Un boîtier pro, comme on n’en voit presque plus. Cet hybride haut de gamme signé Olympus, intègre une poignée abritant deux accus et fait écho aux reflex professionnels Canon et Nikon. On s’approche du kilo, sans optique, tout en restant dans la sphère Micro 4/3…
Plus de deux ans se sont écoulés, depuis la sortie de l’E-M1 Mark II. L’annonce de cet hybride haut de gamme, lors de la Photokina, en septembre 2016, avait fait grand bruit, notamment les performances alors revendiquées par Olympus en matière de rafales. Dans le même temps, Panasonic, partenaire et concurrent dans la sphère Micro 4/3, se concentrait sur la vidéo, avec la sortie du GH5, avant, quelques mois plus tard, de dévoiler un concurrent de choix face à l’E-M1 Mark II : le G9, plus orienté photo que les GH. Puis Sony a pris les devants en matière de photo d’action, au printemps 2017, en dévoilant l’A9, doté d’un capteur plein format, avec à la clé une cadence de 20 im/s. Un hybride d’obédience professionnelle, taillé pour affronter les les EOS-1D X Mark II et D5, colosses à miroir de Canon et Nikon. L’E-M1X, présenté par Olympus, entièrement conçu en alliage de magnésium, rappelle furieusement ces deux modèles, de par son gabarit.
Contrairement aux deux précédents E-M1, ce modèle intègre d’emblée une poignée, qui abrite deux accus (livrés dans la boîte) BLH-1 : la batterie qui alimente l’E-M1 Mark II. Un choix qui s’inscrit à contre-courant de la philosophie des compacts à optiques interchangeables en général – et des modèles Micro 4/3 en particulier – qui prônent la légèreté. Accusant quelque 997 g sur la balance (avec deux accus et deux cartes SD), l’E-M1X devient, de loin, l’hybride le plus lourd, le plus massif, toutes marques confondues.
Le doublement des commandes (à l’exception du levier avec les position 1 et 2) sur la poignée facilite l’accès aux réglages et rend la tenue plus commode en position verticale. À noter, l’apparition d’un joystick (également dupliqué sur le grip), qui faisait cruellement défaut sur l’E-M1 Mark II, pour gérer les collimateurs AF (lire plus loin)…
Pas de hausse de la définition. Olympus demeure prudent et conserve le Live Mos de 20 Mpxl, éprouvé sur l’E-M1 Mark II. Avec une plage de sensibilité comprise entre 200 et 25 600 Iso (200-6 400 Iso en mode Iso Auto), extensible aux plus bas Iso à 64 ou 100 Iso. Les Raw sont toujours sur 12 bits, sans compression. La stabilisation sur cinq axes est bien sûr de la partie.
Le capteur gyroscopique a fait l’objet d’un nouveau développement. Son efficacité serait accrue, avec les optiques Zuiko IS : Olympus revendique un gain de sept vitesses et demi avec le 12-100 mm f/4 IS Pro. En photo, comme en vidéo. En outre, deux modes Haute définition sont disponibles.
Le premier, classique, permet d’obtenir des clichés de 80 Mpxl, en travaillant sur pied. Sur l’E-M1 Mark II, on obtenait des fichiers de 50 Mpxl par ce biais. Le second mode délivre des fichiers de 50 Mpxl, à partir d’un assemblage de seize photos prises à main levée. Alors que l’E-M1 Mark II embarque un processeur TruePic VIII, l’E-M1X en intègre deux.
L’implémentation de ces deux processeurs s’accompagne de nouvelles fonctions. La plus originale, consiste à choisir entre plusieurs simulations de filtres ND, pour effectuer des poses lentes. Ils sont seulement accessibles en employant les modes priorités S (vitesse) et M (manuel).
Cinq types sont disponibles : ND2, soit une vitesse ; ND4, soit deux vitesses ; ND8, soit trois vitesses ; ND16, soit quatre vitesses ou ND32, soit cinq vitesses. Parmi la pléthore de fonctions (une habitude sur les boîtiers Olympus), on trouve un GPS, une sonde de température, un manomètre et une boussole : des attributs habituellement réservés aux compact de la gamme Tough au catalogue de la marque.
Par ailleurs, un mode de prise de vue anti-scintillement – détection par le capteur – apparaît. Une mise à jour prévue de l’application OI Share ouvrira la voie au transfert des fichiers Raw en WiFi. Il sera désormais possible de piloter le boîtier sans fil, en WiFi, avec le logiciel Olympus Capture (compatible Mac ou PC) alors qu’il fallait jusqu’ici brancher un câble pour travailler en prise de vue connectée. Tout en bas des onglets, on note la présence d’une étoile : il est possible, à cet endroit, de configurer quatre sous-menus personnalisés, pour un accès plus rapide à ses réglages favoris.
Pas de révolution dans le domaine de l’autofocus et de la visée par rapport à l’E-M1 Mark II. Le système Dual Fast AF (autofocus à détection de contraste et de phase) repose toujours sur 121 collimateurs en croix, avec une couverture de 80% en largeur et 75% en hauteur. Il sera toujours possible de les sélectionner individuellement ou par groupes, mais cette fois, avec des sélections plus ciblées (une rangée verticale par exemple). En mode AFC, des modes prédéfinis sont prévus, selon le type de sujet photographié : formule 1, rallye, moto, avion, hélicoptères, trains.
Comme évoqué en début de présentation, un joystick permet de passer d’un collimateur (ou groupe) à l’autre, quand il fallait passer par le pad de l’E-M1 Mark II, ou l’écran tactile, ce qui sera toujours possible sur l’E-M1X. La cadence maximale avec suivi de l’autofocus et de l’exposition en mode AFC, sur toutes les images, demeure de 18 im/s, ce qui reste exceptionnel. Cela avec l’obturateur électronique.
Les rafales culminent à 15 im/s avec l’obturateur mécanique. En mode AFS, il est toujours possible de photographier à 60 im/s. Les deux compartiments pour cartes SD sont compatibles UHS-II et la mémoire-tampon s’annonce intéressante, puisque l’E-M1X engrangerait, selon Olympus, à 15 im/s, environ 103 Raw ou 132 Jpeg. Donné pour 400 000 déclenchements, l’obturateur mécanique culmine à 1/8 000s. On pourra aussi solliciter l’obturateur électronique, qui atteint 1/32 000s.
C’est presque un status quo au niveau du viseur. L’EVF voit son taux de rafraîchissement (120 im/s) et son grossissement progresser (on passe de 0,75x à 0,83x en équivalent 24 x 36), ce qui est un excellente chose et se ressent, en passant de l’E-M1 Mark II à l’E-M1X. Mais là où un Lumix G9 propose un grossissement similaire, avec une définition de 3,68 Mpts, comme la plupart des viseurs électroniques actuels, celui de l’E-M1X se contente de 2,36 Mpts. Un choix surprenant sur un modèle haut de gamme. Pour ce qui est du LCD tactile, monté sur rotule et orientable dans toutes les directions – comme sur l’E-M1 Mark II ; seul celui de l’E-M1 s’inclinait sur un axe vertical – la taille et la définition restent inchangées : 3 pouces et 1,04 Mpts.
L’E-M1 Mark II tournait déjà en 4K DCI (4096 x 2160p) à 24 im/s, ou UHD (3840 x 2160p) à 25 im/s. L’E-M1X ne passe pas à 50 im/s à cette définition. Il sera possible de tourner en IPB avec un débit de 237 Mbps en 4K DCI. En 1080p, on aura accès au mode ALL-I, à 50 im/s et il sera possible de tourner à 100 im/s, via un mode haute vitesse. Parmi les profils disponibles, figurent les modes flat et OM-Log400. Côté son, il sera possible de brancher micro externe et casque.
Fichiers photo et vidéo seront stockés sur des cartes SD : l’E-M1X dispose de deux compartiments, tous deux compatibles avec la norme UHS-II. Le boîtier est d’emblée livré avec deux accus BLH-1 (le même qui alimente l’E-M1 Mark II). Ils pourront être rechargés simultanément via un système de cartouche (compatible avec l’E-M1 Mk II), en deux heures environ, d’après Olympus. Le chargement sera aussi possible en USB (mode USB Power Delivery, USB-PD). La marque revendique une autonomie de quelque 2580 images avec deux batteries BLH-1.
Le FL-LM3, tropicalisé, et qui pilote des flashs sans fil, livré avec l’E-M1 Mark II, ne figure hélas pas dans la boîte de l’E-M1X. En revanche, il y a du nouveau côté logiciel avec l’avènement d’Olympus Workspace. Il offrirait un traitement beaucoup plus rapide par rapport à ses aînés… Une extension de garantie gratuite de six mois peut-être obtenue en s’enregistrant sur la plateforme dédiée ; et l’appareil est bien sûr éligible au service Olympus Pro.
L’E-M1X sortira fin février au prix de 2 999 €. Dans le même temps, Olympus annonce le développement du zoom avec convertisseur intégré M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC1.25x IS PRO. Il offrira la possibilité d’aller à 1000 mm en équivalent 24 x 36. Commercialisation prévue pour 2020. Le téléconvertisseur M.Zuiko Digital 2x MC-20 est lui aussi dans les tuyaux, et pourra être associé au zoom en en développement, ainsi qu’aux M.Zuiko 300 mm f/4 IS Pro et 40-150 mm f/2,8 Pro. Il devrait être disponible dans le courant de l’été 2019. En outre, une feuille de route a été publiée, indiquant l’arrivée de plusieurs modèles M.Zuiko Pro…
C’est un choix fort. Et unique, sur le marché des appareils à optique interchangeable. Olympus jure fidélité au Micro 4/3, alors que Panasonic, également fabricant d’appareils et optiques compatible avec ce système, se lance sur le 24 x 36, pour jouer sur deux tableaux. À l’instar de Canon (APS-C et 24 x 36), Fujifilm (APS-C et moyen-format), Leica (APS-C, 24 x 36 et moyen-format), Nikon (APS-C et 24 x 36), Pentax (APS-C et 24 x 36), Sigma (APS-C et 24 x 36 à venir) et Sony (APS-C et 24 x 36).
Le pari est donc osé. Mais le fait de parier sur le Micro 4/3, système qui offre, à notre avis, le meilleur compromis en termes de ratio poids/encombrement, tous hybrides confondus n’a rien d’irréaliste. En revanche, proposer un modèle si encombrant (le plus gros boîtier du marché hybride), doté d’un « petit » capteur, à ce niveau de prix, pose question. Si l’ADN de baroudeur et la pléthore de fonctions perpétuent la réputation de la marque, et si certaines améliorations sont les bienvenues (joystick, filtres ND intégrés) on se demande s’il n’aurait pas fallu faire évoluer l’a série E-M1 sur d’autres points. Notamment le viseur. Certes, le grossissement progresse. Mais la définition, de 2,36 Mpts, est clairement insuffisante en 2019.
Reste une gamme optique M.Zuiko très séduisante, et un redoutable système de stabilisation, qui, combiné avec la technologie IS des optiques, évite de s’aventurer dans des sensibilités trop élevées. Alors que la marque fêtera ses cent ans d’existence en octobre prochain, nous attendons toujours d’éventuels successeurs des très appréciés E-M5 Mark II et Pen-F… voire de l’E-M1 Mark II, cet E-M1X ayant surtout vocation à séduire des pros, en vue des JO d’été de 2020, qui se dérouleront à Tokyo, et de servir de porte-étendard à la marque autour des terrains sportifs. Nous devrions rapidement mettre la main sur un modèle finalisé pour réaliser nos tests.