Cette exposition est la première rétrospective consacrée à Willy Ronis. Disparu en septembre dernier, à l’âge de 99 ans, le photographe l’avait appelée de ses vœux. Il laisse derrière lui une œuvre immense.
C’est l’un des événements culturels majeurs de l’année. Willy Ronis, une poétique de l’engagement, rend compte, de fort belle manière, du travail de l’artiste, depuis ses débuts à l’âge de 15 ans. Environ cent-cinquante clichés noir et blanc sont répartis dans sept salles, dans le cadre somptueux du Musée de la Monnaie de Paris. Lors des dernières Rencontres d’Arles, Ronis ne cachait pas sa joie à l’idée de fêter son centenaire avec cette exposition. Il ne photographiait plus depuis 2001, mais, bien qu’assis dans une chaise roulante, il faisait preuve d’une étonnante vivacité d’esprit. Dernier représentant de la photographie humaniste, courant cher à Izis (une exposition lui est actuellement consacrée à l’Hôtel de Ville, à Paris) et Doisneau, Willy Ronis n’avaient d’yeux que pour les instants de la vie de tous les jours. Des scènes a priori anodines qu’il su rendre attrayante, grâce à une rigueur et une justesse intransigeante lors de la prise de vue.
L’exposition permet de (re)voir les photos les plus connues, mais surtout d’autres, moins répandues. On prend rapidement conscience de ce fameux engagement, poétique peut-être, mais bien réel de Ronis. Il faut voir le nombre de clichés traitant du monde ouvrier : sidérurgie, mines, usines… Le photographe, comme Doisneau, ne se contentait pas de saisir des instantanées de la vie parisienne. Il vouait une réelle admiration pour les populations les plus démunies. Fidèle à sa ligne de conduite, il ne faisait pas poser ses sujets. En résultent des images d’une remarquable distance, proches du documentaire. Dans les années 60, le photographe effectue plusieurs reportages à l’étranger, dont deux séries inspirées, à Londres et en Hollande. D’autres suivent, à New York ou à Venise. Elles confirment que Ronis s’épanouissait dans la rue plus que nulle part ailleurs. Ne pas rater entre-temps un documentaire passionnant sur les coulisses de l’exposition. Mais la vraie valeur ajoutée tient dans les légendes qui accompagnent la plupart des œuvres. Ronis n’était pas avare de mots. On découvre qu’il faisait preuve d’une acuité remarquable dans ses descriptions. Et pour cause : « La précision que j’apporte au commentaire de certaines photos peut surprendre, mais j’ai conservé la quasi-totalité de mes agendas depuis mon adolescence et il suffit parfois de quelques mots retrouvés à telle date pour que surgisse dans la mémoire une foule de souvenirs jusque-là assoupis », déclarait l’intéressait en 1984. La simplicité du propos, la finesse de la composition : les photos font mouche auprès des gens, petits et grands.
Photo : Willy Ronis, Nu au tricot rayé, Paris, 1970 ; Tirage argentique
30 x 40 cm ; Ministère de la Culture et de la Communication/Médiathèque
de l’Architecture et du Patrimoine/Eyedea/Rapho
Willy Ronis, une poétique de l’engagement, à voir au Musée de la Monnaie de Paris jusqu’au 22 août.