L’annonce fait grand bruit, à l’automne dernier. La députée UMP Valérie Boyer, connue pour ses engagements contre l’anorexie et l’obésité, dépose un projet de loi pour imposer la mention « Photographie retouchée afin de modifier l’apparence corporelle d’une personne » sur les images modifiées. Par ce biais, elle vise principalement la presse féminine et les affiches publicitaires. Mais pas seulement, puisque la photographie d’art est également citée. L’article sera soumis à la ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, dans le cadre de la révision de la loi sur la santé publique, au second semestre 2010. Ce projet suscite de nombreuses réactions au sein des photographes et des métiers de l’image. À tel point qu’il dépasse le cadre de la santé. En l’état, un tel projet de loi s’avère impossible à mettre en œuvre, tant sur le plan philosophique que juridique (lire chapitre 6). Mais il a le mérite de ramener des questions essentielles sur le devant de la scène. À partir de quel moment considère-t-on qu’une photo est retouchée ? La presse féminine est-elle un cas isolé ? La manipulation n’existe-t-elle pas à travers d’autres procédés que la retouche ? Les réponses sont pour le moins ouvertes.