leurs becs noirs et épais se rejoignent.
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Photo : Stefano Unterthiner. Face à face. Deux rennes mâles se battent pour le contrôle d’un harem. La scène se situe dans le paysage enneigé de l’archipel norvégien du Svalbard dans l’océan Arctique. C’était en octobre, la saison du rut, et Stefano suivait ce groupe depuis quelques semaines. Les rennes (connus sous le nom de caribous en Amérique du Nord) sont répandus à travers l’Arctique, mais cette sous-espèce relativement petite n’est présente qu’au Svalbard. Stefano a eu de la chance, car il est arrivé à pied alors que le combat débutait. Il n’est pas rare de voir des mâles s’affronter, mais ces deux-là étaient vraiment déterminés. Il a attrapé son appareil photo et s’est approché tandis que les rennes, indifférents, restaient complètement impliqués dans leur combat. N’étant séparé que de quelques mètres seulement - vigilant au cas où ils feraient un écart - Stefano était immergé « l’odeur, le bruit, la fatigue et la douleur ». Son image saisit cet instant, mariant esthétique et finesse - l’intensité se lisant dans leurs yeux, leurs ramures imbriquées et leur pelage se fondant dans le blanc. Pendant une dizaine de minutes, ils se sont affrontés jusqu’à ce que le mâle dominant (à gauche) chasse finalement son rival. Pour le moment, les six femelles de la vallée étaient toujours les siennes.

Dans le cadre de ce concours, une exposition rassemblant tous les clichés gagnants est visible jusqu’au 5 juin 2022 au Natural History Museum de Londres.

- Le site du Natural History Museum

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