Cinquième itération du compact expert APS-C à focale fixe. Au programme, pas de stabilisation, mais une formule optique revue, une construction plus robuste, des performances logiquement en hausse et une visée améliorée. Bonne nouvelle pour les possesseurs de précédentes générations, ce modèle reste compatible avec la majorité des accessoires existants, dont les convertisseurs optiques.
En septembre, la série X100 fêtera ses dix ans d’existence. En attendant, le X100V voit le jour, trois ans après le X100F. Alors que les passages de témoin entre les X100S, X100T, puis X100F n’amenaient pas de franches nouveautés, ce X100V apporte quelques évolutions appréciables. Tout en conservant une recette éprouvée sur les quatre précédents modèles.
Depuis le premier modèle, Fujifilm mise sur une focale fixe non stabilisée de 23 mm f/2, équivalente dans son cadrage à un 35 mm en 24 x 36. Rebelote sur le X100V, avec un gabarit pancake et une bague de diaphragme, comme sur les précédents X100. Cependant, on note la mention « II », sur l’objectif Fujinon. La formule optique a en effet été revue. Si elle repose toujours sur huit éléments répartis en six groupes, on compte désormais deux lentilles asphériques, contre une seule sur les 23 mm f/2 existants.
Le diaphragme comporte neuf lamelles (c’était déjà le cas sur les précédents modèles) et la distance minimale de mise au point demeure inchangée, à 10 cm. Le filtre ND intégré offre désormais un gain de 4 IL (contre 3 IL précédemment).
Le filetage est identique (49 mm), si bien que les accessoires existants, comme les convertisseurs grand-angle et télé (pour obtenir des équivalents 28 et 50 mm), sont toujours compatibles. En outre, un multiplicateur de focale numérique, accessible dans un menu, procure l’angle de champ d’un 50 ou d’un 70 mm, moyennant un recadrage. C’est déjà le cas sur le X100F.
Le X100V est le premier membre de la saga à bénéficier de joints d’étanchéité pour braver des intempéries. Une bonne nouvelle qui doit toutefois être pondérée. Pour que la protection soit totale, il faudra en effet, d’après les informations fournies par Fujifilm, acquérir la bague d’adaptation AR-X100 (celle qui sert aussi pour le pare-soleil optionnel) et le filtre PRF-49 (79 €), tous deux optionnels. Ils existent déjà et sont compatibles avec les précédents X100.
Sans atteindre le niveau de construction du X-Pro3 (titane et alliage de magnésium), le X100V, entièrement conçu en métal (capot et base en aluminium) et donc paré de joints d’étanchéités, devrait cependant inspirer plus confiance que ses prédécesseurs. Pas de prise de poids déraisonnable : avec des dimensions de 128 x 74,8 x 53,3 mm et un poids de 478 g (avec accu NP-W126S et SD), il reste très proche du X100F : 126,5 x 74,8 x 52,4 mm/469 g. Pour autant, il n’est pas certain que les étuis en cuir prévus pour les précédents modèles puissent être utilisés sur le X100V. Nous le vérifierons lors du test.
Autre élément appréciable, la possibilité d’articuler l’écran arrière. Comme sur le X-T3, sur un plan horizontal, mais aussi en tenue verticale, l’écran pouvant aussi être déporté pour faciliter la prise de vue en mode portrait. La dalle de 3 pouces et 1,62 Mpts reste visible en permanence, contrairement à ce que propose le X-Pro3.
Sans surprise, le X100V reprend des caractéristiques de son alter ego dans la gamme hybride X-Pro. Cette famille de produits repose elle aussi sur un concept de visée unique sur le marché, offrant au choix une visée optique ou électronique. Ainsi, le X100V hérite du même EVF, soit un Oled 3,69 Mpts couvrant 100% du champ, avec un grossissement 0,66x et un dégagement oculaire de 16,8 mm.
Rappelons que le X100F abrite lui un Oled de 2,36 Mpts (0,64x, 15 mm). Du côté de la visée optique (OVF), la couverture passe de 92 à 95 % et le grossissement de 0,5x à 0,52x. La correction de parallaxe devrait aussi être améliorée. Et il sera toujours possible d’actionner un mini afficheur LCD en bas à droite du viseur optique, en guise d’assistance à la mise au point, en poussant le levier frontal vers la gauche.
Le capteur Cmos X-Trans IV et le processeur X-Processor 4 sont connus. Ce sont ceux à l’œuvre sur les X-T30/X-T3 et X-Pro3. Il faut donc s’attendre à des performances du même acabit en termes de qualité d’image. La plage de sensibilités s’étend par défaut de 160 à 12 800 Iso, avec la possibilité de l’allonger entre 80 et 51 200 Iso. Les Raw sont enregistrés sur 14 bits (avec ou sans compression) et on peut générer des Tiff sur 8 ou 16 bits. Différents modes de simulation de films sont proposés, dont Classig Neg et Eterna (pour la vidéo), en plus des traditionnels Astia, Provia, Velvia, Classic Chrome ou Acros. Dix-sept modes au total. On retrouvera aussi l’effet d’ajout de grain, avec en plus, par rapport au X100F, la possibilité de jouer sur la taille.
Parmi les formats d’image disponibles, outre le natif 3/2 (6240 × 4160 pixels) ; on trouve les suivants : 16/9 (6240 × 3512 pixels) ; 1/1 (4160 x 4160 pixels) ; Panorama (9600 x 1440 pixels). Différents modes de prise de vue figurent dans les menus : HDR, retardateur, prise de vue par intervalle… et le mode d’exposition multiple peut désormais fonctionner à partir de neuf vues.
Pas de changement significatif au niveau de l’obturateur. En mode mécanique, il plafonne toujours à 1/4000s, tandis qu’il atteint 1/32000 en mode électronique. Les amateurs de poses longues noteront un temps d’exposition possible jusqu’à 15 min, en modes S et M (30 sec en mode A), quel que soit le type d’obturateur (même lorsque le menu est paramétré en obturation mécanique + électronique). L’autofocus, reposant sur un système hybride à détection de phase et de contraste à 425 points, est identique à ceux des X-T30/X-T3 et X-Pro3. La sensibilité du collimateur central n’est pas de -6 IL comme sur le X-Pro3, mais de -5 IL. Le mode Rafale s’inscrit dans la lignée des boîtiers mentionnés, avec des cadences similaires. Soit 11 im/s avec obturateur mécanique. Et 20, voire 30 im/s avec un recadrage 1,25x, avec l’obturateur électronique. En revanche, la capacité de la mémoire tampon est en deçà des modèles hybrides. L’unique compartiment pour carte SD est limité à la norme UHS-I.
Parent pauvre sur les précédents X100, le mode vidéo prend du galon sur le X100V. Il sera désormais possible d’accéder à l’ultra haute définition (4K UHD, 3840 x 2160 pixels), mais à 25 im/s (50 im/s sur les X-T3/X-Pro3), avec un débit de 200 Mbps. Un mode 4K DCI (4096 x 2160 pixels) à 25 im/s est également disponible. Surtout, l’enregistrement ne peut excéder 10 min.
En interne, les fichiers sont enregistrés en 4:2:0 sur 8 bits. Avec un enregistreur externe raccordé en HDMI, un tournage en 4:2:2 sur 10 bits est envisageable. Nous n’avons pour l’instant pas confirmation de l’intégration du profil F-Log dans le X100V. En 1080p, on pourra tourner à 100 im/s, pour générer des ralentis. Côté audio, la prise externe mesure 2,5 mm. Pas de prise casque. Au niveau de l’ergonomie, l’écran LCD orientable sera un précieux allié pendant le tournage, mais l’absence de stabilisation obligera à recourir à des accessoires (trépied, poignée stabilisée) pour obtenir des plans stables.
L’alimentation du boîtier est toujours assurée par l’accu NP-126S. Fujifilm annonce une autonomie d’environ trois cent cinquante images avec EVF. Et quatre cent soixante, quand on emploie uniquement l’OVF.
Sur le côté du boîtier, on note que le port USB passe à la norme 3.1 Gen1 (Type C), avec peut-être la possibilité de la solliciter en tant que sortie casque (c’est le cas sur le X-Pro3) ? Le port HDMI est lui inchangé (Type D), tout comme la sortie micro (2,5 mm).
En plus du WiFi, le Bluetooth fait logiquement son apparition, pour fonctionner avec l’application Camera Remote, afin de piloter l’appareil à distance ou d’importer des fichiers sur son périphérique connecté (sous iOS ou Android).
Le X100V devrait être disponible fin février, en noir ou argent, et le prix devrait être environ de 1500 €.
Il nous tarde de mettre la main sur un exemplaire de test. La montée en hauts Iso ou les performances de l’AF devraient s’inscrire dans la lignée des X-T3/X-T30 et X-Pro3. Ce qui est une excellente chose, car nous avons apprécié le rendement de ces trois boîtiers sur le terrain lors de nos tests. Par ailleurs, l’augmentation de la définition du viseur, bien que logique, est la bienvenue. Là aussi, nous serons en terrain connu, puisque c’est le même viseur hybride qui est logé dans le X-Pro3. Nous attendons le X100V au tournant sur d’autres points, qui ont fait l’objet de commentaires réguliers, au fil des modèles.
Les performances de l’objectif Fujinon 23 mm f/2 II seront ainsi particulièrement scrutées, tant elle a souffert de la comparaison avec le XF 23 mm f/2 WR (le piqué à pleine ouverture, jusqu’à f/4, laisse à désirer sur les précédents X100) conçu pour les hybrides. La mise à jour de la formule optique laisse ainsi espérer des performances à la hausse. L’arrivée de joints d’étanchéité est une excellente chose, nous avons suffisamment pointé leur absence sur les précédentes générations… reste qu’il faudra acquérir le filtre optionnel, pour que l’ensemble soit vraiment protégé contre les intempéries. Au niveau de l’ergonomie, nous nous réjouissons du fait que le LCD soit inclinable… et visible en permanence, le concept de l’écran caché ne nous ayant pas convaincus sur le X-Pro3. Mais nous vérifierons si les molettes sont un peu mieux crantées (notamment celle dédiée à la correction d’exposition). Tandis que la disparition du trèfle ne nous a pas perturbés sur le X-Pro3.
Le fait que les accessoires existants soient compatibles devrait séduire les actuels possesseurs de X100 désireux d’évoluer vers le X100V. Sur le papier, le modèle est prometteur et apporte des évolutions réclamées depuis plusieurs générations (écran inclinable, protection contre les intempéries). Reste toutefois un grand absent : la stabilisation. Alors que les rumeurs vont bon train sur un successeur du X-T4, pourvu d’un système IBIS, il est probable que Fujifilm ait préféré conserver des dimensions et un poids proches des précédents X100, quitte à faire l’impasse sur cette technologie, pour l’instant seulement embarquée dans les GFX100 et X-H1.