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Visa pour l’image : le programme de l’édition 2014

Materiel
16/05/2014 | Pascale Brites

Du 30 août au 14 septembre 2014 se déroulera, à Perpignan, le Festival International de photojournalisme Visa pour l’image. Comme chaque année, la conférence de presse qui s’est tenue hier à Paris a dévoilé une première partie de sa programmation.

C’est par un moment de silence en hommage à Camille Lepage, que s’est ouverte la conférence de presse de Visa pour l’image. Un communiqué officiel, diffusé le mardi 13 mai, a en effet annoncé le décès de la jeune photojournaliste de 26 ans, membre du Studio Hans Lucas, retrouvée morte en Centrafrique, à la frontière camerounaise. Camille Lepage est, selon Reporters sans frontières, la 18e journaliste morte cette année dans l’exercice de ses fonctions. L’émotion est vive dans la salle pendant que défile sur l’écran géant un extrait de ses derniers reportages. Si bon nombre d’organisateurs du festival connaissaient bien la jeune femme, présente à Perpignan l’année dernière et dont les images sur la Centrafrique venaient d’être sélectionnées en début de semaine par Jean-François Leroy, directeur de Visa, l’annonce de sa mort résonne d’une tonalité particulière, auprès de ces fervents défenseurs d’une profession trop peu considérée, qui demande talent et courage.

Après que la salle a applaudi chaleureusement le courage et le talent de la photographe, Jean-Paul Griolet, président de l’association Visa pour l’image, prend la parole pour dresser un bilan de l’édition 2013 du festival. Du 31 août au 15 septembre, Visa pour l’image a enregistré 230 000 entrées, auxquelles s’ajoutent 3 000 professionnels accrédités lors de la semaine d’ouverture, un record. La troisième semaine, traditionnellement consacrée à l’accueil des scolaires, fut elle aussi un succès avec 7 500 élèves de France et d’Espagne. C’est donc sur un bilan très positif et avec une fierté non dissimulée de conserver la totale gratuité d’accès aux expositions que les organisateurs ont travaillé à l’organisation de l’édition 2014, qui sera la 26e dans l’histoire du festival.

Programmation 2014

Au total, ce seront vingt-huit expositions qui seront présentées au public du 30 août au 14 septembre 2014, avant d’être réservées aux écoles la semaine suivante. La programmation dévoilée hier par Jean-François Leroy n’est pas exhaustive, mais donne déjà un bon aperçu des photographes et des thématiques qui seront abordées à Perpignan.

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Rebelle libyen exhortant les habitants à fuir alors que des obus tirés par les forces kadhafistes atterrissent sur la ligne de front à Ben Jawad, à 150 km à l’est de Syrte. Centre de la Libye, 29 mars 2011. © Anja Niedringhaus / Associated Press

Il est rare que Visa consacre une partie de sa programmation à rendre hommage à des photographes disparus. Cependant, Jean-François Leroy a décidé cette année de consacrer deux expositions aux photographes Chris Hondros et Anja Niedringhaus, respectivement tués le 20 avril 2011 en Libye et le 4 avril 2014 en Afghanistan. Cette décision est motivée par le fait que ces photographes faisaient partie de ceux « qui étaient régulièrement présentés à Perpignan, mais n’avaient jamais bénéficié d’exposition tant on se disait qu’ils feraient mieux encore la prochaine fois ».

Fruit d’une collaboration active avec le photographe Patrick Chauvel, Visa pour l’image 2014 s’intéressera également à une approche méconnue de la guerre du Vietnam : celle des photographes « du Nord », dont 239 ont péri durant le conflit. Si le point de vue qui était répandu du côté américain était celui d’une guerre horrible qu’il fallait faire cesser au plus vite, celui des Nord-Vietnamiens était plus combattif avec l’idée que la guerre était nécessaire et qu’ils allaient la gagner. C’est cette idée qui se dégage des images sélectionnées par Patrick Chauvel et Jean-François Leroy et qui permettra aux photographes Doan Công Tinh, Chu Chi Thành, Maï Nam et Hua Kim d’être présentés lors de cette 26e édition de Visa. L’exposition sera soutenue par la publication d’un ouvrage, Ceux du Nord, aux éditions des Arènes.

Alors que Jean-François Leroy n’a pas toujours été tendre avec les photographes amateurs, c’est bien à eux que le sujet proposé par le photographe Samuel Bollendorf est consacré. Cette exposition porte le titre provisoire d’Amateurs on the spot, mais devrait plus vraisemblablement porter un nom du type « Trente photos d’amateurs qui ont fait la une et n’ont pas changé la face du photojournalisme ». Car si Jean-François Leroy a souvent dénoncé la piètre qualité des photos postées sur les réseaux sociaux à l’aide des différentes applications pour smartphones, soutenant le fait que la photographie est avant tout un regard et un point de vue, il ne refuse pas l’échange et conclut sur le fait que « c’est bien que le débat sur la photo amateur se passe chez nous ».

Prix Canon de la Femme Photojournaliste 2013, Mary F. Calvert de Zuma Press, abordera le thème des agressions sexuelles dans l’armée américaine, dont le nombre est estimé à 26 000 juste pour l’année passée. Pascal Briard, directeur de la communication de Canon France, profite de cette annonce pour signaler que ce prix, jusqu’alors soutenu par l’AFJ et Le Figaro, sera désormais réalisé en partenariat avec le magazine Elle.

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Depuis les émeutes de juin 2012, plus de 140 000 personnes appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas sont confinées dans des camps de déplacés dans l’État de l’Arakan. 
Sittwe, Birmanie (Myanmar), août 2013. © Bruno Amsellem / Signatures

Bruno Amsellem de l’agence Signatures présentera Rohingyas, une minorité sans voix, un reportage réalisé en 2013 dans les camps où ont été déplacées ces minorités musulmanes de Birmanie et où les travailleurs humanitaires ont peine à accéder.
Le photographe William Daniels a quant à lui suivi la ligne de chemin de fer Baïkal-Amour Magistrale à bord du train médical. Ce train des oubliés est aujourd’hui un des seuls liens entre les villages perdus de l’Extrême-Orient russe et le reste du pays.
Olivier Laban-Mattei viendra briser les idées reçues avec Mongolie, l’Eldorado n’existe pas, tandis que Sean Sutton reviendra sur le drame du typhon Haiyan qui a frappé les Philippines le 8 novembre 2013 dans L’œil du cyclone.

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Paysage d’hiver à Bayan Khoshuu, un quartier déshérité (aussi appelé quartier de yourtes) situé à l’ouest d’Oulan-Bator. Les températures insupportables de l’hiver (- 40, - 50 ºC) obligent des centaines de milliers d’habitants à consommer une quantité énorme de charbon de chauffage, plongeant ainsi la capitale dans un épais manteau de fumée néfaste pour la santé. La pollution de l’air engendre de graves maladies telles que des cancers, des malformations chez les nouveau-nés, des problèmes cardiovasculaires et respiratoires ainsi que des maladies neurologiques sérieuses. Oulan-Bator est l’une des villes les plus polluées au monde en hiver. © Olivier Laban-Mattei / The Mongolian Project / MYOP

L’Ukraine sera bien entendue traitée lors de cette 26e édition de Visa. Mais en raison d’une actualité toujours changeante, Jean-François Leroy indique que la programmation sera déterminée un peu plus tard dans l’année, précisant tout de même que le photographe Guillaume Herbaut ferait assurément partie de cette sélection tant son travail est « un des plus complets » sur le sujet.

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Deux cosaques sur une barricade défendue par des militants pro-européens à côté de la place de l’Indépendance. Kiev, Ukraine, 9 décembre 2013. © Guillaume Herbaut / Institute

L’Afrique sera représentée par Yunghi Kim, à travers son reportage Le long cheminement de l’Afrique : de la famine à la réconciliation, 1992-1996, par Anne Rearick avec Afrique du Sud – Chroniques d’un township et par les sujets en Centrafrique de Pierre Terdjman et Michaël Zumstein.

Reporter chez Getty Images, l’Espagnol Sebastián Liste proposera par ailleurs un sujet tout à fait étonnant réalisé au Venezuela sur la prison Vista Hermosa où les détenus font la loi, sous les yeux de la Garde nationale, de l’autre côté de l’enceinte.

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Prison Vista Hermosa, Ciudad Bolivar, Venezuela, mars 2013. Soirée de fête dans la prison avec les familles des détenus. Depuis que le gang de Wilmito a pris, de force, le contrôle de la prison, les détenus ont droit à deux visites de leurs proches par semaine. En septembre 2008, un plan pour humaniser la prison a accordé aux détenus le droit d’accueillir leurs proches pour une nuitée. © Sebastián Liste / Reportage by Getty Images pour Time Magazine et Fotopres Grant

S’ajoutent à cette riche programmation Le mur de la peur de Gaël Turine, sur l’enceinte de séparation construite par l’inde à sa frontière bangladaise et un sujet animalier, « pour les scolaires » comme l’explique Jean-François Leroy sur le pygargue à tête blanche du photographe allemand Klaus Nigge.

Enfin, comme chaque année, Visa pour l’Image présentera les photos du lauréat du Prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik, qui sera décerné dans les jours à venir, le Visa d’Or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge dont l’appel à candidature a été lancé la semaine dernière, ainsi que le World Press Photo.

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Les Soirées de Projection au Campo Santo - en arrière plan, la Cathédrale Saint-Jacques. © Mazen Saggar

Chaque soir de la semaine d’ouverture se tiendront les traditionnelles soirées de projections et les remises de prix, dont le montant total s’élève à 117 000 €.
Comme à chaque édition, l’ensemble des expositions est accessible gratuitement au public qui se rendra à Perpignan.

- Le programme complet sur le site de Visa pour l’image.

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