Sigma annonce son arrivée sur le marché du cinéma avec une nouvelle gamme d’objectifs dédiée baptisée sobrement Ciné.
Ce n’est pas un objectif, mais toute une gamme d’optiques profilées pour la vidéo haute définition qui est de plus en plus la base de nos films au cinéma que Sigma va lancer, d’abord au Japon et aux USA… à l’instar des (pauvres) marchés européens qui devront patienter pour profiter du déploiement de cette nouvelle gamme. Ce sont logiquement les montures leader en format 4K qui seront présentées les premières, soit la baïonnette Canon EF et la Sony E, mais certains objectifs seront aussi présentés en monture cinéma PL, qui équipe par exemple les très réputées Arriflex numériques…mais aussi argentiques !
Tous les objectifs sont compatibles avec la norme Super35 (24,6 × 13,8 mm, cercle d’image de 28,4 mm) qui est très proche du format de photo courant APS-C (23,7 × 15,7 mm) et il est à noter que certains hybrides 24 × 36 des plus réputés comme les Sony A7 R II laissent le choix pour le 4K entre le format natif en photo et le Super35…en conseillant le second dans la notice de l’appareil. De même le Leica SL et le Nikon D5 filment en Super35 quand on choisit le format 4K, le récent Canon EOS 5D Mark IV tout comme le D500 recadrent plus serré. De ce fait, les premiers modèles présentés en 2016 par Sigma au lancement de la gamme, le 18-35 mm T2 et le 50-100 mm T2 seront particulièrement adaptés au parc actuel des caméras et appareils dédiés 4K par Canon et Sony, mais Sigma annonce que leur pouvoir séparateur est d’ores et déjà suffisant pour le tournage en 6K (18 Mpxl) et en 8K (33 Mpxl)...formats émergents dans le cinéma professionnel.
Nous ne disposons pas encore du tarif de ces nouveautés, mais en ce qui concerne les formules optiques elles sont reprises des excellents objectifs de la série ART sauf pour le 85 mm qui est d’un nouveau dessin et qui n’est pas encore commercialisé en spécification photo. Leur ouverture affichée est un peu plus faible (par exemple T2 contre f/1,8 ou bien T1,5 contre f/1,4) du fait qu’en photographie on travaille en ouverture géométrique, et que le système de mesure de l’appareil compense le cas échéant, et qu’en cinéma on utilise les ouvertures photométriques - mesure de la lumière qui arrive sur le support sensible – en travaillant à ouverture réelle.
La construction typique cinéma, avec mise au point manuelle et bagues sans crantage dotés d’engrenage pour commande à distance par un assistant, fait que le poids est nettement plus élevé que pour des constructions destinées à être utilisées à main levée et dotées d’autofocus et de stabilisateur : en cinéma pro on travaille sur pied lourd, ou à main levée avec des steadycams, systèmes d’équilibrage à contrepoids et/ou gyroscope. Au final le 18-35 mm est annoncé à 1 500 g alors que la version photo pèse 810 g, et le 50-100 mm à 1 945g contre 1 490 g pour la photo.
Sur un objectif cinéma les ouvertures, focales et distances doivent être gravées avec la plus grande précision sur les bagues le plus grand défi étant que les zooms doivent être équidistants, c’est-à-dire qu’une fois choisie par exemple une distance de 5 mètres, la mise au point ne doit pas varier quand on change de focale par un travelling optique, alors qu’en photo on refait le point quand on modifie la focale.
Après le lancement de la gamme Super35 suivra la commercialisation du zoom « plein format » 24-35 mm T2,2 correspondant environ à un 35-50 mm en Super35, mais délivrant tout son potentiel si on l’utilise sur un 24 × 36 sans recadrage vidéo, espèce commune en full-HD mais encore fort rare en 4K. Et la ligne « High Speed Prime » de Sigma, qui sera constituée en 2017 de 5 focales fixes T1,5 (20, 24, 35, 50 et 85 mm) complètera la gamme, le facteur de conversion approximatif donnant en Super35 une gamme de type 30-35-50-75 et 120 mm… le poids des objectifs s’échelonnant entre 1 100 et 1 500 g.
Le développement de capteurs cinéma 4K et plus au format 24 × 36 reste encore marginal aujourd’hui, d’où des stratégies différentes des constructeurs, par exemple la gamme cinéma Leica est entièrement en format Super35, tandis que Zeiss a développé une gamme Super35 et une gamme 24 × 36. On dira qu’en tout état de cause qui peut le plus peut le moins mais que pour le Super35 il sera utile de développer un très grand angle spécifique même moins lumineux que les zooms T2.
Les tarifs et échéances de commercialisation en Europe ne sont pas encore connus à ce jour.
Liens :
La gamme présentée sur le site officiel de Sigma France
