Une génération chasse l’autre, fondée sur un nouveau capteur X-Trans de 24 Mpxl. Avec ce second modèle depuis le X-Pro2, Fujifilm cible aussi la catégorie de photographes ayant besoin de photographier en rafales et avec une visée continue… ou presque.
Fujifilm n’y croyait pas vraiment quand elle a lancé le X100 en mars 2011. Bien sûr, elle comptait en vendre, mais elle n’a pas eu suffisamment conscience que ce type de modèle, au tarif élevé pour un compact APS-C, correspondait à une profonde attente de nombreux photographes, prêts à dépenser bien plus que le prix d’un compact expert avec un petit capteur. Même avec une focale fixe. D’ailleurs les prévisions ont été explosées par la demande. Ce fut le début d’une longue lignée, avec les compacts X-100S, puis X-100T, mais aussi l’arrivée sur le marché d’une gamme d’hybrides, notamment le X-Pro1 reprenant le viseur mixte (optique et électronique) de la famille X100, et du X-T1 qui arborait l’aspect d’un reflex et offrait une protection tout-temps — une première. Cette dernière fut reconduite sur le X-Pro2 qui inaugurait l’imageur X-Trans Cmod III de 24 Mpxl (contre 16 auparavant), associé au processeur X-Processor Pro. Deux éléments qui se retrouvent sur le X-T2.
Contrairement à d’autres, comme Olympus ou les derniers Panasonic, Fujifilm ne stabilise pas son capteur. Il faut donc compter sur l’optique pour cela… et pourtant le transstandard le plus intéressant de Fujifilm, le XF 16-55 mm f/2,8 ne l’est pas. Sans doute en raison de difficultés imprévues, car la feuille de route qui liste les objectifs en préparation le présentait comme stabilisé. À signaler que le plus modeste XC 16-50 mm f/3,5-5,6 est, lui, stabilisé OIS, ainsi que le 18-55 mm f/2,8-4.
Le capteur porte les ferments de l’autofocus avec des photosites dédiés à la détection de phase, pour une couverture élargie par rapport à l’ancien modèle. La détection de contraste, elle, porte sur toute la surface. Mais avant d’entrer dans le détail de l’AF, le tour du propriétaire dévoile de nombreuses évolutions.
Un peu de plus
La prise en main et l’ergonomie ont subi de positives évolutions. Le grip est plus grand, les molettes plus hautes et l’œilleton plus proéminent. Le LCD est devenu tridirectionnel, un terme employé à dessein pour signifier qu’il n’est pas multidirectionnel comme l’écran pivotant d’un Panasonic GX8. Il s’oriente vers le haut et le bas, mais aussi verticalement grâce à une seconde charnière placée sur son côté droit.
L’hybride hérite du joystick huit directions du X-Pro2 pour faire valser les collimateurs AF et comporte un double emplacement pour SD, compatible UHS-II. La batterie évolue, apportant une meilleure gestion thermique et offrant une plus grande résistance. La première bonne nouvelle est qu’elle est extérieurement identique à l’ancienne, donc compatible avec les autres modèles d’appareils, et inversement. L’autre motif de satisfaction est la capacité du boîtier à recharger la batterie via sa prise USB et un chargeur de téléphone. Lentement, car elle ne véhicule que 5 V quand l’accu en accepte 7,4, mais c’est un atout indéniable. Il n’y a toujours pas de flash intégré, mais Fujifilm fournit un mini flash externe de dépannage.
Autre changement, ce port USB qui avait déçu sur le X-Pro2, car figé sur la norme Hi-Speed USB (USB 2), passe à la norme SuperSpeed (USB 3.1 Gen 1), mais il reste en retard sur l’état de l’art qu’est le SuperSpeed+.
L’autofocus est remodelé, les rafales mieux gérées et le grip d’alimentation booste certaines performances. Et la 4K est introduite, ou plutôt l’UHD. On en parle dans les onglets suivants. Fujifilm et Adobe travaillent de conserve. On ne s’étonnera donc pas de trouver assez rapidement la compatibilité d’Adobe Camera Raw et de Lightroom avec les Raw du boîtier. Par ailleurs deux plug-ins pour Lightroom seront lancés en septembre pour photographier en mode connecté depuis le logiciel. L’un standard avec le déclenchement et la visée, l’autre professionnel offrant le paramétrage du X-T2 depuis l’ordinateur.
Le tarif du X-T2 sans objectif devrait être de 1 599 €, un kit avec le 18-55 mm f2,8-4 stabilisé étant prévu pour 1 899 €. Un autre kit avec le grip est à l’étude. Le grip, quant à lui, reviendra à 329 €, sans batterie. Le prix du flash EF-500, protégé contre la pluie et les poussières, est fixé à 500 € environ. Il sera complété par un pack d’alimentation (EF-BP1), livré avec un étui souple et comportant huit accus Ni-MH (non fournis) assurant 350 éclairs et un recyclage de 1,5 s.
Ici, pas de passage vers le microafficheur LCD du Leica SL et ses 4,4 Mpts. Fujifilm continue avec l’Oled de 2,36 Mpts, comme sur le X-Pro2, avec le Real Time Viewfinder 2 offrant un grossissement de 0,77x. Le moiré et les fausses couleurs sont à la baisse revendique Fujifilm, ainsi qu’un gain de 1 IL en basse lumière. Le taux de rafraîchissement atteint est fixé à 60 ou 100 im/s (contre 54 im/s sur le X-T1) pour gagner en fluidité et la luminosité est boostée à 500 cd/m2 contre 200 cd/m2. Un coup d’œil dans le viseur donne un rendu autre que sur un X100S qui offre la même définition en visée : la colorimétrie paraît plus saturée, le relief plus grand renforçant la notion d’acutance.
Pour concurrencer les reflex quand il s’agit de photographier les compétitions sportives ou la faune dans son habitat, Fujifilm a mis le paquet sur cet aspect. L’autofocus repose toujours sur la détection de contraste et la détection de phase, mais cette dernière couvre 75 % de la hauteur et 50 % de la largeur, contre 40 % dans les deux directions auparavant. À la question de savoir pourquoi il n’est pas plus étendu sur les bords, Fujifilm rétorque que la tâche serait plus difficile pour la détection de phase et qu’elle souhaite privilégier la qualité d’image dans les angles et donc réserver les photosites de ces régions à l’image plutôt qu’à l’AF. On est bien loin des 425 collimateurs assurant la détection de phase d’un Sony A6300 assurant une couverture proche des angles et des bordures. Fujifilm indique que la sensibilité de l’AF à détection de contraste est de -3/-4 Il, celle de la détection de phase pointant à -2 Il.
Un nouvel algorithme est introduit pour mieux assurer le suivi. En rafale, la qualité de la visée est primordiale, surtout quand le sujet se déplace vite et change de direction. Dans le cycle autofocus-déclenchement, le temps où le capteur n’est pas disponible pour la visée a été écourté, passant de 0,28 s à 0,13 s et même à 0,114 s si le nouveau grip d’alimentation est monté. Ce qui laisse plus de temps pour visualiser l’image en temps réel et maintenir le cadrage… mais la cadence s’en ressent, passant à 5 im/s ou 3 im/s. Sans LiveView, c’est 14 im/s en obturation électronique, 8 im/s en obturation mécanique et 11 im/s si le grip optionnel est monté et placé en mode Boost.
Comme sur les reflex évolués, le comportement de l’autofocus est paramétrable. Sur trois critères. Le premier, Tracking sensitivity, concerne la sensibilité du suivi, de sorte que l’AF reste calé sur le sujet même s’il est brièvement occulté. Il varie entre 0 et 4, soit de 0 à 1,2 s par intervalle de 0,3 s. Avec Speed Tracking (0-2), l’AF tient compte du niveau d’accélération/décélération du sujet ce qui influe sur l’algorithme de prédiction du mouvement. Le dernier ajustement permet de passer d’un sujet à l’autre selon leur distance respective. Avec Center, la mise au point reste calée au centre, même si le sujet quitte cette position, alors qu’avec Auto elle assure le suivi du même sujet quand il quitte le centre. Enfin, Front se cale sur le sujet le plus proche. Tout cela n’étant pas évident à combiner, le X-T2 propose, à l’instar d’un Canon qui intègre dans ses configurations d’AF des situations types, cinq préréglages. Ainsi, 1 correspond-il à tous types de mouvement, tandis que 2 s’attache à suivre un sujet centré pouvant fugacement passer derrière un obstacle (animaux en déplacement rapide), que 3 est indiqué pour les courses automobiles (accélérations/décélérations), que 4 concerne les sujets pouvant apparaître soudainement, que 5 vise par exemple le tennis et que 6 est une position utilisateur.
Oui, les amis, la 4K est là, ou plutôt l’UHD et ses 3 840 x 2 160 pixels, quand le 4K Cinema en propose 4 094 x 2 160, établis sur la base de 5 120 x 2 880 photosites (3 000 x 1 687 pour la Full HD). La cadence est de 30, 25 ou 24 im/s, quand la Full HD offre en plus les 50p et 60p. La sortie HDMI véhicule du 4:2:2 sur 8 bits. Le boîtier comporte une entrée micro 3,5 mm, mais pour la sortie casque, il faut passer par le grip optionnel. Qui assure une autonomie de 30 mm en UHD comme en Full HD, alors qu’avec le boîtier seul, c’est respectivement 10 et 15 mn.
Lors de la présentation à la presse, il a été dit que le X-T2 délivrait des vidéos au format Mov, et en H264/All-I (toutes les images sont compressées individuellement). Mais l’aspect vidéo est en cours d’évaluation auprès de professionnels, dans le but de compléter le paramétrage dans le firmware. Aujourd’hui, outre la balance des blancs et la simulation de films qu’assurait déjà le X-T1, sont ajustables la tonalité des hautes et basses lumières, ainsi que la couleur. Et l’on sait au vu des évolutions du microcode que la marque sait faire évoluer significativement ses boîtiers, comme elle l’a récemment fait pour le X-E2 au point de lui faire concurrencer son successeur, le X-E2S. Une philosophie qui mérite d’être saluée. Cependant, il y a un hic, car le X-T2 ne dispose pas de commandes silencieuses, ce qui fait regretter encore une fois que le LCD ne soit pas tactile.
Un nouveau grip accompagne la sortie du X-T2. Le VPB-XT2 reprend le joystick pilotant les zones AF, les molettes et la touche Fn2, plus accessible que son homologue du boîtier, la plus grande épaisseur du correcteur d’exposition nuisant à sa disponibilité. À l’instar des reflex, une poignée latérale facilite l’usage d’un lourd télé en mode Paysage, comme le Fujinon XF 100-400 mm F4,5-5,6 R LM OIS WR testé ici. Un bouton, Boost, amplifie les performances, faisant écho à la touche Fn8 du boitier — celle au bas du pavé directionnel - qui augmente aussi, mais dans une moindre proportion ces performances.
Avec le grip, les rafales passent à 11 im/s sans Liveview (contre 8) et à 5 im/s avec ; l’intervalle entre deux déclenchements descend de 0,19 s à 0,17 s et la réactivité du déclenchement est de 45 ms contre 50 ms. Si l’obturation électronique est enclenchée, c’est 14 im/s sans visée exacte. En mode normal, l’autonomie annoncée est de 910 vues. Le grip apporte aussi la prise casque 3,5 mm qui fait défaut au boîtier et s’avère capable de recharger la paire d’accus via l’adaptateur secteur.
Outre ce grip, Fujfilm propose le MHG-XT2, une embase dénuée d’accu, mais offrant un grip raccourci facilitant la prise en main. Un demi-étui (BLC-XT2) enrobe la base de l’appareil prolongé par une courroie. Un trio de remplacement, composé de protections pour le sabot porte-flash et l’œilleton, plus un bouchon pour la prise flash de studio, est commercialisé.
Il est incontestable que les hybrides visent à chasser les reflex de leurs terres. La génération 2016-2017 s’attaque à leur terrain d’action privilégié qu’est la photo animalière et sportive. Ce n’est pas gagné, les Canon EOS 7D Mark II et EOS 1Dx Mark II ou encore les Nikon D5 et D500 ayant de solides arguments que les hybrides sont loin de présenter. Les tests terrain faits avec les derniers Nikon ont étonné la rédaction par le taux de réussite de l’autofocus avec les sujets les plus divers. Du côté des hybrides, un Sony A6300 montre lui aussi des progrès étonnants et iI se dit qu’Olympus risque de surprendre à la prochaine Photokina. Ce qui explique pourquoi Fujifilm lors de la présentation à la presse a peu mis l’accent sur les performances photographiques du capteur, préférant insister sur la nouvelle facette de l’autofocus et de la visée en mode Rafale.
Commençons par les points décevants. Par exemple l’absence de stabilisation du capteur, et ce d’autant plus que deux optiques de base que sont le transstandard 16-50 mm f/2,8 et la focale fixe macro 60 mm f/2,8 ne le sont pas (un 80 mm Macro stabilisé et tropicalisé est prévu pour 2017). L’autre grief concerne l’écran qui n’est pas tactile, alors que son introduction sur le X70 laissait augurer que l’omission sur le X-Pro2 n’était qu’un phénomène passager. Dommage, car en vidéo pointer du doigt la zone de mise au point est un atout, silencieux de surcroit, sans parler de l’ergonomie apportée.
Heureusement, les motifs de satisfactions ne manquent pas. Un court contact montre un viseur Oled très fin et fluide. Le bruit de déclenchement en obturation mécanique reste discret, tandis que l’obturation électronique apporte le silence. Les molettes sont bien crantées et leur verrouillage apporte la sécurité. Pas de commentaires ici sur l’autofocus en mode Rafale, seul un test terrain est en capacité de le jauger et de vérifier si la visée est vraiment compatible avec le suivi d’un sujet en mouvement erratique. La pierre de touche sera le D500 de Nikon dont les prestations sont de haute volée. En tout cas, les cinq préréglages de l’AF selon le type de mobilité vont faciliter la prise en mains des trois paramètres régissant l’AF continu. Pour le reste, qualité d’image et réglages, tout devrait être dans la lignée du X-Pro2. Ce dernier offre une approche formelle différente, ressemblant plus à un compact argentique en raison d’une visée hybride, optique ou électronique, qui explique un prix un peu plus élevé (1 799 €). L’un évoque le reflex, l’autre l’appareil argentique, plus discret, plus classique et moins doué pour la vidéo et la prise de vue en rafale. Avec les deux modèles, on peux s’étonner du prix officiel, somme toute élevé.