Il rejoint ses illustres contemporains : Cartier-Bresson, Capa, Doisneau… À 99 ans, Willy Ronis venait d’avoir droit à une rétrospective de son œuvre, pour la première fois, aux Rencontres d’Arles 2009. Il y est apparu en chaise roulante, mais avec toute sa tête. Car même à son grand âge, il confessait avoir une mémoire visuelle intacte.

- Le fameux Nu provençal, de Willy Ronis. Sur cette image, il photographie sa femme en train de faire sa toilette. Ce cliché fera le tour du monde… (Photo : Willy Ronis/Top-Rapho)

Dans un entretien au journal Le Monde publié cet été, il se souvient d’une image « ratée ». D’une occasion manquée, plus exactement. Accompagné de sa femme malade, il renonce à traverser la route pour prendre en photo une jeune maman tenant son bébé dans une main, un bouquet de glaïeul dans l’autre. « En marchant, pendant une centaine de mètres, j’ai pleuré cette photo à jamais perdue ».

Cette anecdote illustre bien l’état d’esprit qui animait ce grand photographe, souvent qualifié d’humaniste. Longtemps dans l’ombre d’un certain Robert Doisneau, il s’évertuait, lui aussi, à débusquer des moments de la vie de tous les jours. Bannissait la violence, les choses désagréables. Apôtre de la prise de vue sur le vif, il invoquait la pose seulement pour le nu.

Willy Ronis avait remisé ses appareils depuis 2001. Ce qui ne l’empêchait pas de suivre l’actualité de près. Loin de s’insurger devant l’avènement du numérique, il se contentait de rappeler paisiblement : « Ce n’est pas la technique qui fait la photo, c’est le photographe. » Il le savait mieux que personne.