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BPG : encore un remplaçant du Jpeg ?

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24/12/2014 | Franck Mée

Better Portable Graphics, tel est le nom d’un nouveau format d’image qui espère remplacer le Jpeg. Son argument pour ne pas connaître le sort du méconnu Jpeg2000 : basé sur la compression vidéo HEVC, il pourrait être géré rapidement par n’importe quelle puce vidéo.

Le Joint Photographic Experts Group a commencé ses travaux à la fin des années 80. Le format Jpeg a été publié en 1992 et standardisé par l’Iso en 1994. À l’époque, son objectif était de permettre le transfert et l’affichage de photos sur des terminaux informatiques : le taux de transfert, donc le poids des fichiers, était une contrainte critique, mais la puissance de calcul nécessaire au décodage devait elle aussi rester limitée et la qualité d’image n’était pas la priorité absolue.

Aujourd’hui, les vitesses de transfert ont explosé et, outre son usage web, le Jpeg est devenu un quasi-standard pour le stockage d’images en haute définition. Il est donc souvent utilisé à des taux de compression très faibles pour maintenir une qualité élevée, mais ses limites intrinsèques sont devenues gênantes : pas de gestion de la transparence, profondeur de couleurs limitée (8 bits par canal) et rendu des dégradés et des bordures très approximatif. Des formats plus efficaces ont été proposés, notamment le Jpeg 2000 (du comité Jpeg), le Jpeg XR (de Microsoft) et le WebP (de Google), mais ils n’ont jamais réussi à percer.

BPG

Le Better Portable Graphics est-il destiné à un meilleur avenir ? C’est toute la question. Le format est développé par Fabrice Bellard, un habitué des projets Open Source – il a notamment travaillé sur l’outil de machines virtuelles Qemu et sur le moteur vidéo FFMpeg. Le programme est donc distribué librement sous licence BSD. Si vous ne souhaitez pas le compiler vous-mêmes et voulez juste voir un aperçu de ses possibilités, une page a été mise en ligne pour comparer des images BPG avec les formats de compression Jpeg, Jpeg 2000 et WebP. Le résultat est intéressant, le Jpeg en particulier entraînant un rendu légèrement plus grossier même avec une compression assez faible.

Les caractéristiques du BPG sont celles que l’on attend d’un format moderne : support d’une profondeur de couleurs élevée (jusqu’à 14 bits, soit une précision comparable à celle de la plupart des Raw), de la transparence, de différents encodages des couleurs (RGB bien sûr, mais aussi le YCbCr avec les différents sous-échantillonages utilisés en Jpeg et éventuellement le CMYK employé en imprimerie), enregistrement des données Exif et de l’espace colorimétrique et bien entendu choix du niveau de compression.

Outre la meilleure qualité à taille de fichier équivalente, l’avantage sur le Jpeg est donc l’ouverture sur le post-traitement : avec la même profondeur de couleurs qu’un Raw, la possibilité de reprendre la balance des blancs ou de modifier les courbes de développement sont comparables, sans supporter l’encombrement des données brutes.

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Les macroblocs du Jpeg deviennent très visibles aux très fortes compressions. Les Jpeg2000 et BPG, pour une taille de fichier équivalente, donnent plus une impression de simple flou.

Le détail qui pourrait faire du BPG un format d’avenir, c’est qu’il est basé sur un format de compression déjà existant : le HEVC. Également connu sous le nom H.265, celui-ci a été conçu pour la vidéo 4K (voire 8K à l’avenir) et a été standardisé l’an passé. Avantage : des puces d’encodage ont été développées et certains appareils l’utilisent déjà – pour le grand public, le Samsung NX1 est le premier.

Baser le BPG sur ce format offre donc un avantage certain : dans un avenir proche, la majorité des caméscopes et des appareils photo devraient pouvoir en générer simplement en utilisant leur puce vidéo. Ce n’était le cas ni du Jpeg 2000, ni du Jpeg XR, qui ne pouvaient être obtenus ni à partir d’un processeur Jpeg classique, ni à partir d’un processeur Mpeg.

La revanche de la vidéo

Il y a en fait un précédent – mais dans l’autre sens. Lorsque les appareils photo ont commencé à filmer, ils utilisaient massivement le codec Mjpeg. Beaucoup moins efficace que le Mpeg des caméras, il s’était imposé tout simplement parce qu’il était possible de compresser une vidéo en Mjpeg avec le même processeur qui servait déjà à générer les fichiers Jpeg. Et il a fallu des années pour que l’accent sur la vidéo devienne tel que les constructeurs intègrent enfin aux compacts des codecs adaptés à cette fonction.

Le BPG sera-t-il la revanche de la vidéo, dont un algorithme extrêmement efficace serait employé pour générer des images fixes ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. En tout état de cause, garder la précision des couleurs de nos fichiers Raw dans une image légère et transférable comme un fichier Jpeg, c’est un Graal que nous espérons depuis longtemps…

- Le site du format BPG (en anglais)

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