© Wilfrid Hoffacker / Journal Photographique
Nous quittons cet endroit à la mode où Hemingway aimait observer la vie de la Havane en s’assommant au Daïquiri. Le GX-10 en mains, nous déambulons dans la « calle Obispo ». Thierry, notre fixeur, n’arrête pas de nous répéter qu’à La Havane le temps ne compte plus ; de fait « soit on aime, soit on déteste ». La découverte de la vieille ville nous laisse désabusés. On y observe un état de délabrement général ; pourtant on reste totalement émerveillé devant la richesse architecturale et la population métissée à l’extrême. Thierry nous livre cette nuance « Cuba est un pays pauvre, mais pas misérable. Les gens ici sont en bonne santé, sont habillés proprement, reçoivent un bon niveau d’éducation et vous ne remarquerez aucune mendicité notoire ». C’est vrai. Il faut savoir que Cuba vit sous le joug d’un embargo économique aussi cruel que difficile, et ce depuis près de 50 ans. Aucun produit ne peut être cédé au gouvernement cubain s’il contient plus de 10% de matières premières américaines ; autant dire qu’à l’heure de la mondialisation … Le résultat est désastreux pour le peuple cubain. Les devises manquent et Cuba peine à maintenir ses efforts de rénovation de la capitale, pourtant inscrite au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Il est vrai que la Havane regorge de trésors architecturaux, et pour le voyageur qui tente de comprendre la situation de l’île et son histoire on reste ébahi de l’énergie que dégage cette ville pour survivre à un tel avilissement. On imagine aisément ces grandes artères bordées de magnifiques demeures, d’arbres centenaires et recouvrant en frondaison les rues de chaque quartier. Le résultat est extraordinairement photogénique, et le passage répété de vielles voitures américaines renforce un peu plus le sentiment hors du temps qui pénètre chaque observateur.
©Bruno Calendini / www.studionature.com