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SWPA 2017 : "We Are Taking No Prisoners"

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26/05/2017 | Robert Dessi

À l’occasion des Sony World Photography Awards, qui se tenaient à Londres du 19 au 21 avril 2017, le photographe italien Alessio Romenzi prend la première place dans la catégorie pro « Current Affairs » pour sa série « We Are Taking No Prisoners ». Nous sommes allés à sa rencontre à la Somerset House où ses images étaient exposées.

Depuis 2009, le photographe italien Alessio Romenzi couvre de nombreux conflits en tant que free-lance au Proche-Orient ; en Libye, en Égypte, au Liban et en Syrie. Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses publications notamment dans le Guardian, Time Magazine, Newsweek, New York Times, International Herald Tribune, Washington Post, Le Monde, Le Figaro, Der Spiegel, La Repubblica, L’Espresso, etc.
Originaire d’un petit village des Apennins, Alessio se passionne très tôt pour la photographie, mais c’est tardivement qu’il entame une carrière professionnelle après avoir obtenu un master en photojournalisme.

L’occasion se présente lorsqu’il est contacté par un ami photographe, Marco Longari, en poste pour l’AFP en Israël et dans les territoires occupés. Ce dernier lui propose de le rejoindre à Jérusalem. Changement de vie. Dans un cadre relativement sûr comparé aux zones de conflit dans lesquelles il a opéré par la suite, cette période en Israël et dans les territoires palestiniens s’avère pour lui très formatrice. À cette époque, « le moindre jet de pierres est couvert par la presse ». Il travaille ainsi aux côtés de photographes chevronnés et profite de leur expérience. Le soir, ils se retrouvent fréquemment entre confrères, parfois dans des cafés, pour dérusher leurs images de la journée, travailler à leur editing. Ces échanges, les conseils prodigués contribuent largement à affiner son regard, « un workshop permanent ». Il y reste un peu plus de quatre ans.
Il se rend ensuite au Liban puis en Égypte en 2011. Son travail commence à être reconnu, ses images publiées. En Syrie, il est parmi les premiers à pouvoir opérer, ce qui lui donne tout à coup une visibilité importante. « C’est un tournant de ma carrière », dit-il.

« Il aura fallu sept mois de combats féroces pour libérer Syrte, capitale autoproclamée de ’’L’État islamique en Libye’’. Pour les soldats libyens, le mot d’ordre était "Nous ne faisons pas de prisonniers". Sept cents d’entre eux sont morts durant l’offensive et près de trois mille ont été blessés. »

C’est en Libye qu’Alessio réalise «  We Are Taking No Prisoners », série qui relate l’offensive pour libérer Syrte, occupée par les djihadistes de L’État islamique. Sur le terrain, c’est un fixeur qui le guide et sert d’interprète. Alessio ne parle pas arabe à son grand regret, quelques mots tout au plus. C’est un obstacle que le photographe a dû apprendre à surmonter, notamment lorsque son accompagnateur décide soudain de ne pas aller plus loin, confie-t-il. Il suit alors prudemment les soldats libyens dans leur avancée et s’efforce de décrypter le moindre signe ; les attitudes corporelles, les regards échangés, le ton d’une voix. Il essaie de savoir « jusqu’où il est possible d’aller sans risquer de se faire tuer » pour faire son travail. Le temps s’étire, les troupes progressent lentement, de maison en maison. Puis soudain, il se passe quelque chose, «  il faut alors tout donner ». Des instants d’une tension extrême. Alessio doit se mouvoir rapidement, engoncé dans son gilet pare-balles, casque rivé sur la tête, le moindre kilo supplémentaire le ralenti. Il utilise deux Nikon D750 avec des optiques 24, 35, 50 mm et, de plus en plus, un 24-70 mm qu’il trouve finalement « plus pratique » et qui lui évite de manipuler deux boîtiers, notamment lorsqu’il évolue dans les espaces étroits des édifices ravagés, escaliers, couloirs, etc.
Pour ramener des images « fortes », qui font sens, il s’efforce de venir « au plus près », nous explique-t-il en montrant la photographie de ce soldat portant son camarade ensanglanté à bout de bras, blessé par un engin explosif alors qu’ils tentaient de percer un mur. « Je ne serais jamais parvenu à faire cette photo si j’avais été trente mètres plus loin. Il y a eu une explosion, et puis ce cri que j’ai pu retranscrire, qui fait la photo. »
Syrte est libérée, aujourd’hui quasiment réduite à l’état de ruines, à l’image de ce qui subsiste du Complexe de Réunions Ouagadougou, « une ville fantôme ».

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"We Are Taking No Prisoners" @ Alessio Romenzi

Le site des SWPA
Le site de Alessio Romenzi

Crédit image d’accueil : "We Are Taking No Prisoners" @ Alessio Romenzi

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